C'était il y a 3 jours, comme d'habitude nous faisions le plein du bateau après une sortie sous le soleil particulièrement doux de la côte cette mi-novembre.
Comme d'habitude je regarde la pompe aligner ses chiffres, et aujourd'hui mon esprit part ailleurs... loin d'ici, à plusieurs heures d'avion.
Au déclenchement du pistolet, je reviens sur terre (enfin sur l'eau) jetant un regard coupable mais vaincu d'avance vers le prix affiché.
C'est ce moment que choisit mon épouse pour revenir du bureau du port, la carte bleue à la main (ben oui, ici il faut payer au bureau, les pompes traitent des prix dignes du 22e siècle mais elles sont trop préhistoriques pour aligner les dixièmes de centimes et pour accepter les cartes bleues...)
Donc ma femme revient, et je sais déjà ce qu'elle va me dire :
Tu te rends compte de ce que ça représente ?...
Évidemment, je me rend compte. Ce n'est pas dit sous la forme d'un reproche, ou d'une réflexion sur notre jouet, non c'est pas ça du tout. Elle aussi apprécie d'être sur l'eau, c'est un plaisir partagé, avec des centres d'intérêts quelquefois différents.
Son "Tu te rends compte ?" n'est pas un reproche, mais bien pire c'est un constat. Une prise de conscience vaguement honteuse, quelque chose d'indéfinissable, et de terriblement présent, le parallèle entre notre chance d'ici et la situation là-bas qui nous vrille la cervelle depuis quelques jours.
Depuis que nous savons qu'un typhon va dévaster les Philippines.
Depuis qu'il est passé.
Depuis que nous sommes sans nouvelles.
Depuis que les images et les reportages terribles arrivent sur nos écrans.
Pour beaucoup c'est une catastrophe, une de plus, loin, si loin...
Pour nous c'est deux regards de mômes : Laarmi 15 ans, et Norilyn 12 ans, deux prénoms, deux enfants très proches, et que pourtant nous ne connaissons que par quelques photos et des présentations succinctes de l'association qui les aide depuis des années à construire une adolescence correcte et digne, après une enfance abimée par des adultes monstrueux.
Il n'est pas question d’exhiber le soutien que nous apportons à cette association humanitaire d'aide aux enfants. C'est un choix personnel depuis plusieurs années, et nous n'en avions jamais parlé jusqu'à présent.
La plupart de nos proches l'ignore, et j'espère vraiment que les circonstances ne nous amènerons plus jamais à le faire.
Mais comme parrains de l'association nous avons été sollicité, c'est normal.
On nous a aussi demandé de faire connaître les besoins sur place.
Dans la région des Visayas aux Philippines ils sont immenses. Pour l'association ce n'est "que" 100 000€, c'est peu et pourtant actuellement insurmontable.
C'est pourquoi j'ai décidé de contacter une partie de mon carnet d'adresse, un peu comme une bouteille à la mer : Quelques liens sur l'association, sur les dégâts sur place bref un peu d'infos "personnalisée" qui illustre ce que les médias affichent de façon anonyme.
Les retours sur ces mails sont étonnants, certaines personnes, amis ou simples connaissances, m'informent qu'ils s’apprêtaient à donner mais sans trop savoir où diriger leurs dons. Ils vont aider l'association.
J'en suis très heureux pour "nos" enfants là bas... pour ceux qui les aident sur place.
Après ce premier résultat, avec l'accord de Claude l'administrateur des forums, je décide de profiter de l'audience des deux sites pour vous livrer des raisons d'agir à votre tour.
Le "tu te rends compte" à la station service du port, c'est aussi la constatation qu'à l'échelle de nos pompes à essence de loisirs c'est finalement pas grand chose 100 000€... Pour chacun d'entre nous c'est une sortie ou deux en moins avec nos bateaux voraces. Et la somme correspondante versée pour des mômes.
Si vous le désirez, si vous le pouvez, faites le bien sûr.
Il faut agir vite, bientôt l'actualité se tournera vers d'autres sujets. Les émotions s'émousseront, mais là bas le travail restera immense.
Des liens :
L'association Cameleon : http://www.cameleon-association.org/
Les dons :
http://www.alvarum.com/typhon-haiyan Merci.