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SECTION BATEAUX A MOTEUR - C'est ici que ça se passe ! => LE COIN DU CROISIERISTE, LA VIE A BORD DE SON BATEAU ! => Discussion démarrée par: Kalango le 13 Juillet 2022 18:50:09



Titre: Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 13 Juillet 2022 18:50:09
Première étape

Voilà, les pleins sont faits, eau et essence, la cabine est rangée. Hier j’ai cherché en vain des charnières dans les différents shipchandlers des Minimes pour remplacer celle cassée du portillon arrière (tôle mal chromée d’un millimètre d’épaisseur qui n’aura pas résisté ni au temps ni au mauvais alignement d’origine des deux charnières).

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Photo 1 – Pourquoi faut-il casser des pièces introuvables dans le commerce ?


Les cartes sont astiquées, le niveau d’huile des deux L4 vérifié, la survie rangée, les packs d’eau dans le coffre.

La météo est prise. La situation générale des prochains jours est assez cool (façon de parler) avec un anticyclone qui se pose en Irlande et une dépression qui se creuse sur le sud de l’Espagne. Même s’il faudra a priori compter avec la houle atlantique qui a gonflé au large ces derniers jours, le flux d’est devrait rendre la mer agréable, sauf à être amplifié par les thermiques.

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Photo 2 – Les augures et Benoît, consultés la veille, confirment le beau temps des prochains jours


Nous sommes donc prêts pour larguer les amarres.

Je dis nous, mais il s’agit  juste du bateau et moi, car pour ce petit voyage, ce sera sans mousse. Bon, il faut voir le côté positif de la chose : ça simplifiera pas mal les manœuvres, je n’aurai pas à trouver de mauvais prétexte pour engueuler quelqu’un.

Il est donc 8 heures 30 ce jeudi, la boulangerie au bout des Minimes a ouvert ses portes depuis longtemps. Je me laisse guider par les effluves de viennoiseries et de pain mêlées, réalisant ainsi de manière très empirique un test Covid pré-embarquement. Je prends la formule petit déjeuner en terrasse, profitant d’un rayon du soleil à peine plus réveillé que moi.

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Photo 3 – Pas assez réveillé pour penser prendre la photo avant d'avoir tout mangé


9 heures 45, le moteur droit est démarré, puis c’est au tour du gauche. Je me creuse un peu la tête pour savoir quelle est l’amarre sous le vent, car le vent n’est pas encore levé. Je décroche donc les deux pointes avant et celle de derrière. Grimpant lestement à bord, j’active le mode dock pour ne pas réveiller les voisins qui dormiraient encore, marche arrière lente. L’étrave sort doucement du catway, je passe le gauche en avant lente. Lentement, le bateau pivote sur place, j’en profite pour rentrer rapidement les deux pare-bat arrière, l’étrave arrive dans l’axe du ponton, je passe les deux moteurs en marche avant lente, deux virages pour entrer dans l’avant port, un petit essai VHF avec la capitainerie, puis le chenal, avec à droite les célèbres tours St-Nicolas et celle de la chaîne; à gauche, la tourelle Richelieu qui rappelle à chacun l’emplacement de la digue que le cardinal fit construire lors du siège de la ville et accessoirement la direction que je dois prendre (assez bizarrement, cette tourelle n’est pas une cardinale).

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Photo 4 – La tourelle Richelieu, qui marque l'emplacement de la digue voulue par le cardinal pour le siège de la ville. Ne pas passer de l'autre côté en basses eaux.



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Photo 5 – De l'autre côté, les tours de la ville. La scène des Francofolies en construction. (photo prise la veille à partir du bus de mer)


Il est 10 heures, ce n’est pas la foule des grands jours dans le chenal. C’est vrai que ce n’est pas un grand jour non plus. Une petite dizaine de voiliers chenalent au moteur devant moi. L’un d’entre eux, mieux organisé, a déjà hissé ses voiles et navigue sous voiles dans le chenal. J’en profite pour récupérer, dans une série de zigs-zags, les derniers pare-bats et lover les amarres. C’est quand même utile un mousse !

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Photo 6 – "En avant pour de nouvelles aventures, vers l'infini et au-delà !"(Buzz l'Éclair)


Dernière bouée du chenal, fin de la restriction de vitesse à 5 noeuds. Je pousse doucement la manette des gaz. C’est parti.

5000 tours pour déjauger, puis rapidement réduction à 4000 tours pour un régime de croisière autour de 22 noeuds et 45 l/h. Direction le phare de Chauveau jusqu’au niveau de la pointe de Chef de Baie, le port de pêche, puis direction Marie-Anne jusqu’à intercepter l’alignement du môle de la Pallice, désert, puis le pont, et à dix heures vingt, sans avoir oublié de ralentir à 5 noeuds, c’est l’entrée dans le pertuis breton qui s’ouvre devant nous en passant sous les grandes arches du pont de l’île de Ré.

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Photo 7 – Le port de pêche et sa criée, derrière le port de commerce avec ses grues et ses silos, le Pont de l'île de Ré en arrière plan


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Photo 8 – L'entrée dans le Pertuis breton en passant sous le pont de l'île de Ré. Derrière, la pointe des Sablenceaux. A droite de la pile n°12, l'ancien embarcadère du bac


Le pertuis breton, c’est un peu notre terrain de jeu. L’été, Kalango y a son corps-mort et c’est là que nous trempons nos hameçons. C’est aussi là, sur le rivage, que nous avons l’adresse d’une bonne poissonnerie.

Le pertuis, c’est donc un vaste rectangle de 7 nautiques de large et le double en longueur, orienté NW/SE, qui s’ouvre en grand sur le golfe de Gascogne au nord-ouest entre la pointe du Groin-du-Cou sur le continent et la pointe des Baleines sur l’île de Ré. A l’autre bout, l’ouverture n’est que de quelques centaines de mètres, enjambée par le pont. Bref, c’est un immense bac à sable pour la houle atlantique qui vient s’échouer gentiment en roulant boulant sur les plages, dissipant progressivement sa puissance.

La marée y entre et en sort par les deux extrémités, et si j’ajoute que deux fleuves côtiers s’y jettent au même endroit, vous me pardonnerez de n’avoir toujours pas une vue claire et synthétique des subtilités des courants et contre courants qui sévissent.

A tribord, c’est le continent.  Il se présente sous la forme d’un long cordon dunaire, vaste flèche de sable qui s’étire depuis le socle rocheux de la pointe du Groin-du-Cou, sur la commune de la Tranche-sur-Mer, jusqu’à la pointe d’Arçay où le panache de sable vient se mêler aux eaux et aux vasières dans un tableau sauvagement magnifique. C’est un paysage neuf et vivant que le vent et la dérive littorale et le soleil façonnent marée après marée, année après année. S’il a fallu en général des millénaires pour façonner nos paysages, ici il n’aura fallu que quelques siècles : songez que cette côte n’existait pas sous cette forme il y a seulement quatre siècles, et que la marée envahissait tout le marais derrière aussi loin que Coulon aux portes de Niort… Dans le coin sud-est, la paisible Sèvre niortaise se jette  désormais à l’eau dans la baie de l’Aiguillon, tout comme le Lay, dans de vaste méandres et bras morts, apportant chacun aux mytiliculteurs les alluvions qui nourriront les moules élevées sur les milliers de bouchots dressés le long des côtes.

Sur bâbord, c’est l’île de Ré. Après le pont, la plage des Sablanceaux laisse rapidement la place à quelques falaises basses sur lesquelles ont poussé des fortifications. Un système défensif qui permettait de protéger l’accès de La Rochelle, mais surtout l’arsenal de Rochefort. Les plus remarquables sont celles de Saint-Martin qui abritent un port si charmant en basse saison et dans lequel, en haute saison, on développera rapidement (ou jamais) sa capacité à quitter un ponton à couple (ne pas hésiter à embarquer des mousses, si ça fait du bien).

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Photo 9 – Les fortifications de Saint-Martin-de-Ré. L'entrée du port est en travaux (plateforme sur la droite)


Puis arrive le fameux banc des Bûcherons, propriété privée de Philippe, puis derrière, le fier d’Ars où, dès qu’on a un peu de tirant d’eau, on ne fait pas le fier.

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Photo 10 – La cardinale des Islattes, le fier d'Ars derrière dans les terres


Enfin, à Loix, la côte s’oriente vers le large à partir de la pointe du Lizay, en direction du phare des Baleines et de son rejeton, le phare des Baleineaux, posé quelques cailloux plus loin en mer.

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Photo 11 – La pointe des Baleines, avec l'ancien phare, le sémaphore et le phare des Baleineaux


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Photo 12 – De l'autre côté, la pointe du Grouin-du-Cou, son phare (même nom), puis la station balnéaire de la Tranche-sur-Mer, son château d'eau qui constitue un amer remarquable


C’est là, qu’une heure après le départ, s’ouvre devant nous le golfe de Gascogne, qui s’étend avec malice du cap Finisterre au Finistère à la pointe de Penmach (n’en déplaise aux Bretons, la Bretagne sud est en eaux gasconnes). Tout de suite la mer est un peu plus forte. Je fais route au 308, 22 noeuds, tranquillement. A bâbord, l’horizon et plus loin Terre-Neuve; à tribord, la plage des Conches, célèbre pour ses compétitions de surf; puis Saint-Vincent-sur-Jard, avec au bout de la plage la maison de Clémenceau, où dit-on, le Père-la-Victoire aimait regarder la mer défaite. Il aimait surtout y culbuter ses maîtresses, mais ce n’est pas forcément ce que la grande histoire a voulu retenir du lieu.

Apparaît maintenant Jard-sur-Mer, son port qui assèche, dont l’entrée entre les rochers est en travers des vagues, et qui ne dispose pas de carburant. Le point positif, c’est qu’en été il y a moins de monde qu’à Saint-Martin-de-Ré.

La côte qui se matérialisait par trois liserés superposés blanc, or et vert intercalés entre le bleu de la mer et le bleu du ciel s’étire désormais le long d’une petite falaise sombre qui accrochera ce soir les rayons orangés du soleil. C’est toujours un régal pour les yeux qu’il convient cependant d’observer de loin. Puis arrive l’embouchure du Payré, qu’il faut imaginer serpentant dans un marais façonné par l’élevage des huîtres qui font la renommée du lieu. Sur la rive droite au niveau de l’embouchure se trouve la plage du Veillon, l’une des plus belles plages de Vendée, sinon la plus belle, bande de sable qui sort de la forêt et s’enfonce d’un côté dans l’océan, et de l’autre dans les eaux du Payré, formant une arabesque géante façonnée par les courants. La limpidité des eaux du lieu tranche avec celle des eaux chargées des pertuis et font de l’endroit un magnifique mouillage pour un apéro.

Quand le petit port de Bourgenay passe au loin par le travers, devant l’étrave, la civilisation émerge à nouveau à l’horizon . Voir la blancheur des immeubles du remblai des Sables-d’Olonne rassure : on n’est pas perdu !

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Photo 13 – Les Sables d'Olonne



Il est inutile de vous présenter ici le delphinarium qui fait la renommée de la ville et que notre ami Gilles a le privilège d’animer. Pour les amoureux de grandes navigations, des cartes et plus généralement de géographie, sachez qu’ici, tous les quatre ans, on vend des globes.

Je poursuis tranquillement ma route, donnant un large tour aux cailloux plantés dans le prolongement des immeubles, aux noms évocateurs de Pois marins, Écarquillés, ou Barges.  Il est midi quand je passe dans l’alignement du phare de l’Armandèche et de la cardinale sud Petite barge (la grande est au nord et surmontée d’un phare).

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Photo 14 – La cardinale Petite barge, le phare de l'Armandèche et l'ancien village de pêcheur des Chaumes, aujourd'hui intégré à la ville


La navigation se poursuit une heure le long d’un littoral très varié : des rouleaux qui brisent et qui brisent sur les milliards de grains de sables des dunes que les milliers de pins maritimes et ganivelles tentent de fixer. A quelques endroits seulement, l’estran est sableux, mais le plus souvent la plage est défendue par un fond rocheux. Bref, pour moi, pas d’abri avant Saint-Gilles. C’est du hauturier à défaut d’être de la haute mer, même si le thermique pointant son nez, la mer devient un peu moins agréable. Ça tape parfois. A mi-parcours, on laisse Brétignolles-sur-Mer et son ex-futur port de plaisance sur le travers, seule curiosité sans intérêt du parcours.

Arrivent enfin des immeubles à l’horizon. Ceux de Saint-Gilles, peut-être aussi le béton de Saint-Jean-de-Monts plus loin derrière mais aussi plus gros. Le vent a  encore forci, et dans la baie, un petit Flyer s’essaye au saut de bosses dans un panache de poudreuse à chaque retombée. Si Monsieur semble joueur, Madame paraît avoir le dernier mot. Le Flyer ralentit, je le dépasse au loin, et entre gentiment dans l’alignement du chenal à mi-chemin entre la jetée et la cardinale Pilours qui garde l’avancée rocheuse, là-même où, adolescent-aventurier, j’ai cru voir ma fin à bord d’un Topper dans l’un des nombreux remous de l’endroit.

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Photo 15 – Les immeubles de Saint-Gilles-Croix-de-Vie sur la corniche de Sion. Dans le ciel, des signes de l'établissement de la brise. Au loin, les immeubles de Saint-Jean-de-Monts


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Photo 16 – Le bout de la jetée du long chenal d'entrée de Saint-Gilles


Il est 12 heures 45, la brise est désormais bien sensible, établie dans l’axe du chenal. Je navigue à 3 noeuds comme l’indique une inscription sur la digue. C’est là que le Flyer de tout à l’heure me fait l’extérieur juste avant le virage à droite. Auparavant, une Antarès, vieille et énorme, m’avait également doublé, son sillage me poussant brutalement vers l’enrochement tout proche. Mais que fait la police ? Les Bénéteau bénéficieraient-ils d’une dérogation dans ce port où flottent les pavillons de la marque ?

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Photo 17 – Port-la-Vie, home of Bénéteau


13 heures, je suis amarré au ponton 7, celui de la pompe à essence. Ça tombe bien, le ravitaillement est l’objet de mon escale. Avitaillement du bateau en essence bien sûr (je mettrai 120 litres), mais surtout, à l’heure du déjeuner, celui du capitaine. Bon… je rangerai la cabine tout à l’heure. Ça tapait tant que ça ? On ne se rend pas bien compte quand on n’a pas de mousse.

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Photo 18 – Comment ça ça tapait ?


La rue commerçante de Saint-Gilles est à deux pas des quais, et on y trouve tout ce qu’il faut. Bars, restaurants (non, les globes c’est aux Sables seulement). Il y avait une petite épicerie bien pratique au coin de la place. Malheureusement, elle semble avoir disparu et laissé place à une boutique où l’on peut acheter des boîtes de conserve très décorées dans lesquelles auront été entassées quelques sardines. C’est plus chic ! Je me dirige donc vers le bar du coin (c’est le surnom du restau à un autre coin de la place). Trois heures de navigation méritent bien une bière et une salade César. Un café liégeois aussi… Ce n’est pas Jean-Luc qui me contredira !


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Photo 18 – Nunc est bibendum !




Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: capt.reg le 13 Juillet 2022 20:00:50
Première étape

................ Trois heures de navigation méritent bien une bière et une salade César. Un café liégeois aussi… Ce n’est pas Jean-Luc qui me contredira !


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Photo 18 – Nunc est bibendum !



1) On sent bien, dans ce texte, que lorsqu'un mousse te manque, tout est dépeuplé....
2) On voit (dernière photo) que tu compenses l'absence, mais n'en déplaise aux féministes, "une" mousse n'a jamais vraiment remplacé "un" mousse.
3) Si "Nunc est bibendum.."  "Nunc pede libero pulsanda tellus" ! qu'y disaient ! alors on veut voir  :P
4) Grand merci Eric pour ce début d'épopée  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 13 Juillet 2022 20:47:54
Trois heures de navigation méritent bien une bière et une salade César. Un café liégeois aussi… Ce n’est pas Jean-Luc qui me contredira !


Jean-Luc, .. peut être pas, ... mais notre Gourou aurait plutôt préféré des profiteroles ...  aa ^-^ O0

A prévoir pour le prochain dessert à terre !   :P


Et,  ...  Merci pour le partage ... qui m' a permis d'apprendre l'origine d'un modèle de chez KIRIé ... l' ARMANDECHE   :P

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Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 13 Juillet 2022 20:54:33
Du grand , non pas Mendes, mais Eric le grand narrateur devant l’éternel. Mais pourquoi ne passes tu pas 6 mois par an sur ton beau bateau afin de nous régaler avec tes épopées. On attend la suite avec impatience  ;)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 13 Juillet 2022 21:17:04
Du grand , non pas Mendes, mais Eric le grand narrateur devant l’éternel. Mais pourquoi ne passes tu pas 6 mois par an sur ton beau bateau afin de nous régaler avec tes épopées. On attend la suite avec impatience  ;)


Sans aucun doute (vue de ma fenêtre) vous êtes tous deux parmi les 5 meilleurs narrateurs. Éric, toi, et bien sur White Hunter dans le même chapeau et pour ne vexer personne il y en a sûrement au moins 2 autres dans le top 5. Ils se reconnaîtront et ensuite on attaque le top 10 puis le top 20 ….. :D ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 13 Juillet 2022 21:20:54
Wahooo comme ça fait du bien de te lire le soir en rentrant d’une journée de travail bouillante de température….

Génial, effectivement comme le dit notre  ami JC pourquoi ne passes tu pas  six mois sur ton bateau afin de nous régaler de tes périples..  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: bataclo le 13 Juillet 2022 21:28:19
Waouuu  :P :P :P

Juste fa bu leux  trop hâte de voir la suite.

Merci Éric pour ce cadeau 🎁 🎁 🎁


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Jean luc 24 le 13 Juillet 2022 23:26:21
Génial cette visite  aa du littoral
Bonne continuation Eric


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Petit-Marcel le 14 Juillet 2022 00:20:21
Merci pour ce partage et pour le récit ! Quel beau périple as-tu entamé  ^-^

Je connais bien la zone du pertuis breton pour y avoir fait un peu de voile ; pas évident à apprivoiser en effet ! Mais l’Ile de Ré vaut toujours le détour  8)

Bon vent capitaine !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 14 Juillet 2022 07:19:55
Chouette un beau récit, bien écrit ...On va se régaler aa aa aa


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: xabmay le 14 Juillet 2022 08:28:42
Merci Éric ! Très sympa à lire et à regarder !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 14 Juillet 2022 08:31:24
Joli récit... Vite la suite 😜

Salade César et café liégeois euh comment dire 😇 Tous les goûts sont dans la nature 😉. J'aurais choisi autre chose sur la carte  😜


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: premoue le 14 Juillet 2022 09:18:40
Bonjour Éric,

Superbe récit, merci et profite bien !!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 14 Juillet 2022 09:54:16
Bonjour Eric,
Une alternance de belles photos et une prose digne d'une licence de géographie (des détails sur la côte Vendéenne que j'ignorais).  aa aa
Pas de doute tout cela force le respect !
Merci et comme le disent mes "petits camarades", vivement la suite..... aa aa aa


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Christophe79 le 14 Juillet 2022 11:57:12
Si c'est pour l'infini et même plus, ça risque de te prendre un certain temps... puis-je donc te squater ta place au port pour l'été, contre un entretien garanti et sans faille ?  :D :P


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: BAKALAU le 14 Juillet 2022 12:38:43
Donc ça c'est fait... bien raconté... la salade digérée et  la chope ingurgitée... passons au plat suivant... ;) ;D ;D ;D

J'ai par ailleurs mis la recette du café liégeois ici (https://veradoclubfrance.fr/Re%C2%A0-%20Re%C2%A0-%20Oh%20P%20-%20-%20-%20-%20n%20%20%C3%87a%20fait%20du%20bien%20%20---%20Episode%202%20-%20Almaco%20V-msg-10968-351097-t.html#msg351097)

 ;) ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 14 Juillet 2022 15:15:56
merci beaucoup les amis pour vos messages bien sympathiques. Je travaille la suite !



Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 14 Juillet 2022 18:05:30
merci beaucoup les amis pour vos messages bien sympathiques. Je travaille la suite !



Hihi heureusement sinon nous ne te publions plus rien sur ton post.. ;D ;D ;D :P ^:(


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Benoît 56 le 14 Juillet 2022 19:36:45
Superbe photos Éric, belle et riche aventure nautique, merci. Vivement la suite.👍


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Lyric le 14 Juillet 2022 21:24:25

Génial, effectivement comme le dit notre  ami JC pourquoi ne passes tu pas  six mois sur ton bateau afin de nous régaler de tes périples..  ;)

Parce qu'Eric ne veut pas faire d'ombre à Michel  :D :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 20 Juillet 2022 01:33:19
Deuxième étape - Belle-Île-en-Mer

C’est rassasié et hydraté que j’aborde cette deuxième étape qui doit me conduire à Belle-Île en Mer. « c’est l’eau qui vous sépare et vous laisse à part », dit la. hanson, il n’y a effectivement que deux façons d’aborder cette île, l’avion et le bateau. Dans trois heures, j’aurai fait les deux.

