….
- Pour d'autres bateaux ( spontanément je pense au MOPPELIA ), la quille remontait verticalement dans un puits
D'abord cela crée des contraintes d' aménagement, car ce puits prend de la place au milieu du carré ...
Là, en cas de contact entre la quille descendue et un obstacle , structurellement… les dégats risquent d' etre plus importants
Avec un petit schéma, ce sera sans doute plus clair…

Dans cette version du MOPPELIA, lorsque la quille était remontée au maxi, il ne restait plus en saillie sous la coque que le "SAUMON" ( la partie basse renflée du lest )
Il y a eu une autre version de quille mobile qui cette fois remontait en arrondi dans les aménagements …

j'imagine que l' objectif était de rendre cette quille "rentrante" plus discrète au niveau des aménagements…
Plutôt que de séparer visuellement le carré, la quille remontée se trouvait dans un logement qui se trouvait + ou - encastrée SOUS les couchettes AVant …
Le surprise à quille pivotante, comme un certain nombre de bateaux se rapproche de ce principe ( ici un First 24 )

Il y a beaucoup à dire sur les "appendices" sous la coque d'un voilier …
On ne traitera - pour l' instant

- ni du ( ou des ) safran(s) ( gouvernail ) pas plus que des foils ...

Au sens "large" du terme", une quille a principalement 2 fonctions.
1)
Améliorer la stabilité du bateau ; par rapport à un bateau à moteur, un voilier, sans son lest peut se retrouver à avoir :
1 ) - a - un centre de gravité plus haut ( du fait de la mature avec son gréement, des éventuels enrouleurs de voile )
1 ) - b - un couple de chavirage important du fait de la
pression du vent dans les voiles ** avec un effet bras de levier, car la même pression n'aura pas les memes effets sur la gite du bateau si la pression s'exerce au niveau bas de la voile , à son niveau médiant ou à la tete de mât ...
** en fait un voilier n'avance pas du fait de l'appui du vent dans les voiles, mais plutôt de la dépression créée derrière la voile, tout comme un avion ne se maintient pas en l'air grace à l'appui de ses ailes sur l'air, mais est "aspiré" vers le haut par le "vide d'air" qui est au-dessus de l' aile Si vous voulez, on en reparlera aussi de ce sujet passionnant
2) permettre au bateau de "remonter" au vent ( en "tirant des bords" , en zigzagant un coup à babord, un coup à tribord si vous préférez

). En effet, un voilier ne peut pas avancer face au vent.
imaginez que le bateau navigue "VENT de TRAVERS", si sa coque est relativement plate sous l'eau, le bateau va "déraper" en travers au lieu d'avancer

...
Heureusement, si l'on dispose d'un plan vertical sous l' eau, ce dérapage va - en partie - etre + ou - contre carré selon l' importance
- de la surface de ce plan appelé "anti dérive"
- la vitesse du bateau.
La quille peut aussi servir à soutenir le bateau lorsque celui-ci est à sec, mais là encore c'est un autre sujet ...
On a vu que la quille assurait une certaine stabilité pour réduire / limiter / contrecarrer la gite du bateau.
A force de vent égale, un bateau "peu gitard" sera considéré comme "raide à la toile" ( certains disent "raide à la Voile" )
Plus le bateau va etre raide à la toile et
- plus il pourra porter une voilure de surface importante pour une force de vent donnée
ou
- pour une surface de voile donnée, il pourra supporter plus de vent.
Ce qui est censé etre bon pour les performances du bateau !
Bref, pour augmenter cette raideur à la toile,
a) certains bateaux avaient un rapport de lest de près de 50 % , autrement dit 50 % du poids total était contenu dans le lest de la quille…
Certains appelaient ce type de bateau les " couloirs lestés "...
b) il pouvait etre tentant d'allonger la quille vers le bas pour augmenter le bras de levier … mais arrivé à une certaine longueur, cela induisait de gros efforts structurels

c) sur son Pen Duick III Eric Tabarly a conçu sa quille avec un "voile" peu épais ( en tous cas moins que les quilles classiques d' alors ) mais dont l'extrémité portait un lest en forme de torpille. On voit ci-dessous ce lest "torpille" entouré en rouge sur cette photo

Au final, pour lutter contre l' effet ( globalement ) néfaste de la gite, on ne travaillait que sur le "contre poids" physique ...
Pourtant, a partir de 1860, aux USA une autre démarche était intéressante...
Au lieu de travailler sur les poids, on allait travailler sur les
formes....
C'est ainsi que sont apparus les sandbagger aux USA.
Plutôt que de réinventer la poudre