La toute première fois sur Belle-Île c’était par les airs. Mon premier grand voyage en avion, bien avant le GPS, un temps où le compas, la montre et la boussole permettaient d’aller partout et parfois ailleurs. Nous avions déjeuné assez tard dans le restaurant le Goéland, façade rose au coin du port, dans la salle à l’étage. Deux tables, nous, venus en avion, et quatre autres voyageurs venus à la voile. Et les copains s’étaient laissés tenter par un cognac, servi dans un verre énorme. Je n’avais eu le droit que de renifler furtivement son parfum.  Depuis, quand  mes pensées vagabondent au-dessus d’un verre de cognac, elles arrivent bien souvent à Belle-île. L’esprit du cognac, troisième façon de voyager à Belle-Île.

La route directe depuis Saint-Gilles faisant passer par les hauts fonds du Pont d’Yeu au large de Notre-Dame-des-Monts et plus loin sur le plateau des Boeufs à l’ouest de Noirmoutier, je préfère déborder les Boeufs par l’ouest. Dès la cardinale Pilours à la sortie du chenal de Saint-Gilles, je prendrai une route au 300 sur 30 nautiques. Ça me fera naviguer en laissant la côte nord de l’île d’Yeu à trois ou quatre nautiques sur bâbord, jusqu’à une porte matérialisée par une bouée de marque spéciale et la cardinale des Bœufs que je veux passer loin au sud. Puis au bout de ces 30 milles, une route 320 jusque la pointe de Kerdonis, soit encore 30 nautiques. En chemin je frôlerai la bouée d’atterrissage du chenal de Saint-Nazaire, et sur la fin, quand je verrai le petit bout de Belle-Île, je pointerai l’étrave sur son côté droit. Il suffira ensuite de longer la côte jusqu’au port du Palais.

C’est encore une navigation d’environ 60 milles. Évidemment hauturière, la route faisant passer à plus de 20 milles de toute côte.

En souvenir du bon vieux temps, j’ai prévu de faire cette nav juste avec le compas, la montre, la carte et les yeux. En back-up bien sûr, j’ai la route et j’enregistrerai ma trace sur TZ sur l’iPad. Mais je compte bien ne pas me perdre en chemin !

Il est 15 heures 10 quand je quitte le ponton 7, le vent a tourné et fraîchi. Un peu plus loin, là où le chenal s’élargit, il pousse Kalango vers d’autres bateaux et je dois m’y reprendre à plusieurs fois pour ranger pare-bats et amarres.  Je longe la digue, je vois la cardinale Pilours et les rochers qu’elle protège.

15 heures 31, je laisse Pilours à quelques encablures au nord, et j’affiche une vitesse de 21 noeuds.

Il ne s’est pas passé une minute depuis le passage de la cardinale que je suis complètement trempé. La mer n’est pas creusée, elle est juste désordonnée. Le vent qui a viré au nord a pris le dessus sur la houle qui, elle, semble se diriger vers l’ouest. Le vent découpe  la mer en une multitude de petites pyramides dont il despite décapite la pointe. La mer n’est plus bleue. Elle est verte. La mer ne berce plus. Elle est cassante. Brutale.
Je réduis, 9 noeuds, ça ne change rien. Je change de cap, ça ne change rien. Accélérer ? C’est pire. Le bateau bouge dans tous les sens, éclaboussant au besoin. Je reprends d’ailleurs une bonne grosse douche, fraîche et salée. Quand j’ouvre à nouveau les yeux, le compas indique 090, et pourtant je n’ai pas senti avoir fait demi-tour. Je regarde rapidement, les yeux pîqués par le sel. Devant moi, pas de terre, je la retrouve bien derrière moi. Et je vois le compas tourner doucement en ricanant sur chaque vague pour finalement reprendre un cap proche de celui que je suivais avant la douche. Dans cette mer, même le compas perd le nord.

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Photo 20 - Programme tonique pour cette thalasso.

Je me bats une dizaine de minutes contre ces éléments qui sans être dangereux sont particulièrement inconfortables.  Dans ces conditions, je ne me sens pas d’attaque pour aborder ce corps-à-corps qui pourrait durer quatre ou cinq heures jusque Belle-Île.  Alors que faire ? Demi-tour ? Me dérouter sur l’île d’Yeu ?  Je choisis cette option, c’est une heure tout au plus avec la possibilité d’aller me cacher sous le vent de l’île.

C’est donc une heure à naviguer en remontant face au vent et aux vagues le terrain que l’instant d’avant le vent et les vagues m’auront volé. Quand ça tape trop, je réduis; j’accélère dès je vois devant moi quelques mètres de mer lissés par le vent. Les yeux piquent.

A l’arrière, dans le carré, un coussin glisse. Je le surveille. Il glisse de plus en plus. Je m’arrête pour le retirer avant que le vent ne l’emporte. Je le mets dans la cabine. Là, je vois par terre la façade du meuble au-dessus du frigo. Elle s’est déclipsée et est tombée sur le plancher. Par chance la vaisselle est toujours sur les étagères. Je remonte le meuble, dans un équilibre perturbé par un bateau qui fait le bouchon.

Je repars. Il est 16 heures. Je ne sais pas très bien où je suis. J’estime être entre 10 et 15 degrés au sud de ma route, à mi-chemin entre Pilours et la pointe des Corbeaux. C’est sans danger tant qu’on ne voit pas l’île d’Yeu. Les conditions n’ont guère évoluées. 7 noeuds. 15 noeuds. 10 noeuds. 16 heures 10, enfin j’aperçois Yeu, masse sombre qui danse sur l’horizon. Il faut que je vise un peu à droite de cette masse pour éviter les cailloux de la pointe des Corbeaux. Port Joinville est là, plus loin le long de la côte qui s’étire devant moi, invisible.

Puis un claquement sec : la porte de la cabine s’est ouverte seule d’un coup, traînant derrière elle encore accrochées les deux vis du dormant de la serrure. Je cherche à la refermer, mais elle ne reste qu’en position ouverte.

(https://img.pccreation.net/photos/202207200059463079.JPG)

Photo 21 - sans anesthésie.

(https://img.pccreation.net/photos/202207200059509544.JPG)

Photo 22 - Il y a eu effraction

A l’approche d’Yeu, les conditions s’améliorent un peu. Je peux désormais maintenir une vitesse de 17 à 20 noeuds sur un bateau couvert de sel, une serrure arrachée, le meuble à nouveau démonté, et cette fois les étagères complètement vides.

(https://img.pccreation.net/photos/202207200059397331.JPG)

Photo 23 - grand nettoyage des étagères

Je n’éprouve ni fierté ni soulagement en arrivant dans les passes de Port-Joinville. Il est 16 heures 39. J’ai juste envie d’aller me rincer les yeux en sachant que le plus dur reste à faire,  la préparation du bateau et l’amarrage à couple. Il faut d’ailleurs que je me dépêche, le ferry la Vendéenne vient d’annoncer sur la VHF son appareillage dans une minute, alors qu’ill me reste encore trois pare-bats à installer le long d’étroits passavants. J’en profite pour accrocher également un traversier qui  facilitera la manœuvre.

Passer la nuit à couple dans un port est une expérience assez éloignée de la liberté qu’on peut ressentir, même si elle est le plus souvent fantasmée, d’une nuit passée sous les étoiles dans un mouillage secret et isolé. La nuit à couple tient davantage de la promiscuité du HLM aux cloisons en papier-cigarette. Elle dépend donc beaucoup de l’humeur du voisin.
On peut avoir la chance de tomber sur Joël, et ça se finit le soir autour d’une poire, ou au contraire tomber sur un mauvais coucheur qui sans être au mouillage ne renonce pas à la solitude de sa nuit, oubliant ses pare-bats to make his dreams come true…
Pour moi, c’est toujours un instant de solitude, en m’approchant de ce voilier désert, tout au début du ponton A sous l’œil bienveillant de ceux qui ont insisté pour être sur un catway au ponton B. C’est un magnifique Django 9.80 tout récent. J’arrive doucement à sa hauteur, le vent me pousse gentiment sur son bord que protègent de larges pare-bats plats qui semblent douillets et accueillants, et qui ne partagent avec les miens que le nom. Le traversier est vite tourné autour d’un taquet. J’envoie dans un style cow-boy l’amarre arrière pour accrocher son taquet arrière que le vent éloigne. Faudra que je travaille le style cow-boy. Pour l’amarrage avant, je passerai sur le pont du Django l’amarre à la main. Plus classique, plus simple. Ça marche du premier coup malgré l’encombrement d’un pont de voilier bien rangé. Il ne reste plus qu’à couper les moteurs, ajuster l’amarrage et les pare-bats… Ce que je ferai avec l’aide du propriétaire du Django qui revient justement de la douche. J’ai du mal à placer le curseur entre son niveau de sympathie et son inquiétude pour son gelcoat tout neuf. A 100% chaque, je ne dois pas être très loin.

Régis complétait mon « Nunc est bibendum » par un « nunc pede libero pulsanda tellus ». Sans le vouloir, j’ai bien dansé : salsa  caliente sans aucun doute, tant j’ai les yeux qui piquent, rock’n roll, heureusement plus roll que rocks; et même la vaisselle a valsé.

C’est l’heure de la douche, ô douce douche, puis d’un petit planteur au bar de l’Escadrille à l’autre bout du port. C’est un bar où les hélices bois ou métal font plus de 2 mètres; le comptoir est en zinc. Ou en zingue. La musique est bonne, bref j’aime venir ici, aussi parce qu’il ne faut pas renier ses origines ni oublier comment Yeu est belle vue d’en haut. Au fond de la salle, un touriste, jeune, cheveux longs et barbe hirsute, paie sa conso en jouant du piano. Mi piano-bar, mi jazz, je l’écoute en me disant combien j’aimerais jouer comme ça. On discute piano cinq minutes, puis je file acheter mon thon et mon saumon fumés dans la petite boutique derrière le port adossée à la boucanerie. La logique  voudrait que je prenne leur carte de fidélité. Mais ne pas la prendre, c’est aussi refuser la banalité que serait de venir sur l’île.  

(https://img.pccreation.net/photos/202207200059578591.JPG)

Photo 24 - encore pensé trop tard à prendre la photo ! @JL : plus dans tes goûts ?

De retour au bateau, j’escalade le franc-bord du Django quand je tombe sur mon pianiste qui sort du carré. C’est le fils du papa dont j’ai déjà fait connaissance.  Et nous parlons jazz à nouveau et, quoi de plus normal sur ce bateau, du quintette du Hot Club de France. Il y a de belles rencontres à couple dans un port.  

Je passe le restant de la soirée à reboucher les trous des vis de la charnière, restratifiant un peu pour renforcer la zone, parce que les prochains trous seront à proximité des anciens; je colle les vis de la serrure au Sika, sachant pertinemment qu’il faudra que je rebouche au mastic plus tard. Et finalement pose la nouvelle charnière.

(https://img.pccreation.net/photos/20220720010001988.JPG)

Photo 25 - celui qui ne voit pas le changement gagne un an chez Pierrot. Breizh ou Sud, peu importe, il y fait aussi chaud désormais.

Je vous passe l’épisode où, n’ayant pas d’électricité sur le bateau, j’ai privé tout le ponton d’électricité. Tout ça à cause d’un p** de concessionnaire qui a mis dans une prise 32A un câble de 16A trop fin pour être pincé dans la prise. Moralité,  quand c’est le conducteur qui tient l’ensemble, on finit par mettre tout un ponton dans le noir, et plus grave à me faire démonter puis remonter une prise Marinco les doigts couverts de résine.  

(https://img.pccreation.net/photos/202207200100055059.JPG)

Photo 26 - Le bar de l’escadrille au fond.

Au final, il est tard quand je vais me coucher. La Rochelle est déjà loin. Une bien bonne journée assurément.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 20 Juillet 2022 07:17:27
Et bien qu’elle journée.., heureusement que je ne fais pas la même avec Me à bord car c’est divorce assuré  ;D

Merci du récit je me régale a te lire  ;)

Vivement la suite  aa aa


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 20 Juillet 2022 08:02:07
Comment ne pas mettre un commentaire sur un tel récit? Merci beaucoup pour ce moment partagé avec nous. Je suis trempé avec toi. La prochaine fois pense au masque de plongée qui fait bien le taf  ;) Quel travail d’écriture  O0


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 20 Juillet 2022 08:07:47
Une journée en mer comme on les aime  :-*, la mer, le vent, les "dégâts" à reprendre, quand ca part ainsi ca ne s'arrête jamais :).
Au final ca fait des souvenirs

Merci Eric pour ce récit , vivement la suite :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Lyric le 20 Juillet 2022 08:20:42
C'est ça l'avantage des très grosses unités : elles disposent d'un atelier permettant les réparations en mer  ;) ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Rastaquouère le 20 Juillet 2022 08:27:02
Quelle épopée !

Y’a pas, nos bateaux sont vraiment fait pour faire des ronds dans l’eau… une vague et hop tout part en miette.

Merci pour cet échange. On s’y croirait.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: nisobé le 20 Juillet 2022 08:36:42
Comme c'est bien écrit. J'étais aussi trempé que toi en lisant le récit de cette aventure.


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 20 Juillet 2022 08:46:12
...
Photo 24 - encore pensé trop tard à prendre la photo ! @JL : plus dans tes goûts ?
....

Pile-poil 👍


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Petit-Marcel le 20 Juillet 2022 09:44:22
Encore un magnifique récit. Comme disent ceux qui m'ont précédé : on s'y croirait  :D

Apprès une telle journée, le repos était bien mérité.

Vivement la suite  8)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: white hunter le 20 Juillet 2022 09:59:23
Ouh  là! Que c'est merveilleusement narré.  Pour un peu je chopais même un gros mal de mer en route vers Belle-Ile ... Et "despiter la crête des vagues", trop bien ... 


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 20 Juillet 2022 10:12:12
Je suis en train de ( tenter de .... ) rattraper mon retard de lecture   :-[


Génial, effectivement comme le dit notre  ami JC pourquoi ne passes tu pas  six mois sur ton bateau afin de nous régaler de tes périples..  ;)

Parce qu'Eric ne veut pas faire d'ombre à Michel  :D :D

Question "ombre"  , ce n'est plus de l' ombre, mais ... de l' obscurité totale  aa ^:(  ... si l'on compare mes productions à celles d' Eric  :P.


Bravo Eric !  et Merci pour le temps consacré à l'écriture de ce partage  ô combien intéressant ! 


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 20 Juillet 2022 10:14:21
Ouh  là! Que c'est merveilleusement narré.  Pour un peu je chopais même un gros mal de mer en route vers Belle-Ile ... Et "despiter la crête des vagues", trop bien ...  


Merci !

en effet, décapiter eut été trop violent !

On ne mesure pas l’exploit de conter ses histoires sur le c’qvier d’un iPhone. :P
Si un gentil modo pouvait apporter la correction, ce serait gentil 😀


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 20 Juillet 2022 10:48:14
Éric MERCI et re merci .
Ne sachant si tu es aussi peintre tu ne seras pas Titouan et pour l’heure tu es Bernard Moitessier. Encore s’il te plaît je viens de finir la 1ere relecture, celle où l’on a plaisir à découvrir ce qu’on avait juste entre aperçu


Titre: Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 20 Juillet 2022 10:50:57


Merci !

en effet, décapiter eut été trop violent !

On ne mesure pas l’exploit de conter ses histoires sur le c’qvier d’un iPhone. :P
Si un gentil modo pouvait apporter la correction, ce serait gentil 😀

Tu es sur qu’il faille corriger l’œuvre originale. Pourquoi pas si tu insistes mais en barrant le mot sans le supprimer.

Pour la poire ce sera toujours un plaisir il faudra juste créer l’occasion  :D


Titre: Re : Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 20 Juillet 2022 12:22:16
Tu es sur qu’il faille corriger l’œuvre originale. Pourquoi pas si tu insistes mais en barrant le mot sans le supprimer.

Amendement adopté :D


Pour la poire ce sera toujours un plaisir il faudra juste créer l’occasion  :D

C’est un excellent souvenir Joël !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 20 Juillet 2022 12:54:36
Bonjour Eric,
Pas de doute c'est un superbe récit d'une navigation agitée.  :)
Le timonier permet de rester au sec malgré les caprices de la mer, en revanche j'aurais été probablement moins vite que toi surtout dans cette "bassine".

La poire c'est bien mais le champagne c'est pas mal non plus .....
Eric nous avait offert le champagne lors de notre première rencontre (très bons souvenirs sur le banc du bûcheron avec Madame). :) :) :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Pier Ildut le 20 Juillet 2022 13:01:00
Merci Eric,
On déguste le récit de cette étape durant laquelle Kalango et toi avez dégusté  :P
Excellent, il y a du sucré  :), du salé  :P j'aime  :D  :D



Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: capt.reg le 20 Juillet 2022 15:11:15
Deuxième étape - Belle-Île-en-Mer

.............
Régis complétait mon « Nunc est bibendum » par un « nunc pede libero pulsanda tellus ». Sans le vouloir, j’ai bien dansé : salsa  caliente sans aucun doute, .......
...........


Un regret : l'absence cruelle de photos de ces danses ! :D

PS : j'ai déplacé ton fil ici, tu t'étais amarré en pleine "section voyages des camping cars" (https://veradoclubfrance.fr/Sorties-%20voyages-%20rencontres----board-97-0.html)    (https://i.servimg.com/u/f74/17/79/16/19/star10.gif) 
(Peut-être l'illustration des méfaits de l'association "nav au compas, montre et carte" + soirée jazz + planteur ?  (https://i.servimg.com/u/f39/17/79/16/19/egypt10.gif))


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: lefailhal le 20 Juillet 2022 16:16:42
Magnifique récit, merci


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Jean luc 24 le 20 Juillet 2022 19:54:00
Coucou merci encore pour ce deuxième moment de partage je m’aperçois que lorsque l’on achète un bateau il faudrait faire une traversée comme la tienne pour bien faire comprendre au CC qu’il faudrait quelque renfort supplémentaire  ;D


Titre: Re : Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 20 Juillet 2022 20:55:42


Pour la poire ce sera toujours un plaisir il faudra juste créer l’occasion  :D

Euh pardon . Moi aussi j’aime la poire  aa aa ^:(


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: bataclo le 20 Juillet 2022 21:00:35
Salut les loulous,

Trop bien ton récit Eric tu nous régales  :P :P :P

Par contre je suis surpris que ton esprit cartésien n'ait pas anticipé ...

Bah oui tu vas à Yeu t'as mal au yeux ... logique ...


Pfiouuuuu coup de bol tu venais de Ré   ;D ;D ;D ;D   y aller t'aurait valu de rentrer dans les annales, un coup à se faire mal ...


Mais qu'est ce que je suis con moi

Pas taper pas taper, jamais sur un malade les amis  ;D


Titre: Re : Re : Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 20 Juillet 2022 21:03:37
Euh pardon . Moi aussi j’aime la poire  aa aa ^:(


Bienvenue  :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 20 Juillet 2022 23:34:06
Euh pardon . Moi aussi j’aime la poire  aa aa ^:(

Pas pour ... ma ... Pomme   :P


( sans doute histoire d' éviter les pépins et pour rester ... trognon ? )

 ;D ;D ;D



bonne nuit, j' y vais  !  ....


Titre: Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: white hunter le 21 Juillet 2022 13:00:43


Merci !

en effet, décapiter eut été trop violent !

On ne mesure pas l’exploit de conter ses histoires sur le c’qvier d’un iPhone. :P
Si un gentil modo pouvait apporter la correction, ce serait gentil 😀

Meeuhhh non, faut surtout pas !
despiter On voit presque la pointe, le pic, tomber ...

Sur Trésors de la Langue française 'TLFI' je ne trouvais point, mais en grattant plus profond sous l'écume des mots, j'ai trouvé :
(https://i.goopics.net/800/g7lwlw.jpg) (https://goopics.net/i/g7lwlw)

Je leur ai envoyé le message suivant pour l'exemple manquant : " Y'a mon copain Eric qui fait rien qu'à despiter les vagues avec son bateau ! " Et j'espère que ce sera retenu.




Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 21 Juillet 2022 13:12:05

On ne mesure pas l’exploit de conter ses histoires sur le c’qvier d’un iPhone. :P



Ah OUAIS  ^-^ ! ...

Alors là , .... DOUBLE  RESPECT  !!  aa ^-^ O0

Parce que ... déjà ... écrire un "long" texte ( ça a PEUT ETRE dû m'arriver sur VCF  ...  à vérifier  :P ... ) , je sais le temps que ça peut prendre sur un clavier normal de PC

mais  EN  PLUS ... se  "taper"   ( si j'ose dire   ;D ;D ) cela sur un clavier de smartphone ,  là , .. çà relève de l' exploit !!  ^-^



ou alors, ... déjà qu'on sait que les plaisanciers sont des grands "masos" ... mais sur ce coup-là c'en sera bien la confirmation  !!! ;D ;D ;D ;D ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 21 Juillet 2022 16:44:04
pas maso, mais idiot oui !
j’ai amené un macbook, un ipad avec le magic clavier qui va bien, j’ai tout mis dans un sac étanche, le tout dans l’annexe, elle même voguant sur les rouleaux qui bordent la plage. Le sac était mal fermé, moi tout trempé. bilan, je n’ai plus que l’iphone pour tapuscriter mes aventures !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: pechevoile le 21 Juillet 2022 18:55:28
Pour tout matériel immergé, un seul (pré)nom, une seule adresse!


           XAVIER!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 21 Juillet 2022 21:03:58
 :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Gilles_85 le 22 Juillet 2022 06:39:40
Salut Eric,

J'adore tes textes et tes photos, il manque juste les dates???

Quand t'es tu tant fait chahuté?

Amicalement,


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 22 Juillet 2022 09:40:40
Salut Gilles,

Je te remercie, c’était le 7 juillet. matin tranquille, après midi avec un 4/5 tournant au nord bien soutenu…


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 15 Août 2022 17:05:21
Troisième étape – Belle-Île (bis)

Personne ne sera surpris (sinon, relire l’épisode précédent :P). J’ai dormi comme un bébé. J’ai même prolongé ce moment régressif en trempant quelques Petit-Prince au chocolat dans un verre de lait. Le secret, c’est de tremper le biscuit dans le lait, pas trop; d’attendre l’instant où le biscuit commence à plier pour finalement succomber à son tour au parfum de noisette libéré dans l’onctuosité du biscuit, dans une alliance heureuse avec celui du chocolat…  Rien à voir avec le petit-déjeuner saucisses-bacon-oeufs brouillés plus tartines que Jean-Luc se serait sûrement préparé !
Mais revenons aux choses sérieuses ! Belle-Île.
 

Belle-Île qui hier oui, s’est à moi dérobée.
Belle-Île qu’aujourd’hui je viendrai voir
Belle-Île que je vaincrai avant le soir
Belle-île qui bientôt ne pourra me snober.

Au niveau navigation, c’est assez simple : laisser les quelques cailloux à la sortie de Port-Joinville et filer tout droit sur la pointe de Kerdonis. Route fond : 320, distance 45 nautiques. Environ deux heures, un peu plus si la mer est inconfortable. Ensuite, longer la côte nord de l’île sur cinq nautiques jusqu’au port du Palais, facilement reconnaissable à sa citadelle.

Sans l’aide du traceur. Juste le compas. Et la mer.

De son côté, la météo indique une houle de 50 centimètres à 1 mètre s’atténuant dans la journée, un vent de 3 beaufort NE, devenant N dans l’après-midi. Marin rafraîchi craignant l’eau chaude, j’ai hésité à retarder mon départ pour profiter de l’amélioration, mais en sortant la tête de la cabine, j’ai trouvé l’eau du port bien calme et sentant la promesse d’une belle journée d’été j’ai décidé de partir.

Bon, la vraie raison de mon départ matinal c’est que mes voisins ont prévu de partir à huit heures pour Noirmoutier. Et pour qu’ils partent, il faut que je parte aussi, et j’ai la flemme de m’amarrer à nouveau une fois la manoeuvre achevée.

7h55. Je pointe donc mon nez sur le pont. Les voisins s’activent depuis au moins vingt minutes (avant, je ne sais pas, moi je dormais). Visiblement, ils ne sont pas tout à fait prêts, des nouvelles ficelles sont apparues sur leur pont encore un peu plus encombré par le stockage des voiles d’avant. En voyant ces voiles synthétiques, je me demande si les voileux ont conscience de leur véritable bilan carbone.
Ils me demandent si je peux les déhaler en partant (Port-Joinville, c’est un port de curés : les premiers seront normalement les derniers). Je négocie en échange qu’ils me débranchent du quai (faut que j’arrête de fréquenter les copains qui ont poussé à l’ombre des jésuites) !

8h20. Je réveille les Verados. Avec les voisins on s’est mis d’accord sur la manoeuvre, ils resteront sur la garde avant, je mettrai en marche avant le moteur bâbord uniquement, puis quand on commencera à pivoter, ils pourront battre en arrière.  En moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, notre catamaran hybride est à trente degrés du ponton, sans que les voisins devant ni derrière n’aient eu peur. Ceux qui ont tremblé sont ceux sur le ponton B en face quand j’ai reculé pour sortir du port. Il ne restait plus beaucoup de place ! Je m’arrête dans l’avant port pour ranger tranquillement mes pare-bats sans gêner quiconque. Le soleil est déjà chaud. Je croise une dernière fois le Django, on se souhaite une bonne navigation en sortant de l’avant port. Le pianiste n’est pas au piano. Il s’occupe des pare-bats. Nul n’est prophète en son pays.

(https://img.pccreation.net/photos/202208151544459762.JPG)
Photo 27 – Mer calme à Port-Joinville

Je sors des passes et m’éloigne tranquillement pour déborder les roches à la sortie du port. On mesure bien l’utilité des jetées à la franche animation de l’eau quand on s’approche des musoirs. Rien de méchant toutefois. Par rapport à hier, le vent et les vagues semblent de nouveau en amour, regardant dans la même direction et avançant main dans la main. Rabibochés. Moi, ça me va. Je mets les gaz quand soudain, l’effet hallucinogène des Petit-Prince se déclenche brutalement. Je suis à 500 mètres de la côte, sur bâbord je vois une dizaine de petits éléphants roses qui jouent dans les vagues. Immédiatement, je me dis que c’est impossible car on est à moins de 500 mètres du rivage, 400 mètres tout au plus, là, juste devant le château-d’eau de Port-Joinville. Je passe au point mort le temps de permettre à l’effet de se dissiper quand un éléphant rose passe sous la coque à bonne vitesse. A fleur d’eau, il paraît vert émeraude, puis son dos sort de l’eau, il me semble gris foncé, lisse et luisant, puis c’est son son ventre, clair. Il est tellement gracieux et sa ressemblance avec un dauphin est tellement frappante que j’ai envie de l’appeler Skippy. Mais déjà il a replongé et rejoint les autres. Alors je profite du spectacle quelques instants, jusqu’à la tombée du rideau.
Je ne me souvenais pas de cet effet secondaire des Petit-Prince. Faudra quand même que j’essaie le saucisses-oeuf-bacon au petit-déj pour revenir à une existence plus pépère. Mais en attendant, cher Gilles, je sens que tu es en train de perdre l’exclusivité de ces rencontres magiques, magnifiques et inoubliables.

(https://img.pccreation.net/photos/202208151427402125.JPG)
Photo 28 — Le jour où Gilles redevint un simple mortel, devant Port-Joinville

Je reprends ma navigation vers Belle-Île. La route à suivre est au 320, et c’est la direction que je suis. Mais encore un peu sous l’effet du petit nuage rose, je me laisse griser par quelques surfs. Accélérer sur la vague, ralentir un peu en montant la suivante, basculer, puis accélérer encore, ainsi de suite, accompagné en musique de vague en vague par les moteurs qui prennent quelques tours à chaque descente et les rendent dans les montées. La griserie a cependant un coût, les surfs me poussent au 305, voire au 300. J’ai beau corriger de temps en temps, c’est difficile de résister au confort de ces surfs. Au point que  35 minutes plus tard, devant passer entre deux bouées (la cardinale des Bœufs sur tribord au loin et une bouée de marque spéciale sur bâbord), j’aperçois au loin la bouée que je devais laisser à bâbord sur mon tribord. Certes, je n’ai pas embarqué de mousse, mais rigueur et discipline sont restés à quai également !  Je suis juste un petit nautique à gauche de ma route. Un nautique…, ça ne fait au final que cinq minuscules degrés d’écart, ce qui est sensé me rassurer. Mais non… Fini les âneries, définitivement, il faut que je passe aux saucisses-œufs-bacon, et en attendant, que je me concentre sur le compas.

Je reprends donc la navigation en mains. Les dauphins ont laissé la place aux moutons mais contrairement à ceux que j’ai croisés hier ceux-là sont - pour l’instant - inoffensifs et paissent paisiblement. Quand l’un d’eux disparaît au sommet d’une vague, un autre apparaît plus loin et ainsi de suite. Distrayant.

Indeed, en dehors du compas qui se balance de chaque côté de la route, ce ballet des petits moutons est le seul spectacle disponible. J’ai pris quasiment un cap nord pour récupérer la bouée d’atterrissage de Saint-Nazaire, en limite des eaux territoriales. Ca y est, je l’aperçois devant moi. Il est 9 heures 38 je la laisse à un  demi nautique sur tribord. Me voilà à nouveau pile sur ma route, seul au milieu de nulle part. Depuis le départ, pas beaucoup de bateaux croisés sinon au loin très loin. Le continent a déjà disparu laissant une mince brume orangée qui pourrait offrir un côté très romantique à cette croisière s’il n’était pas 10 heures du matin. Derrière, Yeu vient de rencontrer le destin de l’Atlantide, et devant Belle-Île se refuse toujours. A bâbord, rien, du bleu dessus, du bleu dessous. Sur tribord, on devine cependant pousser les nombreuses éoliennes du banc de Guérande. Mais je peux sans difficulté me laisser éblouir par le scintillement du ciel sur le dos des vagues et feindre de ne pas les voir, regrettant à peine n’avoir pas pu faire ce voyage quelques années plus tôt.

(https://img.pccreation.net/photos/202208151544576404.JPG)
Photo 29 — le blues du marin dessus, devant

(https://img.pccreation.net/photos/202208151427421265.JPG)
Photo 30 — encore du bleu

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Photo 31 — toujours du bleu

Cap 320, j’oublie la dérive due au courant : 0,5 noeud de courant à 20 noeuds, ça fait au maximum 1,5 degrés de dérive. Et le vent, toujours amoureux, soupire désormais à cinq ou six noeuds… Bref, une dérive inférieure à la précision de ma tenue de cap. Négligeable.

C’est vrai que désormais j’ai établi un circuit visuel rigoureux entre mon compas, mes instruments moteurs, mon compas à nouveau, et la veille. Je m’autorise des variations de plus ou moins cinq degrés, sauf si je détecte une tendance dans un sens ou dans l’autre. 23 noeuds, 319 degrés, 4000 tours ou presque, 319 degrés, un rendement qui oscille entre 0,45 et 0,50 mille par litre, 320 degrés, rien à sur l’avant du tribord, 319 degrés, la température du moteur bâbord est joueuse. 61°C, elle monte à 68 en quelques secondes, puis redescend à 61°C.

9 heures 54. Je sors des eaux internationales. 19 minutes qui justifient dix mille euros de TVA.

Enfin Terre ! loin devant moi apparaît un grand phare blanc. La terre se cache toujours sous l’horizon, le phare est pile sur ma route, droit, hypnotique. Quel confort d’avoir un repère devant soi. Je vais le suivre pendant près de trois quarts d’heure, toujours seul au milieu de nulle part. La mer et le vent se sont encore un peu assagi. Je file tranquillement à 23 noeuds quand je laisse sur tribord, à quelques encablures, mon phare éphémère, qui se révèle être un catamaran sous voile qui suit, moins rapidement, la même route que moi.

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Photo 32— Phare non répertorié sur le livre des feux.

Puis d’autres voiles apparaissent à l’horizon et finalement un mince trait bleu émerge des flots. D’abord subtil, il s’épaissit progressivement. Il se déforme , s’étire et danse sous le  rebond du soleil sur les vagues au loin, puis on distingue finalement la côte sud-est de Belle-Île. Belle-Île, enfin ! Même si Houat et Hoedic la chaperonnent en se tenant discrètement à droite, elle sera à moi avant midi. Puis on commence à distinguer les détails de cette côte qui n’est pas très longue. Une mince falaise rocheuses surmontée d’une pelouse bien verte qui plonge par endroits vers la mer  en découpant la falaise. On devine ainsi Port-An-Dro, Port-Maria et Port-Blanc qui se succèdent entre la pointe de Kerdonis et celle du Skeul.

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Photo 33 — Deux nautiques et demi : sûrement la chance du débutant !

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Photo 34 — Juste pour montrer que la réparation de la serrure de la descente n’avait pas résisté aux conditions de navigation. J’ai pourtant survécu.

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Photo 35 — On distingue mieux la plage de Port-an-dro. Sans être le plus belle de l’île, elle a gagné plusieurs trophées

Avec seulement 2,5 nautiques de long, c’est un petit miracle que d’atterrir sur cette côte surtout dans les conditions de navigations rencontrées : surfs, mirages, hallucinations. Christophe Colomb fut moins résilient en ratant les Indes pourtant bien plus longues.

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Photo 36 — Dicton du jour.  Au petit-déj, saucisses-oeufs-bacon éviteront les galères en navigation.

Il est 10 heures 57 quand je déborde la pointe de Kerdonis en laissant la cardinale est « Les galères » sur bâbord, pour remonter le long de la côte nord jusqu’au port du Palais. Cette pointe de Kerdonis est magnifique. Quelques rochers, un bosquet, une grande prairie en pente douce et une petite maison blanche avec son phare blanc et sa lanterne rouge qui dépasse à peine du toit d’ardoise. Tout ça entre le bleu du ciel et le bleu de la mer. Avec chaque vague qui meure et chaque vague qui naît, la mer n’est jamais tout à fait la même ni jamais très différente. Le paysage paraît ainsi figé dans ce mouvement perpétuel et glisse doucement sur bâbord. La nature brute, sauvage et domestique en un seul lieu. Relaxant. Puissant. Beau, quoi.

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Photo 37 — Phare de Kerdonis, bien répertorié lui, mais invisible du secteur sud-est

La rade du Palais signe le retour à une forme de civilisation. Une grande plage, puis des maisons, blanches et basses, assez regroupées sur la pente de la colline, et la citadelle Vauban qui se dresse au-dessus du port. C’est aussi le retour des filets et des casiers qui nécessitent de fréquentes altérations de cap.

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Photo 38 — La rade du Palais, dominée par la citadelle

Sur le canal 9, il y a un peu d’adrénaline. Un voilier voudrait bien sortir, mais un ferry aussi alors qu’un second ferry s’annonce à quelques minutes du port. Je vais attendre un peu pour les contacter, le temps de préparer les pare-bats et les amarres. Je demande une place pour une escale déjeuner, et on me propose de prendre un coffre extérieur derrière la jetée. Ah, la gaffe, où est la gaffe ?  Ça y est, je l’ai trouvée. Maintenant, où est passée la bouée ? Je la cherche sur tribord, elle passe sur bâbord. Pas de mousse à engueuler.  Le second passage sera le bon, je passe les deux aussières dans l’œil du coffre. Il est 11 heures 23, après trois heures de navigation, les deux Verado méritent un bon repos. Environ 58 nautiques, 19 noeuds de moyenne bloc-bloc (comprenant les éléphants, les pare-bats au départ et à l’arrivée, les pauses fraîcheur), 109 litres consommés soit un rendement de 0,52 mille par litre.

Le service de rade arrive moins de cinq minutes après mon appel et me débarque sur le ponton flottant plastique, sortes de Legos flottants qui offrent à chaque pas une expérience intermédiaire entre le mal de mer et le mal de terre. Je ne retirerai mon gilet qu’une fois la terre ferme atteinte.

Ah Belle-Île… Le Goëland, sa façade rose et son cognac que je n’ai jamais bu, toujours là. Je marche un peu dans la ville, le marché se termine, les étalages sont presque vides. les boutiques à touristes offrent de superbes articles marqués Belle-île, les mêmes qui hier à Port-Joinville étaient marqués Yeu.

La ville s’étire le long des différents bassins du port. Un Rhea rentre, un timonier sort sous les cris des mouettes, tandis que les ferries se succèdent dans l’espace étroit du premier bassin.

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Photo 39 — Navigation au pied de la citadelle, d’un bassin à l’autre

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Photo 40 — Les ferries se succèdent dans une chorégraphie bien huilée

Le temps de ce petit tour, les terrasses des restaurants se sont remplies. Je trouve une place sous une bâche pas climatisée. Il commence à faire chaud. Je prend une dorade certifiée venant du marché, une bonne bière bien fraîche et beaucoup d’eau avec beaucoup de glaçons. Les ferries qui arrivent et repartent rythment la vie du Palais.  Un client un peu plus loin parle un peu fort avec des cousins qui viennent d’arriver du continent. Lui n’y repartira que lundi, mais sa sœur arrivera mercredi. En un quart d’heure, les nouvelles des uns ou des autres sont rapidement échangées, on ne fait que se croiser mais les liens îliens semblent indéfectibles. Je me dis que ça doit être dur de vivre sur une île, mais que ça semble encore plus dur d’en partir. En dessert, une salade de fruits frais, un café. Et me voilà prêt pour la suite.

Sous la chaleur sub-caniculaire que Benoît avait prévue, je pousse jusqu’à la capitainerie (à quinze mètres du restaurant). Ça tombe mal, elle est fermée de midi à quatorze heures. Vingt bonnes minutes à attendre en plein soleil. J’ai besoin de recharger mon téléphone et de décider la destination suivante. Je souhaite y faire de l’essence. Les options sont Quiberon, Lorient, ou Concarneau. Quiberon, c’est le plus proche… en avion. Quelques cailloux mal placés allongent singulièrement le trajet, une première fois pour y aller, une seconde fois pour en repartir. Après vérifications, il n’y a pas d’essence à Concarneau, il faut pousser jusque Port-La-Forêt. Ce sera donc Lorient.

Avant de partir, par politesse, je demande si je dois quelque chose pour les deux heures d’escale. Poliment, on m’encaisse dix euros pour la bouée que, bon prince au Palais, je laisserai sur place. Belle-île… Belle, et vénale.

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Photo 41 — La charmante petite capitainerie du Palais

Un re-petit tour sur les legos flottants, et c’est parti pour de nouvelles aventures vers l’infini et au-delà.
À suivre.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: capt.reg le 15 Août 2022 19:29:45
On l'attendait cette 3e étape ! Merci Eric
Je me retrouve sur une pratique assez proche du trempé de biscuits dans le lait ou le café (pour moi c'est des p'tits LU, je me damnerai pour)
L'œil aux aguets sur les passages de Rhéa...
Et l'allergie aux legos flottants !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 15 Août 2022 23:24:28
Beau récit à la plume "alerte"  qui se délecte aussi bien que des Beurrés Nantais avec de la confiture ( préférés aux petits LU   :P )

Question de gouts ...

Merci  ERIC  ...


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: lefailhal le 16 Août 2022 09:50:42
Merci...


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 16 Août 2022 13:34:09
Excellent comme d’habitude   ;) Je n’ai pas assez de mots dans mon lexique pour te décrire ce que je pense de ton CR. MERCI Monsieur Eric.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: premoue le 16 Août 2022 14:50:06
Merci Eric, superbe récit et belle croisière !!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 16 Août 2022 15:44:53
Merci les amis.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 16 Août 2022 16:58:43
Magnifique récit et surtout une bien belle croisière. Ça fait rêver.  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 16 Août 2022 18:29:22
Bonjour Eric,
On ne se lasse pas !  :) :)

Environ 58 nautiques, 19 noeuds de moyenne bloc-bloc (comprenant les éléphants, les pare-bats au départ et à l’arrivée, les pauses fraîcheur) 109 litres consommés soit un rendement de 0,52 mille par litre.

Coïncidence, la consommation, la distance et la moyenne sont très proches de mes données lorsque je suis allé sur l'île d'Yeu au départ de La Rochelle (63 miles, 108 litres et 19 nds de moyenne).
Economiques les deux Vérados...   :) :) :) :)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 16 Août 2022 19:47:46
Excellent comme d’habitude   ;) Je n’ai pas assez de mots dans mon lexique pour te décrire ce que je pense de ton CR. MERCI Monsieur Eric.


+1 oserais-je dire que mon émerveillement est au delà de l’infini…..oui j’ose ça va si bien avec le titre  :)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 16 Août 2022 20:23:53
Merci pour ce superbe récit que l'on a vraiment plaisir à lire.

Petit correctif cependant :

...
Rien à voir avec le petit-déjeuner saucisses-bacon-oeufs brouillés plus tartines que Jean-Luc se serait sûrement préparé !
...