je vous cite un extrait de WIKIPEDIA
À la base, le sandbagger était un voilier de travail spécialisé dans le dragage (huîtres, coquilles Saint-Jacques, etc.) sur les fonds de Staten Island, dans les eaux peu profondes de la baie de New York.
Construit simple et solide, le sandbagger pouvait porter une cargaison importante d'huîtres ou d'autres produits.
( EDIT SKI WAKE : pour assurer sa stabilité, au début de sa nav, le bateau étant lège, il emportait des sacs de sable. AU fur et à mesure que le bateau pechait , il se délestait progressivement de ses sacs de sable en les jetant par dessus bord… d'où le nom de SAND BAGGER "sac de Sable " ...ET selon un principe immuable et propre à la peche ou au transport maritime, , le bateau qui revenait chargé le premier au port , pouvait vendre à meilleur prix sa cargaison ...)
Invariablement, lorsque les bateaux sortaient, ils régataient, de manière informelle, sans aucune règle, juste pour voir celui qui serait le plus rapide.
Et les équipages apprirent vite à déplacer la cargaison au vent pour améliorer les performances.
( EDIT SKI WAKE : cette technique a été utilisée "massivement" en 1986 par Lionel PEAN vainqueur de la course autour du monde en équipage. Elle a alors été baptisée "matossage" ...)
Afin de suppléer à l'absence de quille et ne pouvant pas emmener un équipage nombreux (une dizaine d'hommes était un maximum, compte tenu de la taille des coques), les plaisanciers emmenaient des sacs de sable de 25 kg (sand-bags en anglais, d'où leur nom) en guise de lest mobile qu'ils changeaient de côté à chaque virement de bord.
Le sandbagger devint ainsi un sloop de régate très populaire à la fin du XIXe siècle.
Les courses organisées en baie de New York voyaient se mesurer les meilleurs régatiers de l'époque, et les paris allaient bon train.
Tous les coups étaient permis dans ces courses en ligne, et il était courant d'embarquer du lest humain qui se jetait à l'eau au moment opportun, permettant ainsi de remporter la victoire
( EDIT SKI WAKE : en fin de régate, s'ils n'étaient plus nécessaires à la stabilité du bateau, il n' était pas rare que les sacs de sable soient jetés à l'eau
histoire d'alléger encore le bateau pour gagner en vitesse !)
Dériveurs extrêmement voilés, de formes de carène très plates, et au gréement hypertrophié, ils pouvaient atteindre des vitesses très élevées.
Ils furent progressivement sur-voilés par des bouts-dehors immenses.
Leurs dimensions étaient extrêmes, la largeur étant augmentée au maximum, en opposition aux formes classiques des voiliers à quille traditionnels que l'on nommait alors des « couloirs lestés ». Donc, ce "préambule" étant clos, vous savez maintenant que pour qu'un voilier soit raide à la toile ( "résiste à la gite" ) on peut jouer sur
le poids de la quille
la profondeur de la quille
la stabilité de forme (
pour faire simple, mais là aussi ça va etre compliqué et long si on part dans les détails 
.. ) ;
plus le bateau sera large et plus il sera stable.
Evidemment vous aurez intuitivement compris que
plus le bateau sera léger et plus il sera censé aller vite (
là encore, c'est un peu caricatural, il y a d'autres facteurs pour la vitesse, … mais si vous m' interrompez tout le temps, on va pas y arriver

)
On va eviter de parler de l' inertie d'un bateau lourd dont la vitesse sera plus constante que celle d'un bateau léger, prompt à l' accélération

et ... à la décélération

La voile étant l' art du compromis, il faut donc pour qu'un bateau soit rapide
-
un bon lest pour que le bateau ne gite pas trop 
(
mais si le lest est trop important il va pénaliser les performances du bateau 
.. )
-
une quille la plus basse possible 
(
mais avec l'augmentation de la trainée hydrodynamique qui s'ensuit ... 
)
-
une coque large qui entrainera une raideur à la toile 
(
mais avec une augmentation de la surface mouillée et donc plus de frottement et donc un frein hydrodynamique
Le dériveur, présente
- l'intéret d'un tirant d'eau variable ( quand on navigue vent Arrière, la dérive qui ne présente plus d'intéret de plan anti derive peut etre remontée, et cela réduit la trainée hydrodynamique , ) ; accessoirement, cela permet de naviguer dans des zones avec moins d'eau ...
- l'inconvénient - dans certains cas - d'une surface de plan anti dérive plus faible qu'avec la version quille fixe
- l' inconvénient majeur que la dérive + ou - lestée ( mais en tous cas bien moins qu'une quille fixe ) génère moins de couple de redressement qu'une quille classique
Autrement dit, pour se rapprocher d'une stabilité proche de celle du quillard,
à coque égale,
le dériveur devra avoir plus de lest ( que le quillard du fait qu'il sera placé moins "bas" que le quillard ) .
Ce lest - souvent sous forme de gueuses sera réparti dans le fond de sa coque.
Bref, il est classique qu'un voilier en version dériveur soit plus lourd que la version quillard
( ou alors, si le déplacement est identique, à forme de coque égale, le dériveur sera moins raide à la toile , puisque son centre de gravité sera moins bas ).
Et pour vous prouver la veracité de ce que je viens d' écrire, … voici la preuve du contraire


Il existe 2 types de dériveurs de croisière habitable
- l'intégral : dans lequel l'intégralité de sa dérive pivotante disparait dans le bas de la coque qui peut reposer directement sur son fond, comme par exemple ce ZOUFRI

- le modele plus classique qui dispose d'une "amorce de quille" dans laquelle pivote et se loge la dérive , voir par exemple ce GIB SEA 31

on aperçoit sur ce GIBSEA 28 la quille creuse dans laquelle peut rentrer la dérive pivotante

Posé sur ses béquilles ce GIBSEA 28 version dériveur est bien plus bas que s'il s' était agit de la version QUILLARD

On voit les 2 profils différents disponibles sur ce GIBSEA 105

en pointillé la version quille fixe
en traits pleins, la version dériveur lesté.
Bravo pour avoir terminé la lecture ! j'espère vous avoir aidé à ce que ses choses soient un peu plus claires