Juste deux oeufs au plat 🍳 (parfois crevés 🥴) et un jus de citron 🍋 pressé 👍


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: xabmay le 16 Août 2022 21:46:55
Superbe Éric, merci pour ce partage.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 17 Août 2022 06:20:09
merci Eric, vivement l'épisode suivant. 8)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: BAKALAU le 17 Août 2022 17:25:55
Belle plume... récit passionnant... lu d'un trait...
Merci de nous faire rêver...  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: stephane le 17 Août 2022 17:56:27

Jolie narration avec de belles photos ;)

Encore :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 28 Août 2022 20:01:43
Épisode 4 - De Profundis

Je vous avais laissé sur les Legos flottants du port du Palais, en route pour Lorient. Lorient ne sera qu’un ravitaillement, la destination du soir est en fait… Non, vous le saurez plus tard.

C’est donc sous un soleil de plomb et une chaleur sub-caniculaire que je remonte à bord de Kalango à destination de la pompe à essence de Kernével, à Lorient. C’est une petite navigation de deux heures et demie qui consiste à contourner la pointe de Taillefer qui protège la rade du Palais, puis tourner à gauche le long de la côte nord de l’île en visant le plateau des Birvideaux entre Belle-Île et Groix puis, en se laissant glisser le long de Groix, à entrer dans le long chenal d’accès à Lorient.

Difficile de se perdre. La visibilité est excellente, à tribord la côte ne sera pas loin, et à bâbord, ce sera mis à part un bref moment Belle-île et Groix. Question cailloux, c’est la Bretagne sud, ça reste tranquille, le Petit Poucet s’étant vraisemblablement épuisé en passant par Carnac pendant ses vacances. Juste le plateau des Birvideaux à éviter (avec cette mer, c’est surtout la tourelle du phare qu’il faut éviter), et ne pas s’approcher trop près ni de Groix par la pointe des Chats, animal maléfique aux griffes acérées, ni du banc des Truies sur tribord avant de tourner vers Lorient. Tous ces dangers sont bien balisés sur la carte, et je les ai bien en tête.

Ce sera donc une navigation à vue : cap sur l’étrave.

Je me suis plaint du rapport qualité-prix de l’escale au Palais. J’avais tort. Pendant ma pause déjeuner, Kalango aussi a été ravitaillé. Service premium, le client doit à peine s’en douter. Moi, je l’ai vu à la jauge du réservoir d’essence : l’aiguille dépasse très largement le 1. Pour seulement 10 euros, moi je dis chapeau !

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Photo 42 —  Coup de chaud sur la jauge

J’ai appris depuis mes débuts d’aviateur à ne JAMAIS faire confiance à une jauge à essence. Je suis donc la quantité de carburant disponible de la façon suivante. Quand je fais le plein, je ré-initialise le compteur du SC1000 du moteur bâbord, qui en navigation totalise ce qui passe dans les injecteurs du moteur. En multipliant par deux (j’ai aussi un moteur à tribord), j’ai la quantité consommée depuis le dernier plein. Je compare le résultat en multipliant le temps de navigation par 45 litres. Si c’est cohérent, je ne m’inquiète pas et je note les quantités consommée et disponible sur le livre de bord. Sinon, je fais le plein !

Là, je me contente de consigner scrupuleusement sur le livre de bord « Jauge essence HS ». Il faudra quand même que je regarde ce qui se passe sur cette jauge. Est-ce le cadran ? Est-ce le flotteur ? A cette occasion, je regarderai comment brancher la jauge sur le positif contact plutôt que directement sur la batterie de service. Tout comme l’éclairage du compas d’ailleurs, qui aussi éclaire inutilement mes rêves…

Je retire les pare-bats que j’avais mis dont l’utilité, je l’avoue, est discutable à la bouée. Moteurs en marche, je retire les amarres de la bouée, il est 14 heures 41. C’est parti, cap au nord sur Lorient.« Euh… ça serait pas plutôt cap à l’est ? » me souffle une petite voix !

Non, direction le nord, en longeant la côte qui mène rapidement à la pointe de Taillefer. Falaises basses, régulièrement entrecoupées de petites plages qu’on devine aux petites taches de lumière au milieu des roches sombres.

Puis direction NNW, en visant à droite de ce qui au loin doit être Groix. Je longe en m’en éloignant la côte NW de Belle-Île. A bâbord, Sauzon. Ah Sauzon… quel charme ! Son port d’échouage, ses maisons de pêcheurs à flanc de colline aux  façades colorées qui peignent le ciel. Et son homard bleu, celui qu’un jour j’ai hésité à ramener d’un voyage en avion, ne sachant pas s’il ferait le voyage, celui qui depuis est pour moi la marque de ce petit coin de paradis.

La barre tourne doucement vers l’ouest, puis au sud, la vitesse tombe à cinq noeuds, puis à trois noeuds. Je suis sans l’avoir vraiment décidé dans le port de Sauzon, m’imprégnant de la magie du lieu, un tour, peut-être deux, et je ressors sans me promettre d’y revenir. J’y reviendrai.

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Photo 43 —  Sauzon, magique

En me retournant une dernière fois, je reprends ma route vers Lorient. Mon petit doigt dit qu’il faut reprendre un cap nord pendant neuf minutes si je veux suivre ma route initiale et passer à l’est des Birvidiaux. En effet, trois doigts me séparent de la toute sur la carte, un doigt valant trois minutes… C’est ce qu’on appelle la navigation au doigt mouillé

Les moteurs ronronnent, le bateau navigue tranquillement  entre 22 et 23 noeuds, 3950 tours, sur un cap moyen de 330°. Je croise quelques voiliers qui naviguent en général plus près des côtes. Bref, c’est peinard, presque une mare à canards.

Groix s’approche, pour l’instant ligne sombre sur bâbord. La mer est belle. Le ciel est bleu. Quelques cirrus l’égayent un peu, et dans ces conditions, on s’étonne que le phare des Birvideaux fasse penser à un calvaire posé entre les îles. Est-ce un ex-voto pour attirer le beau temps dans ce coin de Bretagne ? Ou bien est-ce pour rappeler la spécificité géologique de l’île, sa naissance de profundis, puisque il y a fort longtemps, ce petit bout d’écorce terrestre fut englouti dans les entrailles de la Terre, avant d’en ressortir quelques (avec beaucoup de s) années plus tard, non sans avoir braqué quelques (aussi avec beaucoup de s) pierres précieuses.

15 heures 50. Je passe entre deux marques spéciales. Seule celle à tribord figure sur ma carte pourtant à jour. J’ai consultée tous les avis aux navigateurs de la préfecture maritime grâce à ma petite application perso. Cette bouée ne me dit rien. Heureusement, il fait beau, je vois très bien Groix sur bâbord, le petit phare blanc des Chats, et à tribord la grande plage qui joint Étel à Lorient. Si quelqu’un est perdu, ce n’est pas moi, mais la bouée. S’il avait fait nuit noire ou si j’avais navigué en plein brouillard, cette découverte m’aurait sans doute posé quelques problèmes d’orientation… D’autant qu’elle portait le nom de Somme.

Lorient à l’ouest, le Crotoy au sud de la Bretagne, vous conviendrez qu’il se passe des choses bizarres par ici, et je comprends mieux la présence d'épaves nombreuses dans le coin. Mais, solide dans la tête, je poursuis sereinement mon plan, plus concentré qu'Ulysse écoutant le chant des sirènes. Groix défile à contre-jour. Habitué de l’île de Ré et venant de Belle-Île, elle me semble bien petite. Comme je suis assez loin de l’île je distingue mal les détails de la côte que je devine rocheuse. Il y a pas mal de bateaux qui passent devant, voiles blanches sur fond sombre. Des fantômes qui justifieraient le dicton « qui voit Groix voit sa croix » ?

Pour achever ce tableau lugubre, la French Navy tente de joindre sur le 16 un cargo qui ne répond pas. Le militaire répète son appel, toujours sur le même ton.

De profundis clamavi ad te, navis...

Pas de signe d’agacement. Dix fois peut-être, toujours sur le même ton.

Navis, exaudi vocem meam. Fiant aures tuæ intendentes in vocem deprecationis meæ.

Rien. Un vaisseau fantôme ? Le Hollandais Volant ? Sans doute, … mais qui  prendra un accent indien quand, au bout d’un quart d’heure, il répondra enfin au sémaphore.

Il est temps que je quitte cette zone qui devrait être interdite aux moins de douze ans pour entrer dans la passe de l’ouest d’accès à Lorient. La passe sud aurait été plus courte. J’ai hésité, je l’avoue, mais quand j’ai vu le nom de la cardinale bâbord au niveau de la pointe de Gâvres, je me suis ravisé. Aux Cimmériens, vous me comprendrez, j'ai préféré Circé; aux Errants, j’ai préféré les Truies, la Paille, le Cheval, l’Écrevisse (bouée rouge, forcément),  la Potée de Beurre (bio, donc bouée verte), puis en arrivant au pied de la citadelle de Port-Louis, la Jument et le Cochon. Sur le fond, je préfère la poétique roche d’Amour à la sortie du chenal des Minimes, mais c’est vrai qu’ici nous arrivons au coeur de la Bretagne, terre agricole et d’élevage. C’est donc naturellement dans le prolongement d’une ferme que s’ouvre la rade de Port-Louis. La pompe à essence est juste sur la gauche, dans la marina de Kernével. Juste le temps de sortir les pare-bats - je commence à maîtriser l’exercice solo - et les aussières, me voici dans le petit bassin sud de la marina, à attendre mon tour pour l’essence. Il est 16 heures 30.

Attendre mon tour prend ici tout sons sens. Une demi-heure à faire des tours dans l’eau, coincé en compagnie d’un Cap Cam 7.5 entre les batobus qui font la navette entre les deux rives de la rade, quelques voiliers de 40 pieds et plus et au fond du bassin les fonds qui remontent, pour laisser deux voiliers faire le plein. Mais ils ont pas des voiles les voiliers ? Comme si moi j’achetais un code 0 ou un tourmentin pour mon Cap Cam, non, c’est vrai quoi. Bon, il est 17 heures. C’est enfin mon tour. A raison de 150 euros par carte, il me faut faire quelques allers-retours entre l’automate et le nable pour remplacer les 229 litres que j’ai consommés depuis Saint-Gilles.

A six litres près, c’est ce que m’indiquait le SC1000.
Si je retire le temps passé à naviguer au ralenti à l’entrée et à la sortie des ports, j’ai navigué un peu plus de cinq heures au régime de croisière. Ça fait du 45 l/h pour mes deux L4. C’est cohérent. Je n’ai plus qu’à réinitialiser le SC1000. Il est 17 heures 15. C'est pas le tout, j'ai encore de la route. Les deux L4 tournent à nouveau, nous sommes prêts pour de nouvelles aventures.

Vers l’infini et au-delà !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 28 Août 2022 20:37:26
Récit au-delà de nos espérances et infiniment plaisant à lire 👍


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 28 Août 2022 22:45:30
Concernant la jauge ...

je me pose une question "bête" dont j'aimerai bien avoir la réponse ..  :P

A ma connaissance, sur nos voitures et camions, ça fait un paquet de dizaines d'années que je n' ai pas vu une jauge en rade ou pas fiable ....

Comme ce fait-ce qu'a bord de nos bateaux qui valent plus chers que beaucoup de voitures, ... on en soit revenus à ce qui me semble être l'âge de Pierre   ^:( aa :(



si quelqu'un à la réponse , ... je suis preneur  :P






Et Merci pour ce récit-ci si intéressant  O0 ...

SI  SI  ...  :P


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 29 Août 2022 07:27:31
merci Eric
Encore un joli récit!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Rey le 29 Août 2022 09:02:25
Bonjour
Concernant les jauges, celles «  à l’ancienne » ne sont effectivement pas toujours fiables.
Par contre je suis agréablement surpris de la précision de celles de l’écran des Yamaha dont les niveaux sont confirmés par les consommations annoncées sur l’ordinateur et lors des ravitaillements.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: toby64 le 29 Août 2022 09:37:06
Bonjour, tu as 2 réservoirs ou un seul ?

Si un seul, tu peux rajouter le débitmètre Garmin GMS10 ou qq chose comme ça  ( 120€ aujourd hui je crois ) il donne l'info en nmea2000, et sur ton traceur tu pourras avoir la conso globale .

Au cas où un des 2 moteurs déciderait de consommer plus que de raison ! :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 29 Août 2022 10:09:51
J'a dore  ;) Même si trop Marseillais à mon gout  ;) 8)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: capt.reg le 29 Août 2022 10:36:59

..........
.... nous sommes prêts pour de nouvelles aventures.
..........

Nous aussi, et avec plaisir !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 29 Août 2022 12:54:00
Merci pour vos sympathiques commentaires.

J'a dore  ;) Même si trop Marseillais à mon gout  ;) 8)

Ça passera !

Bonjour, tu as 2 réservoirs ou un seul ?

Si un seul, tu peux rajouter le débitmètre Garmin GMS10 ou qq chose comme ça  ( 120€ aujourd hui je crois ) il donne l'info en nmea2000, et sur ton traceur tu pourras avoir la conso globale .


Je pensais plutôt remplacer la jauge par une jauge N2K, je dois pouvoir récupérer la mesure des débitmètres des moteurs sur mon HDS. Faut que je m'y penche sérieusement.



Vous aurez sans doute regretté le (très) petit nombre de photos pour illustrer ce (long) quatrième épisode.

Si vous êtes capables de garder un secret, je veux bien vous vous en donner les raisons. Mais encore une fois, gardez ça pour vous. Je vais peut-être même devoir transférer le fil en section +250… On n'est jamais trop prudent !

Bon, voilà. Ils le nieront avec force, mais j’ai bel et bien été attaqué par une bande de korrigans groisillons, du genre humeur maussade. 

Ce n’est que quelques jours après mon périple, en commençant ce dur travail de rédaction et d’édition, que j’ai pris conscience des risques que j’avais pris. Ce que je vous ai raconté sur les choses étranges que j’ai vues en passant au large de l’île de Groix, ces fantômes, ce lien avec les enfers, je ne le croyais pas, ça apparaissait clairement sur les photos que j’avais prises. De peur que mes fils et ma mousse préférée ne tombe sur ces photos, je ne quittais plus l’iPad sur lequel j’avais pris les photos. J'ai changé le code. Je dormais avec, je mangeais avec, j’all… bref, vous avez compris.

Un soir, devant rejoindre mon bateau pour le déplacer d’un mouillage à un autre, je pris mon annexe… et mon iPad. Soigneusement caché dans un sac étanche, avec les papiers du bord, le livre de bord, ma carte bancaire. J’attache solidement le sac à l’annexe, que je mets à l’eau. J’allais m’éloigner de la plage quand soudain les korrigans ont soulevé une première vague, puis une deuxième, et finalement à la troisième, Kalanguinho (c’est le diminutif de Kalango en brésilien) recule, l’embase se plante dans le sable, le tableau se replie entre les boudins, sa proue se dresse vers le ciel et balance ma fierté à la baille. Je la récupère, un peu humide, redémarre le moteur, et navigue quelques minutes dans une baignoire, Kalanguinho ayant embarqué pas mal d’eau dans la bagarre.

Ce ne fut que plus tard que je me rendis compte de l’entreprise particulièrement sournoise de ces gnomes. Pendant que je m’occupais de repêcher ma fierté, ces malotrus ont lâchement ouvert mon sac étanche. Oh, pas de beaucoup, au lieu des trois tours pour le fermer, il n’y en avait plus que deux, mais c’était suffisant pour qu’un bol d’eau saumâtre entrât discrètement dans le sac, détrempant les papiers, détruisant iPad et MacBook Air qui s’y trouvaient, emportant ainsi toute preuve des liens existant entre Groix et le diable des enfers.

Moralité : qui voit Groix son sac étanche ferme trois fois.

 :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: capt.reg le 29 Août 2022 14:48:55
Sans déc' ???
Des p'tits trucs avec les yeux rouges ? et la queue en tire bouchon ?
ça fout la pétoche  wx

Déjà qu'on a un Farfadet sur le fofo... (Antony tu es démasqué !)

P't'être l'origine de nos problèmes sur VCF ce WE, va savoir ,  :'(


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 29 Août 2022 16:59:00
Sans déc' ???
Des p'tits trucs avec les yeux rouges ? et la queue en tire bouchon ?
ça fout la pétoche  wx

Déjà qu'on a un Farfadet sur le fofo... (Antony tu es démasqué !)

....


et je m'auto délationne  wx :-[

On avait déjà un farfadet sur le forum ( n' est-ce pas Antony ? :P O0 .... )

a) Histoire de ne pas m' embêter avec le macoui ...

b) pour ne pas avoir à investir dans de nouvelles lettres à poser à l' arrière du bateau ...

c) pour ne pas passer de temps à retirer l' ancien nom et à remettre le nouveau ...

d) parce que le nom actuel n'est pas trop difficile à épeler selon l' aphabet radio

e) parce que je n' y ai pas pensé

f) du fait que le nom actuel ne me gène pas


je vous laisse choisir UNE ou PLUSIEURS réponses ci-dessus  :D :D ...

Bref, le bateau s'appelle DJINN'S


Je ne vous cache pas que l' éventualité de mon affirmation  disant : " je vais prendre mon DJINN'S " n'est pas pour me déplaire  :P :P

et, ceux qui connaissent mes "penchants .... TRES limités pour les boissons alcoolisées"  ^:(

savent qu'il n' aurait pas été crédible de m'entendre dire : " je vais prendre un Djinn's "  . . .  ^:( :-X




P't'être l'origine de nos problèmes sur VCF ce WE, va savoir ,  :'(


çà existe la procédure contre le .... MACOUI informatique ?  :-[ wx :P


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 29 Août 2022 22:33:04
Je viens de rattraper mon retard vu que je n’avais plus de connexion.

C’est vraiment cool de lire tes récits et ça me laisse rêveur.

Mille merci de ton partage  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: mage le 29 Août 2022 23:26:01
Bonjour Eric,

Un grand merci à toi pour ce merveilleux récit ! Un vrai plaisir à lire ta prose.
D'autant plus que l'année prochaine, j'ai pour idée de faire en partie ton périple, même si j'ai tout de même un petite appréhension. Cette traversée se fera avec mon mousse et mes 2 enfants (pas bien grand).

Bravo pour ta belle navigation ! 


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 30 Août 2022 00:52:37
Sans déc' ???
Des p'tits trucs avec les yeux rouges ? et la queue en tire bouchon ?
ça fout la pétoche  wx



Je ne sais pas s’ils avaient la queue en tire-bouchon, mais je pourrais faire un portrait robot de chacun. ils étaient trois et j’les avais à zéro. Y en a un qui me répétait méfie toi, lui il ressemblait à maître gims mais en blanc et sans les lunettes, un autre qui disait j’vais le bouffer et il avait pas’l’air de plaisanter sur le sujet, et le troisième, visiblement le chef bien qu’il fût le plus petit des trois, qui disait à l’envi on aurait aussi pu mettre de l’eau dans son 8.5.  Y en avait peut être un quatrième, je ne l’ai pas vu, mais au moment de disparaître, le chef visiblement inquiet a demandé aux autres où elle est la grenouille?

Pétoche xxl :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 30 Août 2022 07:47:40
 :) :) :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 27 Septembre 2022 23:03:59
(https://img.pccreation.net/photos/202209272300574229.JPG)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: xabmay le 28 Septembre 2022 06:08:58
(https://img.pccreation.net/photos/202209272300574229.JPG)

Ah un trailer !! Vivement la suite Eric.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: capt.reg le 28 Septembre 2022 06:30:20
Des promesses, des promesses...  ;)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Renaud le 28 Septembre 2022 08:07:49
Merci Eric pour ce magnifique récit, truffé de culture, poésie, humour et de suspens  8)


Moi, je l’ai vu à la jauge du réservoir d’essence : l’aiguille dépasse très largement le 1. Pour seulement 10 euros, moi je dis chapeau !

(https://img.pccreation.net/photos/202208281851399302.JPG)

Photo 42 —  Coup de chaud sur la jauge

Vers l’infini et au-delà !

Pour ta jauge, je vois 2 autres explications possibles :

1 - Kalango se languit d'aller fricoter avec un Outrage ou Pursuit du genre féminin de l'autre côté de l'Atlantique. Après tout, il ne fait que prendre le titre de ton post au pied de la lettre et te fait passer le message qu'il est prêt à mettre le cap sur le far west.
2 - C'est un autre tour de sorcellerie des korrigans qui tentent de t'envoyer là ou le monde s'arrête. Eux aussi, ont espoir que ton titre soit prémonitoire. Si, arrivé au bout du disque mondial, tu tombes dans le vide, j'espère que tes compétences de pilote d'avion te permettront de ramener Kalango sur la terre ferme l'eau liquide  :P

Vivement le prochain épisode.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 28 Septembre 2022 15:02:31
Je pense que c'est malheureusement un simple problème de mauvais contact ou de résistance/bobine HS.

Juste avant de le sortir début septembre, j'avais 200 l dans le réservoir. Pendant quelques minutes, l"aiguille s'est positionnée correctement au milieu, avant de repartir dans l'au-delà.
Quand je débranche la sonde, (résistance de la sonde infinie, courant max dans le pont de mesure), l'aiguille bascule à gauche toute.

J'en déduis qu'en dehors de brefs instants, le cadran doit mesurer une résistance nulle au niveau de la sonde qui dévie l'aiguille à droite. C'est ce qu'on appelle un court-circuit !

(https://img.pccreation.net/photos/202209281448583754.JPG)

Ce que je pense devoir être le schéma hi-tech de la jauge d'essence.


(https://img.pccreation.net/photos/202209281455039776.JPG)

Les connexions derrière le tableau. Le +, c'est d'ailleurs le Vbatt quand ça devrait être le Vign... mais bon


Je ne pense pas que ce soit la sonde qui soit en court-circuit, car j'ai mesuré un peut plus de 6 V à la borne du cadran. Donc le pont diviseur fonctionne. Ca doit être après, dans le cadran, au niveau de la bobine ? Il y aurait en général trop d'électrons qui circulent dans la bobine du galvanomètre.

Il faudra que je démonte, ou que j'achète un cadran neuf. Mais je suis ballot, je n'ai pas noté la gamme de résistance de la sonde, c'était pourtant marqué dessus...

On notera que la vis sous le verre est oxydée.

C'est mon avis, mais je ne suis pas électronicien  :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 28 Septembre 2022 20:00:29
Épisode 5 – Bataille navale

Je vous avais laissés à 17 heures 15, au deuxième jour de navigation, sur le ponton de la station-service de Lorient. Endroit sympathique face au château de l’amirauté, où le temps suspend son vol et la carte bleue s’affole.

Le réservoir bien rempli, il est temps désormais de finir la journée sur une petite navigation à destination de Concarneau. Concarneau, c’est pas le bout du monde, mais c’est déjà le Finistère.

En réalité, elle n’est pas si petite que ça la navigation puisque, sans arrondir les angles, elle fait quand même une trentaine de nautiques, donc une heure et demie au minimum. Mais ça devrait être un passage tranquille. La mer est donnée pour belle à peu agitée en cette fin d’après-midi. Le vent souffle du secteur NNE, donc en travers de la route, à une dizaine de nœuds. Enfin, la température est plus qu’agréable. Il y a bien évidemment quelques cailloux à éviter – on est en Bretagne, mais ils sont tous aux abords de la côte que je longerai à distance. Une bonne raison à ça. Sur mon traceur, la cartographie de la zone s’inspire directement du cubisme : des polygones d’un jaune qui n’est pas jaune s’emboîtent maladroitement dans des polygones trop bleus sans se soucier vraiment de la précision de l’endroit où leur rencontre a lieu. Peut-être qu’en insérant la mini-SD que je n’ai pas retrouvée, j’aurais eu le droit à une autre vision de l’œuvre. Toujours est-il que ma navigation sera du coup également cubique. Elle consistera à tracer des lignes droites au compas entre deux bouées, sans aller tenter le diable dans un rase-cailloux qui, statistiquement, est perdu d’avance.

(https://img.pccreation.net/photos/202209281049184828.JPG)

Photo 44 — une planification de passage aux petits oignons façon pattes de mouche. Mais y a l’essentiel !


J’irai donc jusqu’à la bouée A2 qui marque le bout de la passe de l’ouest; de là, un cap 285 à suivre sur 17 nautiques me permettra d’arrondir la pointe du Talud puis de traverser la baie de Pouldu avec ses ports pittoresques que je laisserai à quelques nautiques. La cardinale sud Men-An-Tréas sera le signal pour tourner de 25 degrés à droite jusqu’à la tourelle du Dragon, où j’infléchirai ma route encore un peu d’une vingtaine de degrés au nord pour venir intercepter l’alignement d’approche du port de Concarneau. Une fois dans le chenal, il suffira de suivre les bouées jusqu’à l’entrée du port, au pied de la Ville Close.   

Mais d’abord, il faut songer à ranger les pare-bats. Pas facile devant le ponton essence, où il y a encore du monde qui attend. Je sors donc du bassin sud, je traverse la zone de fort trafic pour m’arrêter un peu plus loin. Là, personne pour m’ennuyer pendant les quelques minutes qui me voient troquer mes galons de capitaine pour ceux de mousse de seconde classe. Et hop, les nœuds se défont entre les doigts, les pare-bats sont attachés trois par trois, les aussières sont lovées et posées sur le pont prêtes à l’emploi à destination. Du vrai travail de pro, suffisant me semble-t-il pour solliciter une promotion au grade de mousse de première classe.

Et puisqu’on parle de promotion, autant vous dire que celle du capitaine au grade d’amiral semble pour l’heure compromise ! Il aura vu un peu tard qu’il s’était arrêté dans une zone où sur la carte était écrit en français et en anglais « Stationnement, mouillage et pêche interdits ». Pour sa défense, il dira que s’il était arrêté, il ne pêchait pas, et comme un et au contraire d’un ou suppose la simultanéité des deux actions, il ne peut être retenu de charge contre lui.

(https://img.pccreation.net/photos/202209281223425400.JPG)

Photo 45 —  Si tu veux préserver ta mauvaise foi, le mieux c’est quand même de lire ta carte avant.


Les IN soulignent plusieurs fois la présence de forts courants contraires au niveau du fort de Port-Louis, endroit où comme par hasard sont tapies des roches sournoises. Mais comme on s’approche de la marée basse (PM+5) avec un coefficient de 49 (quasiment une marée de mortes-eaux), il n’y a rien de violent à craindre. D’ailleurs, pour le reste de la navigation qui se passera à la renverse, on pourra compter sur l’absence de courant significatif.

(https://img.pccreation.net/photos/202209281030045691.JPG)

Photo 46 — 


Dans le chenal d’approche de Lorient, je croise un trafic fort et varié. Beaucoup de voiliers, beaucoup de moteurs, quelques pêcheurs, et même le Minibex que j’avais laissé dans le port de la Réserve au pied de la Casa Delauze  à Marseille du temps où il naviguait encore sous le pavillon de la Comex…

(https://img.pccreation.net/photos/202209281233194751.JPG)

Photo 47 — L’atelier du Minibex. Il n’y en a visiblement pas plus que dans BIII.


Et c’est ainsi qu’à petite vitesse je m’éloigne de Lorient. Je regarde les plages sur tribord, non pas qu’elles soient magnifiques, mais devant moi se dresse encore  la masse sombre et maléfique de Groix… A8, A6, A4, A2… on baisse en gamme à chaque bouée qu’on passe à une quinzaine de nœuds. Quinze nœuds, c’est la vitesse maximale dans cette partie du chenal. Quinze nœuds, c’est aussi la limite basse du planning qu’il faut régulièrement entretenir. Pff, fatiguant cette histoire ! Il est 17 heures 44 quand, sortant du chenal, je peux enfin accélérer vers la vitesse de croisière. C’est parti pour trois bons quarts d’heure de ligne droite. Le bonheur au bout du chenal, en somme.

Un petit clapot rend finalement l’exercice pas aussi agréable que je l’avais imaginé. Rien de méchant, mais je dois réduire un peu et rester en-dessous des 22 nœuds. Sur tribord, je passe la pointe du Talud. Sur bâbord, Groix ne bouche plus l’horizon qui du coup s’éclaircit dans un soleil fatigué d’avoir tant brillé aujourd’hui. 17H52. À ce rythme, j’estime Men-an-Tréas dans une quarantaine de minutes. Oui, mais voilà, les forces occultes de Groix rôdent. Elles m’aperçoivent, me suivent sans que je les voie, puis fondent sur mon taud replié. Et en arrachent la fixation bâbord avant. Le taud danse dans le clapot, 3 temps là où il en faudrait quatre.

Je réduis. Je parviens à décrocher mon fil à la patte rouge sans, coup classique, couper le moteur pour aller constater les dégâts… Les vis sont arrachées, le filetage a râpé la fibre… No future. Je sais ce que j’aurais à faire à l’escale. C’est pas comme si j’avais déjà le dormant de la descente à réparer, hein !

Je récupère le frein en caoutchouc de la rotule, histoire de ne pas le perdre. A tribord, ça a l’air de tenir, la jambe arrière bâbord aussi. J’attrape donc une aussière, un tour mort et deux demi-clés autour du taud, l’autre extrémité passée dans la main-courante du pare-brise, un petit tour mort, retour autour cette fois du montant infirme et encore un nœud magique autour de la main courante. Bien souqué, ça fera l’affaire.

(https://img.pccreation.net/photos/202209281234362755.JPG)

Photo 48 — On pourra s’interroger sur l’absence de contre-plaque à ces fixations. Le cabriolet est pourtant une option constructeur.
 

Pendant que je suis tourné vers l’arrière du bateau, bien occupé à fixer correctement le taud, les korrigans se sont installés sur la proue, qu’avec leurs petites mains ils ont poussée vers le nord. Ainsi, le bateau se dirige en marche avant lente, tranquillement, vers les roches des Soeurs (dans le coin, il y a pas mal de soeurs qui se baignent au milieu de cochons) bien visibles à marée presque basse. La moitié du chemin est déjà faite quand je reprends la barre. Et comme par magie, les malins s’évaporent. Quelle sera leur prochaine triste facétie ? Méfiant, je regarde ce qu’ils peuvent ourdir contre moi. En me retournant, je comprends la raison de leur départ. A quelques nautiques, au large de la pointe de Pen Men à l’ouest de Groix, surgit pour me défendre un bâtiment de la classe Mistral, je ne sais pas lequel, il n’avait pas branché l’AIS, haut comme un immeuble, on ne peut pas le rater. C’est bien ça qu’il fallait, rien de moins pour battre en retraite ces #@Xd§$*** !

Je reprends ma route l’esprit presque léger, surveillant quand même du coin de l’oeil le déhanché de mon taud sur le clapot… Le Pouldu, la Laïta, Merrien passent ainsi au loin, véritables pépites dissimulées derrière un simple trait de côte assez banal vu du large à plus de trois nautiques. Il faudra que je revienne.

Le reste de la navigation s’achève sans encombres. Concentré sur mon compas, Kalango trace son sillon dans le clapot, imperturbable, sans taper, à 22 nœuds.

Je passe finalement la cardinale Men-an-Tréas à 18h47, avec un quart d’heure de retard sur mon estimée.

Sur la gauche et bientôt sur l’arrière, l’archipel de Glénan a pris ses couleurs bleu horizon et on devine les principales îles de ce temple de la voile.

(https://img.pccreation.net/photos/202209281238535886.JPG)

Photo 49 — Les îles de Glénan drapées dans un voile de bleu.[/b]


Devant, la pointe de Trévignon s’avance comme une frontière linguistique qui donne aux cailloux des noms désormais imprononçables ou du moins incompréhensibles, mais dont vous trouverez la traduction en exclusivité sur VCF (et nulle part ailleurs). Pen ar Vaz-Hir, (Vas-y peinard), Lué vras (Sans les mains!), Men Cren (ça craint les mecs), Men Fall (relire Sartre), Ar Gazek (je crois que c’est désolé y a plus d’eau, mais je en suis pas sûr, ça dépend de la position de l’accent tonique invérifiable à l'écrit). Heureusement pour ceux qui ne sont pas bilingues comme moi, le chenal d’approche de Concarneau comporte de nombreuses bouées rouges ou vertes, et c’est ça qu’il faut suivre. Pour ceux qui sont daltoniens, bougez pas, les bouées ont un chapeau non pas rond comme on pourrait s’y attendre chez les Bretons, mais chinois côté Lorient et en dentelle côté bigouden. Pour une fois qu'il y a de logique dans la réglementation.

(https://img.pccreation.net/photos/202209281239388475.JPG)

Photo 50 — Pas toujours facile de se rappeler de sa droite et de sa gauche


Il est 19 heures 15, il n’y a pas un chat dans la zone, mis à part un voilier qui rentre doucement devant moi, et une petite vedette qui sort de l’arrière-port

(https://img.pccreation.net/photos/202209281241007895.JPG)

Photo 51 — Le port de plaisance de Concarneau, au pied de la Ville Close.


Je sors les pare-bats à l’entrée de la petite anse de Kersos, en gardant un oeil sur les cailloux que gardent la latérale tribord. Je fais bien, car le vent souffle toujours à une dizaine de nœuds et pousse au sud, pile sur les rochers. Par VHF la capitainerie me donne un amarrage en D1, au coin de la panne principale et du ponton D. Amarrage facile, le vent porte tranquillement sur la panne à bâbord. Il est 19 heures 28, Les pointes ont pris le relais du traversier. Les moteurs sont coupés. 66 litres consommés.  C'est 10 % de plus que ce que j’avais estimé. L’arrêt pour fixer le taud y a sans doute un peu contribué, mais à mon avis l’écart s’explique davantage par la navigation à 15 nœuds, à jouer dans la passe ouest de Lorient avec la vague d’étrave.

(https://img.pccreation.net/photos/202209281349324081.JPG)

Photo 52 — 2 x 33 = 66


(https://img.pccreation.net/photos/202209281244436220.JPG)

size=8pt]Photo 53 — Kalango, au repos poste D1, après 7 heures 30 de marche


A  la suite de « jauge essence HS », je noterai plus tard sur le livre de bord « Arrachage fixation taud de cabriolet sur Bb.» Et la quantité d’essence restant.

Passage à la capitainerie, douche, puis après presque 12 heures depuis mon départ de Port-Joinville pour l’essentiel passés à naviguer, c’est l’heure du réconfort.

(https://img.pccreation.net/photos/20220928125122550.JPG)

Photo 54 — Double ration pour le premier à voir la terre. Ça a du bon la nav solo.


Une planche mixte, un Mojito, peut-être deux…, confortablement installé, avec vue sur la ville close et Kalango, … à la Taverne des Korrigans. Comme aurait pu l’écrire Nietzsche, « il faut boire dangereusement… »



(https://img.pccreation.net/photos/202209281847142904.JPG)

Photo 55 — Bonus pour ceux qui connaissent pas au-dessus d’Avignon.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 29 Septembre 2022 08:07:24
Merci Eric!
la carte c'est top à la fin  :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 29 Septembre 2022 10:32:00
Toujours aussi sympathique à lire et à relire, merci beaucoup Monsieur Eric avec notamment la carte pour ceux qui n'ont pas dépassé Avignon  ;)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 29 Septembre 2022 11:44:24

...

Et puisqu’on parle de promotion, autant vous dire que celle du capitaine au grade d’amiral semble pour l’heure compromise ! Il aura vu un peu tard qu’il s’était arrêté dans une zone où sur la carte était écrit en français et en anglais « Stationnement, mouillage et pêche interdits ». Pour sa défense, il dira que s’il était arrêté, il ne pêchait pas, et comme un et au contraire d’un ou suppose la simultanéité des deux actions, il ne peut être retenu de charge contre lui.

...


Arrêté ?

Tu n'étais ni stationné ni mouillé et en fonction du vent et du courant ton bateau avait une erre certaine !


Joli récit  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: stephane le 29 Septembre 2022 11:54:55

toujours aussi agréable à lire :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: premoue le 29 Septembre 2022 14:50:52
J’adore, merci Éric !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 29 Septembre 2022 21:17:09
Arrêté ?

Tu n'étais ni stationné ni mouillé et en fonction du vent et du courant ton bateau avait une erre certaine !


En quelque sorte l'histoire d'un pauvre hère nautique qui ne manque pas d'air en affirmant que même à notre ère,
l'erre d'un esquif ( l' air de ... rien ) peut dans certains cas, être prise en compte dans l'aire d'évolution ...

Si vous trouvez cette partie tirée par les cheveux, peu de chances quand même qu'on la retrouve dans une comédie musicale telle que HAIR ...  


Pourrait-on conclue autrement que par la formule lapidaire


... ERRare humanum est  ... ?   :'( :-[

 :P



Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 29 Septembre 2022 21:27:27
Excellent Michel ... Quel er udit !!!!


Je sais un peu capilotractée  😇


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Christophe79 le 29 Septembre 2022 21:47:53
Tes mots comme ceux d'Eric m'amènent presque à chaque lecture, à atteindre l'extase d'une petite ère eksion...  ;)
Y'a du lourd dans ce post !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: xabmay le 29 Septembre 2022 22:22:04
Excellent Éric, pour ce post !!


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 29 Septembre 2022 23:23:35
... l'extase d'une petite ère eksion...  ;)
...

Pourquoi "petite" 😇🤣😜👍


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: belmk le 30 Septembre 2022 07:42:09
Toujours aussi sympathique à lire et à relire, merci beaucoup Monsieur Eric avec notamment la carte pour ceux qui n'ont pas dépassé Avignon  ;)

Je suis sans voix…

Il y aurait donc quelque chose au delà d’Avignon 😳😳😳😳


Titre: Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Christophe79 le 30 Septembre 2022 08:49:05
Pourquoi "petite" 😇🤣😜👍
Je me garde de la marge pour le moment où Michel avancera son post. ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: lefailhal le 30 Septembre 2022 10:20:17
Quel talent, merci pour cette belle narration.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 30 Septembre 2022 13:10:37
Bonjour Eric,
Un bien joli récit de cette belle navigation.  :) :) :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 30 Septembre 2022 15:13:03
Merci beaucoup, Denis, JC, JL, Michel, Stéphane, Xavier, Christophe, Jeff, Michaël et Philippe pour vos sympathiques commentaires. Mais... n'en jetez plus !

Malgré la solitude, malgré le déchaînement des éléments, malgré les sortilèges qui qui se sont accumulés sur ma route, j'ai pris beaucoup de plaisir à faire ce voyage et je me contente, en revivant moi-même ces bons moments, de partager ce plaisir.

Comme d'autres fils que j'ai eu le plaisir de lire sur le forum, j'espère que ce fil donnera envie de voyager à ceux qui n'imaginent pas pouvoir dépasser l'horizon de leurs sorties habituelles, qu'il sera le déclic pour ceux qui ont déjà l'envie et n'ont pas encore osé, et qu'il permettra à ceux qui ne le peuvent pas de voyager par l'intermédiaire du forum...

Merci encore !

Arrêté ?

Tu n'étais ni stationné ni mouillé et en fonction du vent et du courant ton bateau avait une erre certaine !

Commandant Sharky, malgré tout le respect que je vous dois, l'erre étant la vitesse surface, le courant n'a que peu d'effet sur elle. Je vous concéderai néanmoins, et seulement pour ne point vous chagriner, l'effet du courant d'air sur l'erre...


Tes mots comme ceux d'Eric m'amènent presque à chaque lecture, à atteindre l'extase d'une petite ère eksion...  ;)
Y'a du lourd dans ce post !

Et c'est rien à côté de l'épisode 9 à venir (Teaser), qui sera interdit au moins de 16 (au moins)


Il y aurait donc quelque chose au delà d’Avignon 😳😳😳😳

Oui, des montagnes et la mer... Les légionnaires romains le disaient déjà (avec un accent approximatif, mais bon c'étaient des brutes de légionnaires): Montes li mare

A bientôt donc pour la suite !





Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 30 Septembre 2022 15:14:01
En quelque sorte l'histoire d'un pauvre hère nautique qui ne manque pas d'air en affirmant que même à notre ère,
l'erre d'un esquif ( l' air de ... rien ) peut dans certains cas, être prise en compte dans l'aire d'évolution ...

Si vous trouvez cette partie tirée par les cheveux, peu de chances quand même qu'on la retrouve dans une comédie musicale telle que HAIR ...  


Pourrait-on conclue autrement que par la formule lapidaire


... ERRare humanum est  ... ?   :'( :-[

 :P



Joli Michel ! :) Je veux le même texte à la façon de Queneau, ... sans le signe 'r' par exemple ... :P


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 30 Septembre 2022 15:41:17
Joli Michel ! :) Je veux le même texte à la façon de Queneau, ... sans le signe 'r' par exemple ... :P

pour 'elater l'histoi'e d'un Cap Cama'at en c'oisiè'e ...

ça doit êt'e possible sans beaucoup de complications .... 


Mais bon,  Eric, ... tu sais comment sont les gens  :-[ ...   

ils vont me tomber dessus au p'etexte que je passe du temps à éc'i'e çà , et que pendant ce temps-là le 'écit de mes travaux de soutier  aa
( le "R" ne se p'ononçant pas , j'estime avoir le d'oit de l' éc'i'e  ....  :P )  dans mon WHITE SHA'K n'avance pas   ^:(



Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 30 Septembre 2022 16:31:06
pour 'elater l'histoi'e d'un Cap Cama'at en c'oisiè'e ...

ça doit êt'e possible sans beaucoup de complications .... 


Mais bon,  Eric, ... tu sais comment sont les gens  :-[ ...   

ils vont me tomber dessus au p'etexte que je passe du temps à éc'i'e çà , et que pendant ce temps-là le 'écit de mes tRavaux de soutier  aa
( le "R" ne se p'ononçant pas , j'estime avoir le d'oit de l' éc'i'e  ....  :P )  dans mon WHITE SHA'K n'avance pas   ^:(


Pas mal  :D, mais....
Recalé (dans celle du White Shark), les tRavaux prennent un R comme Retard  :P


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 02 Octobre 2022 00:17:02
Quel plaisir de lire cette balade. Merci Éric  :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 03 Octobre 2022 17:27:25
Merci Joël  :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 03 Octobre 2022 22:50:46
Pas mal  :D, mais....
Recalé (dans celle du White Shark), ...

D'une certaine façon, ... sortir des geoles d' ALCACHUD / Breizh  aa ^:(

pour se retrouver dans une soute ( fut-elle d'un White Shark ...  wx )   


C'est vrai qu' en y réfléchissant . . .  :-\   ( et impossible de dire que ... "je prends du recul"  :( ... trop exigüe la cale du Kelt :( ... ) 


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 11 Octobre 2022 11:19:39
Episode 6 - Teaser

[Intérieur jour, dans la cabine de Kalango - caméra en plongée]

On voit une tête émerger de sous la couette, visiblement éblouie par la clarté du matin qui plonge dans la cabine par la porte translucide de la descente. On pourrait reconnaître le capitaine s’il n’était un poil grognon, car s’il est huit heures, le soleil le chatouille depuis au moins deux heures déjà…

Il passe un T-shirt, décroche le rideau mal fixé sur la descente qui était censé le protéger des rayons agressifs de ce soleil matinal, passe la tête dehors. Il est 8 heures 10, nous sommes samedi, et nous faisons escale à Concarneau.

[extérieur jour]

Dehors, le soleil est déjà chaud. Des petits groupes se succèdent sur la panne principale. Essentiellement des jeunes qui s’apprêtent à partir pour la semaine, pleins de rêves, et sûrement d’une petite appréhension qu’ils camouflent sous l’assurance qu’on se donne à leur âge.

– …la navigation de nuit, l’an dernier, j’ai trouvé ça génial…
– …j’étais avec Tatiana, tu verras elle est super…

Le capitaine sort, fait un tour d’horizon comme si la veille il avait pris  possession d’un nouveau territoire. La réalité est sans doute qu’il se demande où diable il peut bien être… Pas de doute, devant son navire se dressent les murailles de la Ville close. Pas de doute non plus, l’amarre qui tient le taud lui rappelle que ce matin, ce ne sera pas navigation mais réparations :  en plus de la fixation du taud arrachée par les korrigans dans l’épisode précédent, il faut refixer le dormant de la serrure de la descente qui n’a pas résisté, lui, à la violente tempête de l’épisode 2.

[intérieur jour, dans la cabine de Kalango]

Le capitaine secoue frénétiquement un paquet de Prince, dont il ne tire que 3 biscuits. On le voit surpris. On le soupçonne de se demander qui a bien pu lui piquer ses biscuits. En 40 ans, la recette a dû rudement changer pour d’abord croiser des éléphants roses en mer et ensuite ne pas se souvenir d’avoir bouffé tant de Prince d’un coup.

Il arrête de secouer le paquet vide pour attraper celui de café.

[Zoom sur la main qui tient le paquet de café - plan fixe - musique hitchcockienne]

[puis zoom arrière quand on a la certitude, sans en connaître la raison, qu’il ne secouera pas le paquet de café]

3 cuillères dans le filtre de la cafetière italienne, une quatrième parce qu’il ne faut pas exagérer non plus, puis il escalade un peu plus agilement que la première fois les trois marches de la descente pour ajouter l’eau. Il ouvre le robinet. Ah oui, basculer d’abord l’interrupteur du groupe eau… Ce n’est pas gagné.
Puis il prend un allumette, la gratte une fois, puis deux, prend finalement une deuxième allumette. Il tourne le bouton du réchaud, approche la flamme du brûleur et finit par se brûler les doigts. Il recommence quand soudain la flamme jaillit. Non pas sur le réchaud, mais dans son cerveau pour l’heure encore reptilien. Si tu ne veux pas te brûler les doigts, il faut d’abord ouvrir la vanne sur la bouteille de gaz.

On l’entend marmonner en même temps qu’il glisse un bras dans le coffre que le coussin empêche d’ouvrir complètement : « mais qui est le c.. qui a inventé le matin ? »

[gros plan sur la cafetière]
[plan sur l’intérieur de la cabine où l’on voit le capitaine secouer la couette et remettre un peu d’ordre dans la cabine]
[on voit le capitaine lever la tête en direction de la caméra, son oeil se noircir]

- T’es quand même pas en train de filmer ça ?? Non mais ça va pas ? Tu crois que ça intéresse les copains de VCF ?

On voit la main du capitaine avancer vers l’objectif. La caméra bascule, filmant le seuil de la descente. Des éclats de voix. Au milieu d’un souffle audio, on perçoit un « Co..ard de jou#@liste ! toujours faire du sensationnel pour gonfler l’aud… ».  [Bruits non identifiés. Ecran noir]

[extérieur jour - contre-plongée subtile. On retrouve le capitaine en train de tremper un Prince dans son café au lait. On devine dans ses yeux le plaisir qu’il a à laisser fondre le biscuit dans la bouche. Au cadrage approximatif - l’image penche à droite, on devine que le caméraman n’est pas en grande forme. Au contraire, le capitaine lui l’est désormais totalement. Et c’est tant mieux, parce que après la douche, il aura besoin de toutes ses capacités mentales et physiques.]

[pano sur le port de plaisance - on voit deux ados discuter en marchant sur le ponton - voix lointaines]
- Tu as vu la blonde qui vient d’arriver…
- Ouais, mais dsl je crois qu’elle a flashé sur le mono.

C’est ainsi que va le monde, et que ce matin un gamin a décidé de devenir moniteur de voile aux Glénans.

[Pub]


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 11 Octobre 2022 11:28:07

Toujours aussi plaisant à lire   O0 ^-^ ...

ça me fait penser à ... https://www.youtube.com/watch?v=VvD5BJykzJg

VvD5BJykzJg

et puis , ...

...
C’est ainsi que va le monde, et que ce matin un gamin a décidé de devenir moniteur de voile aux Glénans.


A Quoi ça tient quand même une ... " vocation " :P :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 11 Octobre 2022 17:51:46
Que peut on mettre comme commentaire qui serait assez digne de cette idée farfelue? ... Bravo et merci  ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 12 Octobre 2022 06:35:36
tres tres agréable à lire....en buvant son café ;)
Mille mercis Eric


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 12 Octobre 2022 13:29:08
Après la poésie le shooting script mais où va t’il s’arrêter ?
En fait n’arrête pas on adore et on en redemande.

Merci Éric


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 12 Octobre 2022 16:36:22
Merci à vous... Maintenant il faut que j'écrive l'épisode 6 ! Y en a 12 au total.


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 12 Octobre 2022 18:41:21
Merci à vous... Maintenant il faut que j'écrive l'épisode 6 ! Y en a 12 au total.


Et le teasing maintenant  :D ;D

Vivement la suite


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 10 Janvier 2023 18:45:27
Bon, et bien 3 mois me semblent être suffisants pour avoir la suite ^:D O0 :P


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 11 Janvier 2023 08:21:24
3 mois ? ah oui quand même  :P


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 11 Janvier 2023 10:13:05
Bon, et bien 3 mois me semblent être suffisants pour avoir la suite ^:D O0 :P

Oui mais c'est vers l'infini ....
Donc on a le temps  :D :D :D :D :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 11 Janvier 2023 10:31:01
Restez connectés...  c'est pour bientôt !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 22 Janvier 2023 12:46:51
À la demande générale (JC promu général), voici la suite...

Sans doute sera-t-il utile de relire les épisodes précédents, ou au moins le trailer...



Épisode 6 - Bricolango


Je me suis couché très tard. J’ai d’abord rempli le journal de bord, reprenant mes notes. Puis j’ai passé un peu de temps sur la météo - bonne pour les trois prochains jours, puis je me suis un peu perdu dans les cartes marines de la région. Enfin j’ai recherché sur le web la façon de réparer mon bateau. J’ai bien sûr consulté les contributions de nos illustres bricoleurs. Ça m’a plutôt découragé : je n’ai que quatre trous à boucher, et faire sauter le pont comme Xavier l’a fait, pour reboucher par en-dessous, désolé, je n’en ai ni le courage ni les compétences.

Le point crucial pour bien dormir sur ce bateau, en tous cas pour dormir suffisamment longtemps, c’est d’arriver à occulter la descente translucide dont l’ouverture donne directement sur le lit. J’ai un rideau occultant que je fixe avec des pinces sur la cornière qui fait le tour de l’ouverture. Après plusieurs essais et les jurons qui vont bien, j’ai trouvé la bonne pratique : je positionne le haut du rideau sur le bord supérieur. Je pince le rideau sur la cornière avec deux petites pinces pour le bricolage en maintenant avec la tête le rideau plaqué sur la porte (c’est le seul moment où on est content de ne pas avoir plus de hauteur sous barrot).  J’attends cinq secondes pour être sûr que les pinces tiennent malgré le poids du rideau (prévoir quelques jurons). Toujours en maintenant le rideau de la tête, je le tends doucement vers l’arrière, et fixe deux pinces au niveau de l’arrondi de la descente. Là encore j’attends quelques instants avant de pincer le bas au niveau des marches. Bon, je n’ai que quatre pinces, je complète donc par deux pinces à linges, et j’en fixe deux supplémentaires en haut pour coller au maximum le rideau sur le plafond. Il faut savoir se montrer très sympathique et persuasif avec les pinces à linge qui ont une singulière tendance à s’inspirer des pois sauteurs de mon enfance, entraînant le tissu vers le bas, attirant d’autres pinces dans la chute, par au final déchaîner  un flot de jurons.

Le deuxième point crucial, c’est la ventilation. Je laisse tous les hublots ouverts. Je sais que Benoît-la-Grenouille veille sur la température de la nuit. Une fois sous la couette, il n’y a plus qu’à éteindre la lumière. Ah oui, l’interrupteur est de l’autre côté de la cabine. Faut que je me relève. Pas de juron, c’est ma faute. Je savais pertinemment que les concepteurs de l’aménagement intérieur n’avaient cepté que sur le tard…

Et puis les vagues de la journée ont bercé ma nuit. J’ai dormi comme un bébé, au moins jusqu'au moment où certaines pinces à linge ont fuit les rayons du soleil. Dès lors, j'ai plutôt somnolé, faisant au passage quelques cauchemars aux vertus cathartiques.

Je ne me souviens que de l'un d'entre eux. Je me réveillais dans le bateau, une caméra de France Télévisions pointée sur moi. L’équipe était là soi-disant pour un reportage sur la façon dont les Français passaient leur vacances à la recherche de fraîcheur en ces temps de canicule. En réalité, c’était comme ils en ont l’habitude, un faux-nez pour un Envoyé Spécial sur le pour cent de Français privilégiés qui brûlent beaucoup d'essence juste pour leur bon plaisir. Je me suis réveillé au moment où le caméraman, la journaliste et le technicien son (ils sont riches sur France Télévision) allaient finir à l’eau. Il faut croire que certains cauchemars véhiculent leur part de rêve.

Il est déjà huit heures, je me lève. Je passe un T-shirt, et me voilà face aux remparts de la Ville close. Il fait déjà presque chaud. Les coussins ne gardent d’ailleurs qu’une légère trace de la rosée qui s’est presque totalement évaporée. J’ouvre la vanne de gaz difficilement accessible si on décide de ne pas retirer le coussin du coffre, et je redescends préparer le café. Je sors trois Prince du paquet. Je secoue énergiquement le paquet vide : un quatrième et malheureusement dernier en sort. A un moment où tout augmente, il y a au moins une chose qui a baissé en 40 ans, c’est la taille des paquets de Prince…

Je m’installe à l’extérieur. Il est 8 heures 10, nous sommes samedi, j’attends que le café soit prêt. Ça prend un temps fou sur ce petit réchaud. J’ai donc le temps de réfléchir devant cette amarre qui ceinture le taud depuis hier et me rappelle le travail qui m’attend ce matin. Pff… Le ciel est bleu, avec juste ce qu’il faut de petits nuages pour faire une belle journée d’été. Ça y est, le café est prêt. Je déguste mes derniers princes en admirant devant moi les mâchicoulis qui jouent avec leur ombre sur les murailles de granit. La vie est belle quand même… En face de moi, un CC 6.5, avec un taud de camping, dont s’extirpent un papa, une maman et deux jeunes enfants en pyjama rayé bleu et blanc frappé d’une magnifique ancre rouge sur la poitrine…  Sans doute la famille Sardine au jeu des 7 familles. Je me demande comment ils font, moi qui trouve que seul dans mon 8.5 c’est un peu exigu.

Je vois peu de bateaux sortir. Au contraire de l’activité sur le ponton qui est soutenue. On y voit des gens à la mine hâlée portant des sacs lourds de souvenirs et de linge sale croiser des gens rasés de près portant des sacs de linge propre débordants de rêves. J’imagine que c’est la relève des équipages des Glénans. Plus tard, ce sera le va-et-vient des chariots mis à disposition à la capitainerie pour remplir la cambuse. Les discussions vont bon train. Surtout chez les plus jeunes qui se racontent volontiers leurs campagnes précédentes. A les entendre, je replonge avec bonheur dans le souvenir de moments semblables.

Vaisselle, douche, rangement de la cabine. Voici l’heure de vérité. Voici le moment où je vais chercher dans le coffre arrière le sac qui contient - entre autres - la boîte de mastic armé qui va me servir pour reboucher les trous. Oui, j’ai deux chantiers pour aujourd’hui : la serrure de la porte de la descente, et la fixation du cabriolet.

D’abord lire le mode d’emploi. Écrit en police 5, c’est pas fait pour les presbytes. Deuxième truc qui me…intrigue, comment je fais pour mettre trois pour cent de durcisseur dans une noisette de résine ? J’ai plein de trucs dans ma caisse à outils, mais pas de balance de précision… je mettrai au pif.

Et c’est ainsi que j’entreprends la réparation de la serrure. Je sors la perceuse/visseuse sans fil, l’équipe du foret-fraisoir que, par contre, j’ai dans ma boîte à outils. L’idée est d’éliminer la fibre cassée et de doter chaque trou d’un chanfrein qui devrait faciliter l’accroche de la résine.

C’est parti. Les équipages qui passent sur le ponton paraissent visiblement inquiets par ce fou jouant de la perceuse sur l’eau. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que des copains fous de la perceuse, j’en ai plein sur le fofo (Y en a même des pires). Alors poussé par l’exemple des copains,  c’est vrai que j’y vais de bon coeur pour découper les fibres arrachées vague après vague sur le Pont d’Yeu.

Je dépoussière; un peu d’acétone sur un chiffon; et voilà, l’endroit est dégraissé. Yapuka mettre les trois pour cents dans la noisette. Je touille, doucement, mais sûrement.

J’ai prévu de mettre un peu de fibre dans les deux tous et de charger avec le mastic, lui même déjà chargé en fibres.

Voilà, un peu de choucroute, je prends la spatule. C’est bizarre, le mastic n’est plus mou… Il est même dur. Bon, c’est reparti, je mets une plus grosse noisette et un plus petit trois pour cent. Cette fois-ci, j’arrive à boucher mon trou avant que ça durcisse, mais de peu ! Je laisse durcir en allant m’occuper de la fixation du taud.

Mêmes opérations, mais avec des trous plus gros et une encore plus grosse noisette. J’essaie de bourrer pour avoir de l’épaisseur dans laquelle visser, mais je ne ne me fais aucune illusion. je me contenterai du petit voile de fibre noyé dans le mastic. La réparation sera provisoire.

Alors que j’en ai plein les doigts, la maman du 6.5 sort de son bateau . Elle porte un legging rose fluo bien moins dans dans l’esprit du lieu que le pyjama de ses enfants. Elle déroule un tapis au coin du ponton, et entamme une séance de yoga. Je n’imaginais pas qu’on puisse se tordre avec le sourire autant dans ce sens. Dans ce sens là non plus… Et ça dure longtemps. Convaincu que cet exercice est une nécessité pour vivre à quatre sur un 6.5, je mesure alors l’avantage d’être seul sur un 8.5.

Tant que j’y suis, la jambe du taud a frotté sur le bord de la cabine, laissant une disgracieuse balafre dans le gelcoat. Je sors donc le sparadrap bleu, délimitant le champ opératoire, un tournevis en guise de scalpel pour inciser le long du sillon déjà creusé. Un petit coup d’abrasif, d’acétone, une noix de gelcoat, un peu de 3 pour cent, et c’est parti pour gommer cette ride…

(https://img.pccreation.net/photos/202301221123431952.JPG)

Photo 56 - Le champ opératoire.

Je profite du temps de polymérisation pour regarder ce qui se passe côté serrure. Ça me paraît avoir suffisamment durci. Je retire le scotch, ponce la surépaisseur.  Bon, on voit plus les trous. À la place, j’ai deux taches vertes, bien flush. Du coup je ne sais pas où je dois percer… Je suis quand même content de moi, j’ai bouché ces deux trous sans démonter le pont, comme quoi…

(https://img.pccreation.net/photos/202301221124234137.JPG)

Photo 57 - Il a deux trous verts sur le côté.


Et d’ailleurs Concarneau ne s’y trompe pas. Derrière les remparts, une sono a été installée çà mon insu et crache un Eye of the Tiger des familles. Des pétards, non ! un feu d’artifice est tiré. D’abord confus par ce que oh les gars, j’ai pas fini, j’accepte finalement ces encouragements. Avant de comprendre que tout ça c’est pour Le Cléach qui sort avec son Ultim…

Ouais bon,… lui il a des tas de gars qui lui dégonflent ses pare-bats, moi, y a personne. Donc c’est bien joli tout ça, mais j’espère que Concarneau saura me fêter aussi bien quand je partirai. Bref.

(https://img.pccreation.net/photos/202301221128376758.JPG)

Photo 58 - Je veux bien parler à mon banquier de la déco de la coque de mon futur bateau : Gilles, prépare-moi un Privilège 80.

Mon voisin de ponton a quelques soucis pour démarrer son moteur. C’est un Honda un peu vieillot, mais guère plus que le bateau. Contact, rien. Le propriétaire me confie qu’il est venu vérifier si son bateau fonctionne avant d’amener des amis cet après-midi, car le bateau… rentre de révision. Je ne demande pas le nom du CC, mais il est à Port-la-Forêt.
Je lui prête mon multimètre pour vérifier la tension : un peu faible mais pas à plat non plus. Sur mes conseils , il resserre les cosses… Et ça démarre. Et ça s’arrête. Et ça ne redémarrera plus. Pragmatique, le propriétaire fait appel à un ami, son CC à Port-la-Forêt, qui promet de passer dans l’après-midi. On n’a pas toujours les amis qu’on mérite.

Avec tout ça, ce qui est sûr, c’est que je n’aurais pas le prix Stakanov de l’année (pas certain, d’ailleurs, de vouloir aller le chercher dans le Donbass par les temps qui courent). En effet, c’est déjà l’heure du déjeuner… Je sors de la cambuse (sac de supermarché stocké sous le lit) les chips qui ont survécu à ma boulimie, et du frigo le thon fumé de l’île d’Yeu… Un petit coup d’acétone sur les mains pour éviter de coller tout ça au bout des doigts…

Et c’est parti pour un instant épicurien propice à la réflexion : le taud est-il nécessaire en Bretagne sud quand il ne pleut pas ? Je vous laisse travailler les contours de la problématique, utilitarisme versus relativisme perceptif; moi j’entame ma deuxième bouteille d’eau. Benoît, t’as pensé à débrancher le chauffage ? Sérieux, on est quand même bientôt mi-juillet ! Sans le taud, en plein soleil breton, je transpire tout ce que je bois.

Un fond de café réchauffé mais pas bouillu , et c’est repartu : je reprends l’ouvrage par la serrure et le pointage des perçages. J’enfonce les vis dans les trous du dormants, verrouille le dormant dans l’autre partie de la serrure pour, en présentant la porte, marquer précisément la position des vis. Pff… Sous la chaleur, les vis pendouillent. elles ont soif ! Bon. Heureusement il me reste quelques neurones suffisamment hydratés. Surgit donc  l’idée de génie qui consiste à faire un trait au-dessus du dormant, un autre au-dessous et un troisième devant, puis de présenter le dormant seul sur les marques pour pointer les trous. Et ça marche… Un petit coup de pointeau, je pré-perce, re-perce un peu plus gros, et ça y est, les vis vont pouvoir s’enfoncer avec un peu de couple et un peu de Sika pour étancher le tout. La serrure est en place.

(https://img.pccreation.net/photos/202301221135406188.JPG)

Photo 59 - Applaudissements !.

Au tour de la fixation du taud. Là, il y avait déjà la marque du temps qui n’a pas totalement disparue, alors c’est parti. Ah ! de l’ombre. Enfin…

Reste la réparation du gelcoat à poncer et polir. Je pars du 500 pour finir au 3000, de l’eau et de l’huile de coude, sous l’oeil goguenard des passants. Un peu de crème polish pour le rendu du neuf… Et ça brille. Magnifique. Je ferais bien sur ma lancée le reste de la coque, mais je préfère discuter un peu avec mon voisin qui est revenu attendre son prétendu ami, qui, puisqu’il l’attend, n’est pas encore venu.

Voilà.

Quant à la poursuite de la navigation aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence, c’est mort.

Alors je décide de regarder ce qui …

On se retrouve après la pub !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: argosea le 22 Janvier 2023 13:37:13
Je suis fan  :) ce forum révèle des talents et du vécu  ;) ;)

Encore, encore!

Yves


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: xabmay le 22 Janvier 2023 13:57:49
Comme d’habitude Eric, excellent et très agréable !!
Juste déçu que tu n’es pas démonté le pont mais bon…  ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 22 Janvier 2023 20:36:53
Merci Eric ... viiiiiiite la suite !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: capt.reg le 22 Janvier 2023 22:33:38
Bientôt 10 h d'interruption !
Au moins... sur France télévision la pub dure moins longtemps....  ;) :P


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 23 Janvier 2023 00:59:48

(https://img.pccreation.net/photos/202301221124234137.JPG)


Merci pour ce récit au style alerte, et cette prise de recul sur les événements ( en n'omettant pas les jurons !  :P )

Ce que j'aime bien, c'est le pictogramme sortie de secours   ;D  ...

Y'a le même dans les bureaux des concessionnaires JEANNEAU pour dire qu'il faut fuire ( AVANT de signer ) pendant qu'il en est encore temps  ?  :P ;D ...


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 23 Janvier 2023 08:49:38
Ca bien du bien!!!! :) :) :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: toby64 le 23 Janvier 2023 10:50:03
C'est très plaisant à lire 👍
Mais comme Xavier, je trouve que tu repares ça a la légère ! Pour ce 2 trous , un bon démontage du pont, c'est le minimum ! :)

A l'occasion, je serai interessé de connaître la raison du pourquoi des portes translucides !
Quels arguments ont ils , les concepteurs , pour ne rien prévoir pour les occulter !

( Même sur les voiliers , c'est parfois pareil ! )


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 23 Janvier 2023 12:34:13
Quel talent…..mais quel talent. Pour ma prochaine balade je t’envoie les photos quelques mots et tu transformes le tout en magnifique roman :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 23 Janvier 2023 15:24:45
Je vais un peu attendre avant de mettre un commentaire  :D ;D ^:(


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 23 Janvier 2023 15:34:37
Merci à tous pour vos encouragements. Oui, même à JC, sans tarder !

Pour ma prochaine balade je t’envoie les photos quelques mots et tu transformes le tout en magnifique roman :D

Ça pourrait être une expérience !


Juste déçu que tu n’es pas démonté le pont mais bon…  ;D

Mais comme Xavier, je trouve que tu repares ça a la légère ! Pour ce 2 trous , un bon démontage du pont, c'est le minimum ! :)

Je vous comprends... une prochaine fois, peut-être  :)

Encore, encore!

Merci Eric ... viiiiiiite la suite !

Bientôt 10 h d'interruption !
Au moins... sur France télévision la pub dure moins longtemps....  ;) :P

Ca arrive !


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 23 Janvier 2023 15:41:03

Ce que j'aime bien, c'est le pictogramme sortie de secours   ;D  ...

Y'a le même dans les bureaux des concessionnaires JEANNEAU pour dire qu'il faut fuire ( AVANT de signer ) pendant qu'il en est encore temps  ?  :P ;D ...

Malgré tous ses défauts qui ne sont quand même que des qualités qui ne seraient pas à la hauteur de nos espérances, moi je l'aime bien mon 8.5. Oui, même quand ça tape, même quand ça casse, même quand il est trop petit, même quand il est trop grand, je suis content de naviguer avec lui. :)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 23 Janvier 2023 18:47:17
Merci pour ce récit au style alerte, et cette prise de recul sur les événements ( en n'omettant pas les jurons !  :P )

Ce que j'aime bien, c'est le pictogramme sortie de secours  ;D  ...

Y'a le même dans les bureaux des concessionnaires JEANNEAU pour dire qu'il faut fuire ( AVANT de signer ) pendant qu'il en est encore temps  ?  :P ;D ...


Oui tous les Jeanneau en sont équipés !
On ne sait jamais, des fois qu'on loupe la sortie..... aa aa

Pas de doute, c'est un écrivain le Eric... :D :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 23 Janvier 2023 18:51:05
Épisode 6 - Bricolango (suite)

Il est déjà presque 15 heures. Comme je le disais, poursuivre la navigation aujourd’hui est illusoire.

Depuis mon départ de la Rochelle, mon traceur a rebooté sur plusieurs vagues. Soupçonnant quelque mauvais contact sur un connecteur, je décide donc d’exercer mes talents d’électricien.

Sur le 8.5, l’accès à la console s’effectue par le cabinet de toilette. Une trappe en plastique, d’un petit format A4, et vissée aux quatre coins, cache le fabuleux spectacle du câblage de l’électronique. Un chef d’oeuvre de l’art contemporain. Du rouge, et du noir.  Des impairs, et des manques.  Le message de l’artiste (le CC) est on ne peut plus clair : plaisancier, tu mesureras la chance d’avoir un tableau de bord qui fonctionne.

Les impairs, d’abord : le plus significatif concerne le Vesselview link. Il est placé sur la gauche, dans le renfoncement qui va vers la manette des gaz. C’est inaccessible. D’ailleurs, le boîtier n’est pas fixé par quatre vis comme il est prévu, mais il est suspendu à des nappes de câbles par trois Rilsans noirs. Mercury a prévu la mise à jour du logiciel par l’intermédiaire d’une mini-SD à insérer dans le boîtier. Ce que Mercury n’a pas prévu, par contre, c’est le conformiste de l’artiste qui a veillé à ce que le logo Mercury gravé sur la face reste lisible dans le bon sens (le haut en haut et le bas en bas pour qui parviendrait à le lire). À moins que ce que je prends pour du conformisme ne soit en réalité qu’un acte politique qu’exprime l’artiste qui nous interroge sur l’essence du bon sens, puisque en dépit du bons sens, en plaçant le logo dans le bon sens il place aussi la fente de la mini SD loin à l’arrière, empêchant ainsi toute mise à jour du VV link pour qui n’est pas contorsionniste 5 étoiles ou magicien. Alors, le beau est-il utile ?

Les manques, ensuite : paradoxalement, toutes ces longueurs excédentaires de câbles qui non pas été coupées, repliées sur elles-mêmes, saucissonnées dans ces Rilsans noirs, et qui frottent sur le capot de la descente quand elles ne servent pas de châssis à d’autres câbles ou équipements.  Et qui prennent une place de dingue dans cet espace qui en manque.
Manque également de repère sur les câbles, mais là encore, peut-être un message. Sur Dieu, peut-être, ou les chemins de la Vérité ? Je ne sais pas, je m’interroge encore aujourd’hui sur l’intention profonde de l’artiste. Peut-être qu’il faut chercher un début de réponse en comparant cette oeuvre contemporaine à la ligne claire des Targa ou Fjord.  Oui, la ligne claire plaît, par sa froideur, sa clinicité, sa simplicité qu’on ne retrouve pas sur mon 8.5. Oui ! cette simplicité qui ne questionne pas, c’est la différence fondamentale entre l’agréable - le Targa, et la Beauté  - mon 8.5.

Alors on revient toujours à la même question : la beauté est-elle utile ?

Peut-être un début de réponse avec ce fusible de type automobile, d’un ampère, caché dans un petite boîte noire sur un fil rouge. J’ouvre délicatement le couvercle, le fusible est grillé. Je cherche alors à quoi mène le fil rouge qui se perd dans un sens comme dans l’autre dans les méandres des autres câbles. Alors dans ma quête de Vérité, je change de stratégie. Je regarde ce qui ne marche pas. Mais ni la jauge, ni la VHF, ni le traceur, ni le rétro-éclairage, ni… ni rien d’autre d’ailleurs ne fonctionne pas. J’ai donc un fusible qui ne sert à rien. Et pourtant ! S’il a grillé, c’est qu’il a servi, et donc qu’il sert à quelque chose. Être ET ne pas être ? Serait-ce le secret de la beauté ?

Comment après tout cela vous expliquer que je n’ai pas de fusible d’un ampère de rechange ? Comment vous parler de ce relais de trim qui n’était fixé que par ses propres câbles ? Comment justifier que je n’ai pas trouvé de raisons qui expliqueraient que mon traceur n’aime pas les vagues ?

Je me contenterai de vous dire qu’après avoir essayé de refixer le relais avec la vis retrouvée au pied de la console, j’ai fini par l’accrocher à une nappe de câbles passant par là avec un bout de Rilsan. Ma contribution artistique à l’oeuvre se limite à la couleur du Rilsan. Blanc, c’est un acte d’une audace extrême, je l’avoue : ça soulage. Car je hais l’art contemporain.

(https://img.pccreation.net/photos/202301231309207166.JPG)

Photo 60 - Contrairement à d’autres, c’est juste le relais du trim qui avait tendance à descendre tout seul.

Je ne sais pas si c’est à cause de toutes ces émotions ou si c’est le laisser-aller de Benoît qui entame son premier week-end de vacances, mais je transpire bien plus que les trois bouteilles d’eau ingurgitées depuis ce matin. Je décide donc d’aller prendre une douche avant de me mettre en quête de ce fusible d’un ampère. Sortant du bateau, je vois avec un peu d’appréhension que mon voisin est avec son CC. Ils sont tous deux penchés sur du Honda récalcitrant, le capot gisant sur le ponton. En me voyant, le voisin me demande si je peux lui prêter mon multimètre… Il a visiblement affaire à un autre artiste.

Bon. Une douche inutile. Le bloc sanitaire de la capitainerie tient du hammam, et je ressors de la douche encore plus humide que sous la douche elle-même.

De retour au bateau, un petit groupe s’est arrêté juste devant Kalango et regarde avec intérêt le franc-bord. Je suis inquiet, mon bateau coulerait-il ??? Mon arrivée déclenche une salve - oui, n’ayons pas peur des mots - de félicitations pour cette réparation réussie. Le taud a survécu à cet après-midi, le gel-coat brille encore. Je cache mal ma fierté en les remerciant sobrement. Mais ça y est, je suis le Xavier du ponton. Celui qu’on vient voir pour se persuader qu’on saura faire. Puisqu’il l’a bien fait, lui.

Mais mieux que Xavier, ma réputation devient vite internationale, puisque dans la foulée je reçois la visite d’un voileux dans le plus pur style vieux loup de mer, barbe hirsute et cheveux au vent même s’il n’y a pas de vent, qui dans un accent irlandais parfait me demande s’il peut emprunter ma perceuse sans fil… Voyez-vous, voilà qui se présente devant moi un homme qui a dû passer le Fastnet, le Four, la Pointe du Raz et c’est à moi, moi qui n’ai vu ma fin que dans le misérable clapot d’un mètre sur le Pont d’Yeu, qu’il demande la perceuse… À moi ! Comment ne pas être flatté ? Surtout que quand il me la rapportera, ce sera au tour de mon voisin à tribord, à l’accent de Charleroi (un accent belge, pas québécois, pour nos amis du sud qui ne connaissent pas au-delà des quartiers sud d’Avignon), de venir emprunter la perceuse.

Je prendrai quand même le temps d’aller chercher un fusible d’un ampère. Le plus petit fusible au format auto disponible dans le ship derrière l’arrière port est de deux ampères. Alors faute de grives, il faut bien manger des merles. C’est donc un fusible de deux ampères qui remplacera celui d’un ampère.
Je profiterai ensuite de la fraîcheur des glaçons d’une menthe à l’eau pour parcourir une revue d’art : les 30 voiliers qui ont changé la voile. Pas un mot sur les innovations électriques, les voileux ne savent pas ce qu’ils manquent.

La soirée se terminera sans encombres autour d’une crêpe (en fait deux, mais chut !) et d’un bon pichet de cidre frais, suivis d’un peu de lecture la nuit tombée dans le cockpit enfin rafraîchi, protégé des étoiles par un taud qui désormais trône crânement sur une oeuvre d’art.

(https://img.pccreation.net/photos/202301231422211175.JPG)

Photo 61 - La navigation du jour.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: toby64 le 23 Janvier 2023 19:04:54
Si tu commences à lire des revues de voiliers , et si tu es convaincu que les voiliers n'ont pas de problèmes électriques, ça sent l changement sous peu ! :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sveti le 23 Janvier 2023 19:07:52
C'est exquis !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 23 Janvier 2023 19:24:07
Bon comme tu enchaines je vais t'avouer qu'il me faut lire tes essais deux fois pour en tirer la substantifique moelle et du coup quel régal !!! Merci beaucoup.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 23 Janvier 2023 19:30:31
Quel conteur !!!


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: stephane le 23 Janvier 2023 19:57:23
Bon comme tu enchaines je vais t'avouer qu'il me faut lire tes essais deux fois pour en tirer la substantifique moelle et du coup quel régal !!! Merci beaucoup.
deux fois à la suite ou avec un laps de temps entre les 2 lectures,  nécessaire et suffisant pour la compréhension JC :D ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: premoue le 23 Janvier 2023 20:09:15
Excellent, un régal Éric !!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Christophe79 le 23 Janvier 2023 22:14:15
Microsoft veut révolutionner Bing et détrôner Google grâce à ChatGPT... Tu devrais développer ta propre application qui détrônerait l'IA par les nuances de greys qui émanent de tes proses poétiques.
Choisis bien le nom de cette merveille car elle promet un carton sur l’App Store !  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 23 Janvier 2023 22:31:42
Excellent, un régal Éric !!

On dirait du Jean Rochefort quand il était "récitant" ( en plus d' etre acteur ) dans "un éléphant çà trompe.." et "on ira tous au paradis" ...

La grande classe, quoa !

Et j'aime bien les "subtilités saupoudrées" en toute discrétion ...  çà et là   :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Jean luc 24 le 24 Janvier 2023 00:28:40
C’est l’heure de la deuxième pub  ;D ;D ;D Éric
👏👏👏


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 24 Janvier 2023 08:18:39
Je ne sais même pas si Pierre Bellemare aurait aussi bien conter son histoire. 

Génial et merci Eric  d’avoir pris du temps pour nous partager tout ça .  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 24 Janvier 2023 08:29:14
Quelle navigation digne de B. Moitessier :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: carrera993s le 24 Janvier 2023 08:52:57
En fait tu es parti combien  de jour.....pour resumer ;D


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ziak31 le 24 Janvier 2023 13:32:09
En fait tu es parti combien  de jour.....pour resumer ;D

Non Domi, la question serait plutôt : Tu as navigué combien de temps en réalité??? aa
Superbes récits Eric, merci pour ce partage passionnant et bien écrit (décrit)... aa


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 24 Janvier 2023 14:18:39
Vous êtes tous trop gentils avec moi  :-[ :) Je suis ravi que ça vous plaise.

Microsoft veut révolutionner Bing et détrôner Google grâce à ChatGPT... Tu devrais développer ta propre application qui détrônerait l'IA par les nuances de greys qui émanent de tes proses poétiques.
Choisis bien le nom de cette merveille car elle promet un carton sur l’App Store !  ;)

En fait j’ai demandé à GPT de “raconter ma navigation dans le style de Kalango”…  :)
Pour les prochains épisodes, je préciserai … “et pour que JC passe moins de temps à lire” :P

En fait tu es parti combien  de jour.....pour resumer ;D

5 jours, y compris avec la relâche à Concarneau, qui est le jour 3.
Tout ça pour dire qu’il y a d’autres épisodes prévus ! Je vais essayer de les faire plus courts pour que la lecture prenne moins de temps…

Non Domi, la question serait plutôt : Tu as navigué combien de temps en réalité??? aa

Un peu plus d’une vingtaine d’heures… faudra que je compte, même si quand on a aimé, on ne compte pas!

C’est l’heure de la deuxième pub  ;D ;D ;D Éric
👏👏👏


Non non, là c’était la fin d’un épisode. Pour la suite tout de suite, il faut aller sur Salto. Mais c’est payant :)

Quelle navigation digne de B. Moitessier :)

C’est gentil, mais je ne suis qu’à Concarneau… et sans spoiler, je vais retourner à La Rochelle sans fuir en Polynésie (le lâche!) :)



Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 24 Janvier 2023 15:01:50
Vous êtes tous trop gentils avec moi  :-[ :) Je suis ravi que ça vous plaise.

...
Tout ça pour dire qu’il y a d’autres épisodes prévus ! Je vais essayer de les faire plus courts pour que la lecture prenne moins de temps…


Ah  NON !  :-X :(  ....  AUCUN   RACCOURCISSEMENT du récit ne sera accepté  O0


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 24 Janvier 2023 15:04:01
Ah  NON !  :-X :(  ....  AUCUN   RACCOURCISSEMENT du récit ne sera accepté  O0

Chaque épisode sera plus court, mais du coup y en aura plus !


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: belmk le 24 Janvier 2023 15:21:52
Ah  NON !  :-X :(  ....  AUCUN   RACCOURCISSEMENT du récit ne sera accepté  O0

euuuhhhh..... à propos de récit raccourci......michel ??  :'( :'( ;D ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 24 Janvier 2023 18:19:50
euuuhhhh..... à propos de récit raccourci......michel ??  :'( :'( ;D ;D

Mon débarras de hangar se passe bien,   ... Merci !   :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: white hunter le 26 Janvier 2023 15:41:20
Ô Eric, bon dieu quel récit homérique sans même prendre le large !!! Terrible  :D :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: lefailhal le 26 Janvier 2023 17:46:10
Quel récit enchanteur ! Succulent ! Merci.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: BAKALAU le 26 Janvier 2023 18:31:25
Super récit.... haletant... juste dommage que les pubs soient si longues ......  ;) :D ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 27 Janvier 2023 12:39:28
Episode 7 - Un jour au paradis : l’enfer

Cette journée commence mal.
 
Mais avant, je vous dois de lever le suspense sur le but de mon voyage. Je suis parti en quête des demoiselles du Guilvinec.

Certains, je le sais, l’oeil grivoisant, je ne citerai pas les noms, voient déjà le tableau : le Guilvinec, son charmant port de pêche aux mornes berges plantées d’oriflammes, aux marins qui chantent les rêves qui les hantent et boivent et re-boivent à la santé des demoiselles qui leur donnent leur joli corps ,voire leur vertu, pour une pièce en or. Dans le port du Guilvinec, …

Ceux qui s’ imaginent que je vais conter (voire chanter) les tribulations d’un matou en plein #meetoo se trompent.

Non pas que le port du Guilvinec ne soit pas charmant? Ni qu’il n’y ait pas de marins. C’est au contraire un de ces lieux posés dans un décor majestueux : pas tout à fait au bout du monde, mais déjà loin du tumulte des villes, l’infini commence ici, dans ce lieu où la mer se brise, où les rochers sifflent dans le vent, où s’exprime la force de la nature. Dans ce port qui est le premier port de pêche artisanale de France, s’activent ces hommes (et des femmes aussi) qui chaque jour vont et viennent avec leurs bateaux aux couleurs vives, déchargeant leur pêche, avares de leurs mots, sous les hurlements des mouettes rendues folles.

Ici, pas de yacht somptueux. Les plaisanciers sont d’ailleurs relégués au fond du port et ne sont pas autorisés à sortir quand la flottille des pêcheurs rentre en fin de journée. Ici, l’authenticité, l’humilité, le respect n’ont pas encore capitulé devant le bling-bling. 

Quant aux demoiselles du Guilvinec, la méprise va vite se dissiper : c’est le nom donné aux langoustines qui sont débarquées ici, toute frétillantes d’une belle promesse, celle de faire frétiller nos papilles de leur saveur subtilement iodée, subtilement sucrée… À consommer sans modération ! Voilà donc les demoiselles du Guilvinec. Voilà mon but.
 
Le problème, c’est que la cuisine de Kalango n’est pas conçue pour cuisiner, elle est juste prévue pour réchauffer une soupe de poissons et faire le café.  Mais à tout problème il existe une solution : il suffit d’aller à la poissonnerie ‘le Dundee’, à deux pas du port, juste derrière l’abri du marin. Les demoiselles y sont vendues fraîches bien sûr, mais le patron les cuit aussi (et les vend) avec le savoir-faire d’un trois-étoiles : et c’est un ré-gal. Un régal qui justifierait de braver les tempêtes et de défier les korrigans ? Oui, oui, oui, oui. Ce genre de régal.
 
Mais voilà. Nous sommes dimanche. Et le dimanche, si c’est jour de messe, c’est aussi le jour de fermeture du Dundee. Le matin aussi ? Oui, le matin aussi. Fechado, geschlossen, closed, serret. Fermé ! C’est ce que je viens malheureusement de découvrir sur le web. Et si c'est dit sur le web...
 
Voilà comment ce dimanche le monde s’écroule autour de moi. Arrivé aux portes du paradis, c'est une descente aux enfers. En plus, y a plus de Prince…


(https://img.pccreation.net/photos/20230124093003773.JPG)

Photo 62 - « N’ai-je donc tant vogué que pour cette infamie ? ».  Le Pacha — acte I, scène 4
 

C’est donc au bout du quai, à la terrasse d’un hôtel-bar-restaurant quasi désert, qu’on retrouve le capitaine désillusionné, trempant son chagrin dans un grand-crème où surnagent les miettes d’un croissant avalé sans y avoir prêté attention. Mais… Mais c’est sans compter sur le soleil généreux que Benoît-la-Grenouille a convoqué pour l’occasion, et dont la chaleur matinale a vite fait de redonner l’énergie nécessaire à ce valeureux capitaine : il l’a décidé, il appareillera pour Bénodet. Et comme pour consacrer ce second départ, cette renaissance, cette résurrection en sorte, notre capitaine commande un second crème et trouve fameux son deuxième croissant offert par la maison (il devait vraiment faire pitié, le pauvre). L’histoire retiendra sûrement le nom de cette terrasse : l’hôtel des Grands voyageurs. Il est heureux que la taverne des Korrigans n’offre pas de petit-déjeuner le matin… Qui sait sinon ce qui se serait passé par la suite…
 
Le choix de Bénodet est le choix de la raison. J’ai hésité longuement à poursuivre vers Sein, un autre de mes rêves. Les conditions sont pourtant idéales aujourd’hui pour traverser le raz. Peu de houle, pas de vent, des coefficients moyens. Mais aller à Sein, ça veut dire pousser jusque Brest, ça veut dire profiter de la beauté des côtes de l’Iroise. Ça veut donc dire au moins deux jours de plus et le retour de la houle d’un bon mètre dans le raz pour le retour. On n’est pas là non plus pour se faire mal …

Bénodet donc. Un esprit taquin, voire moqueur – oui ça existe, dirait que c’est une navigation pour plaisancier du dimanche. En effet, dans les conditions du jour, ce n’est pas très compliqué : il fait un temps de curé (bon on va peut-être arrêter de remuer le couteau dans la plaie..), quasiment pas de vent, les coefficients de marée de 60 sont suffisamment faibles pour qu’il n’y ait pas de courant non plus. Bref, en suivant le balisage, qui est très complet dans cette zone, les 12 nautiques qui séparent Bénodet de Concarneau seront parcourus en trois petits quarts d’heure tout au plus, auxquels il faut, bien entendu, ajouter les mouvements dans les ports.
 
(https://img.pccreation.net/photos/202301271024318065.JPG)

Photo 63 - C'est sûr, le Petit-Poucet s'est perdu dans le coin
 
Une fois sorti du chenal bien balisé de Concarneau, on file vers la cardinale est « Linuen » au large de la pointe de Beg Meil, puis on continue quasiment au même cap vers la cardinale sud « La voleuse » qui protège les rochers de la pointe de Mousterlin. Là, on peut remonter au 320 pour arriver à l’embouchure de l’Odet, entre la pointe du Toulgoët à bâbord et celle du Coq sur tribord, ou allonger un peu en prenant un cap intermédiaire, entre 285 et 300 degrés, pour intercepter l’alignement des deux phares de Bénodet. Cette dernière alternative serait préférable si la météo venait à se dégrader. On ne sait jamais, on est en Bretagne.
 
Une fois entré dans l’Odet, il faudra naviguer au milieu des bateaux au mouillage pour rejoindre le port de Bénodet situé à un peu plus d’un demi-nautique en amont, sur la rive gauche de la rivière.
 
(https://img.pccreation.net/photos/202301270944034893.JPG)
 
Photo 64 - Toujours un log de compétition. Clair, net, précis.

Il est 11h10 quand Kalango largue ses amarres. La manœuvre de départ n’est pas si simple en solo. Le bateau est amarré bâbord le long d’un long ponton. À tribord, il y a un Océanis 393 qui fait trois bons mètres de plus que le 8.5, et derrière il y a un gros Flyer qui ne me permet pas de reculer aussi loin que je le souhaiterais. Et pour faciliter la manœuvre, si l’amarrage est à bâbord, le poste lui est situé à tribord. Un vent léger porte sur le ponton, soufflant de l’avant du tribord. Dans ces conditions, il faut d’abord reculer en évitant de frotter, puis culer vers tribord sans avoir la possibilité de placer une défense mobile sur l’étrave…
 
Ne la sentant pas trop, j’opte finalement pour une manœuvre légèrement différente : d’abord reculer parallèlement au ponton, puis en étant dégagé de l’arrière du voisin, barre à tribord, moteur tribord en marche arrière lente pour m’éloigner du quai sans trop basculer l’étrave vers le quai. Le succès résidera dans les quelques petits coups de fouets en avant sur le moteur bâbord qui devraient permettre de rester le plus parallèle au quai sans trop reculer… Mouais, ça marche bien sur le papier … sur l’eau, à chaque petit coup de fouet, j’attire surtout le regard inquiet d’un voileux supplémentaire. Peu sensibles aux charmes de la bi-motorisation, ils m’observent comme un merle guette un chat, vaquant à leur oisiveté de plaisancier, mais prêts à bondir si je devais trop m’approcher.

Après cinq ou six de ces coups de moteur bâbord, j’arrête la manœuvre. J’ai assez de place désormais pour faire un quart de tour sur place. D’autant que j’ai fait le plein de spectateurs. Barre au centre. Moteur gauche en avant, Moteur droit en arrière. Et ça tourne doucement. Oui, enfin, c’est sans compter sur le vent, léger mais obstiné, qui me pousse doucement vers le quai.

Ce qui devait arriver arriva. Avant d’avoir achevé mon quart de tour, je dois pousser les deux manettes en avant, le ponton s’approchant un peu trop des moteurs. Un poil de gaz, pas du genre violent, seulement empreint d’autorité. Il s’est à peine entendu, mais il me propulse tout droit en direction des spectateurs qui se sont amassés aux balcons pour profiter du spectacle. Déjà une gaffe se dresse devant moi, j’en vois une deuxième surgir. Mais, aidé par le moteur tribord passé en légère marche arrière, je salue le public au plus près. Je m’éloigne. Le rideau tombe. J’attends le rappel qui ne viendra pas : j’aurais dû le savoir, la tragi-comédie est un genre qui ne convient pas au one-man-show. Faudrait que j’essaye le stand-up, là c’est sûr, en paddle j’aurais fait rire le public.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sveti le 27 Janvier 2023 12:58:39
Toujours aussi plaisant et charmant ;)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 27 Janvier 2023 13:00:38
Toujours aussi plaisant et charmant ;)
Cela mon convient donc pareil voir +1  :D :P


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 27 Janvier 2023 13:42:06
Quelle belle aventure, le tout avec une prose d'académicien !  :D :D
On ne se lasse pas ....  :) :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Jean luc 24 le 27 Janvier 2023 14:12:39
Bravo 👏 pour le récit et c’est sur que lorsque la manœuvre devient compliquée il y a du monde au balcon  ^:D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 27 Janvier 2023 14:26:04
Jolie narration !

On en redemande ... encooorrrreeee !!!!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 27 Janvier 2023 14:41:27
Toujours aussi bien narré, toujours aussi agréable à lire et relire pour tout prendre,…..et toujours jaloux de ne pas posséder le même don, même si la moitié suffirait à mon bonheur.
Et en plus les annotations sur la carte et le journal de bord pour agrémenter le tout  8)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: toby64 le 27 Janvier 2023 16:56:57
Question de bleu, comment fais tu tes relèvements ? Au compas ( mais ça ne doit pas êtres très précis ) avec des jumelles a compas intégré ( c'est bien ça ? ) Ou autre ?


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 27 Janvier 2023 18:09:04
....

Il est 11h10 quand Kalango largue ses amarres.
La manœuvre de départ n’est pas si simple en solo.
Le bateau est amarré bâbord le long d’un long ponton.
À tribord, il y a un Océanis 393 qui fait trois bons mètres de plus que le 8.5, et derrière il y a un gros Flyer qui ne me permet pas de reculer aussi loin que je le souhaiterais.
Et pour faciliter la manœuvre, si l’amarrage est à bâbord, le poste lui est situé à tribord.
Un vent léger porte sur le ponton, soufflant de l’avant du tribord.
Dans ces conditions, il faut d’abord reculer en évitant de frotter, puis culer vers tribord sans avoir la possibilité de placer une défense mobile sur l’étrave…
 
Ne la sentant pas trop, j’opte finalement pour une manœuvre légèrement différente :
d’abord reculer parallèlement au ponton, puis en étant dégagé de l’arrière du voisin, barre à tribord, moteur tribord en marche arrière lente pour m’éloigner du quai sans trop basculer l’étrave vers le quai.
Le succès résidera dans les quelques petits coups de fouets en avant sur le moteur bâbord qui devraient permettre de rester le plus parallèle au quai sans trop reculer…
Mouais, ça marche bien sur le papier … sur l’eau, à chaque petit coup de fouet, j’attire surtout le regard inquiet d’un voileux supplémentaire.
Peu sensibles aux charmes de la bi-motorisation, ils m’observent comme un merle guette un chat, vaquant à leur oisiveté de plaisancier, mais prêts à bondir si je devais trop m’approcher.

Après cinq ou six de ces coups de moteur bâbord, j’arrête la manœuvre.
J’ai assez de place désormais pour faire un quart de tour sur place. D’autant que j’ai fait le plein de spectateurs.
Barre au centre. Moteur gauche en avant, Moteur droit en arrière.
Et ça tourne doucement. Oui, enfin, c’est sans compter sur le vent, léger mais obstiné, qui me pousse doucement vers le quai.

Ce qui devait arriver arriva. Avant d’avoir achevé mon quart de tour, je dois pousser les deux manettes en avant, le ponton s’approchant un peu trop des moteurs.
Un poil de gaz, pas du genre violent, seulement empreint d’autorité.
Il s’est à peine entendu, mais il me propulse tout droit en direction des spectateurs qui se sont amassés aux balcons pour profiter du spectacle.
Déjà une gaffe se dresse devant moi, j’en vois une deuxième surgir.
Mais, aidé par le moteur tribord passé en légère marche arrière, je salue le public au plus près.




et le "pire" dans tout cela, c'est que les spectateurs à 95 % auront pensé que tu as eu un coup de "bol"  :'( , alors qu'en fait c'est SIMPLEMENT

1 - du ... "METIER"

2 - de la "MAITRISE"

moi je dis  ...  B R A V O   au  Capitaine  !

 

Je m’éloigne.
Le rideau tombe.
J’attends le rappel qui ne viendra pas : j’aurais dû le savoir, la tragi-comédie est un genre qui ne convient pas au one-man-show.
Faudrait que j’essaye le stand-up, là c’est sûr, en paddle j’aurais fait rire le public.


On avait TOUS les ingrédients pour une belle tragédie

- unité de lieu

- unité d'action

- unité de temps


avec ... en plus  du  PUBLIC   ^-^

paraphrasant la citation " LE  SILENCE  QUI  SUIT  DU  MOZART, ... C'EST  ENCORE  DU  MOZART ... "


J'affirme que " LE  SILENCE  QUI  SUIT  UNE  BELLE  MANEUVRE, ... C'EST  LA  PLUS  BELLE  DES  OVATIONS  !  ^-^ ... "



Ne dit-on pas .... qu'une maneuvre réussie, c'est déjà une catastrophe évitée ?   :P

 :D :D :D


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 27 Janvier 2023 18:16:50
Question de bleu, comment fais tu tes relèvements ? Au compas ( mais ça ne doit pas êtres très précis ) avec des jumelles a compas intégré ( c'est bien ça ? ) Ou autre ?

Je suis mes caps au compas : une fois sur le bon cap, je trouve un nuage, une voile au loin, et je vise... On va me dire, que les nuages et les voiliers ça bouge... Oui, mais s'ils sont suffisamment loin, ils ne bougent pas beaucoup, en tout cas moins que mes variations de cap en navigation. Alors régulièrement, je change de repère.

Pour les flanquements, j'ai simplifié en ne prenant que des repères sur le travers (90°). J'arrive sans compas à me dire qu'un amer est suffisamment à peu près sur mes 90°. A bâbord, c'est plus simple, j'ai un repère sur le pare-brise, à tribord, c'est au pif éduqué !

Pour prendre au compas de relèvement, il faut reconnaître que ça bouge beaucoup nos petits bateaux. Le compas plastimo est assez lisible, ...si tu n'as pas besoin de lunettes. Il faut collimater à la fois à l'infini et à 4 cm.... Avec mes jumelles, en solo, c'est plus compliqué, ça bouge 8 fois plus !

Donc c'est pour ça que je me limite aux amers à 90° de part et d'autre de la trajectoire.

Le dernier point pour la navigation, en dehors du maintien de cap, c'est la montre. En ayant la vitesse la plus constante possible, cad, si on veut le moins dépendre du GPS, la manette des gaz affichant les RPM les plus constants, je calcule mon facteur de base (bien connu des aviateurs, à 24 kts, il suffit de diviser la distance par 4 et multiplier par dix pour avoir la durée en minute). Ca me permet de connaître mon temps de passage aux waypoints. Je place quelques points intermédiaires sur des legs un peu longs notamment avec ces amers croisés par le travers. Et c'est bonnard. Si je suis en avance en ayant gardé une vitesse "constante", c'est que j'ai pris une route qui me rapproche trop de l'amer, et le contraire bien sûr si je suis en retard. 

Voilà un petit exemple de la précision à laquelle on peut arriver par beau temps (trace enregistrée par TZ sur iPad): pour prendre le passage de la Teignousse, j'ai tourné 600 mètres avant ce qui était prévu, après un bord de 47 nautiques. Ca fait moins de 1%, et j'ai eu d'excellentes raisons de me tromper... Donc ça me va !

(https://img.pccreation.net/photos/202301271714502129.JPG)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 27 Janvier 2023 18:21:07
Cela me rappelle fortement la carte du permis hauturier en 2004.... :)
En 2016 j'y suis allé pour de bon (pas avec la carte du permis hauturier)  :D :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 27 Janvier 2023 18:35:26
En plus avec TZ tu peux comparer tes propres notes manuscrites ( cap vitesse distance etc…..) avec le journal de bord de TZ


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: premoue le 27 Janvier 2023 23:59:24
Toujours superbe Éric… en te lisant, je me suis senti rassuré : tu n’étais pas si seul que ça… dans ta tête 🫣😉

Encore, encore !!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 28 Janvier 2023 08:47:56
Le petit délice du matin ... la lecture de tes récits, merci Eric :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: lefailhal le 28 Janvier 2023 10:39:16
Effectivement, cette carte me rappelle quelques souvenirs ....la mienne était tellement usée que j ai du en acheter une autre pour l'examen... ;D ;D ;D

Encore merci Eric pour ce récit.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: white hunter le 28 Janvier 2023 19:38:39
Très bon !!!!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Jean luc 24 le 28 Janvier 2023 22:56:19
Un vrai viking  ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 21 Février 2023 01:48:30
Episode 8 - Un jour au paradis : aux portes du paradis

Je vous avais laissé  dans le port de Concarneau, décidé à naviguer jusque Bénodet. Douze nautiques pour atteindre les portes du paradis.

Sorti du port, je rentre mes pare-bats à l’endroit où je les avais sortis en arrivant, c’est à dire devant l’anse de Kersaux. J’ai désormais bien pris le pli pour réaliser cette manœuvre seul à bord. Je commence par m’occuper des deux du devant et de l’amarre généralement laissée sur le taquet avant. C’est l’opération la plus longue. C’est pour ça que je commence par l’avant, car je me suis assuré d’avoir de la marge pour laisser le bateau dériver le temps de défaire ces trois noeuds. En les groupant, ça m’évite un ou deux allers-retours sur un passavant pas très large. Puis je m’occupe du pare-bat bâbord au milieu. S’il n’y a pas besoin de replacer le bateau à cause du trafic ou d’un caillou, je le fais en passant, sinon je pose mon butin, repositionne le bateau, et repars à la pêche aux pare-bats.  Je finis par le pare-bat du milieu à tribord. Le passavant n’est pas très large, c’est plus sécurisé depuis le poste de pilotage. Mais il faut prendre garde à ne pas toucher la manette des gaz en voulant attraper le bout… Il ne reste plus qu'à accrocher les pare-bats par paquet de trois, de lover les amarres, et c’est parti pour ces 12 nautiques.
 
(https://img.pccreation.net/photos/202302201923111440.JPG)

Photo 65 - Dernier regard sur Concarneau. À gauche, la station de l’Ifremer


(https://img.pccreation.net/photos/202302201923132531.JPG)

Photo 66 - Dans le chenal, au loin, le sémaphore de Beg-Meil

Il y a du monde sur l’eau, mais c’est pourtant calme, très zen. Je ralentis pour ne pas déranger un 4 de couple qui glisse sur l'eau en roulant ses pelles.  La baie est assez grande pour n’être pas les uns sur les autres et assez resserrée pour garder un petit côté cosy. C’est peut-être là une bonne description du charme de la Bretagne.

(https://img.pccreation.net/photos/202302201923153885.JPG)

Photo 67 - Ça rame un peu : sans doute un peu vieux pour envisager une montée de version.
 
Sur la droite, derrière les rochers de Men Cren et Pen Ar Vaz-Hir, on devine l’entrée de la marina de Port-la-Forêt. De là, en descendant vers le sud, la grande plage finit par s’évaporer dans une multitude de petites plages au sable clair, séparées par des rocher et surmontées d’un bocage d’où émergent quelques toits d’ardoise aux murs blancs. Puis Beg-Meil et son sémaphore. Devant, un peu à gauche, l’île aux Moutons, son phare, puis encore un peu à gauche et plus loin devant, les Glénan, qu’on devine à ses voiles blanches et ses rêves d’ados.…
 
(https://img.pccreation.net/photos/202302201923161884.JPG)

Photo 68 - Men Cren, Pen Ar Vaz-Hir, au fond, Port-la-Forêt.

La mer est douce. À 5 nœuds, on entend le cloc-cloc rassurant qu’elle fait en jouant sur la coque. L’air est léger, le soleil déjà haut mais pas brûlant, l’atmosphère apaisée.  Il flotte comme un parfum de sérénité, ou plutôt il se dégage de ces remparts, de ces rochers et de ces forêts ce je ne sais quoi, comme une force qui maintiendrait les éléments et le temps dans un équilibre qui s’appellerait le bonheur. Oui, je profite d'être là. Je regarde à droite, je regarde à gauche, je respire l'iode, ouah !
 
(https://img.pccreation.net/photos/202302201923189114.JPG)

Photo 69 - « Vras » qui veut dire poulet visiblement. Label rouge forcément.

Perdu dans mes pensées, arrive déjà la bouée Lué Vraz, puis la cardinale Linuen. 40 degrés à droite, vers celle de la Voleuse. Quatre nautiques, à 23 nœuds, c’est dix minutes de navigation le long d’une seule et même plage de sable clair. Elle est si grande qu’elle prend différents noms sur ses quatre nautiques…. La navigation est douce et tranquille. Kalango grave son sillon blanc sur la mer bleue, le long de la côte, à bonne distance des cailloux qui la défendent. Les deux L4 s’entendent à peine. Et c’est déjà la pointe de Mousterlin et son plateau rocheux qui s’avance vers le sud. Derrière elle, sur la droite, s’ouvre déjà l’anse de Bénodet : deux grands cordons dunaires devant une forêt qui forment un arc d’une dizaine de kilomètres de long, et au milieu, à l’endroit où on ne voit que la forêt, c’est l’embouchure de l’Odet. C’est là que se cachent Bénodet et Saint-Marine, et plus loin mais pas si loin, Quimper. Sur la gauche, au bout de l’arc, la pointe de Langoz, Loctudy et l’île Tudy : entre ces deux derniers coule la rivière de Pont-l’Abbé… La Cornouaille… un parfum de légendes de bout du monde… Bienvenue au paradis.

(https://img.pccreation.net/photos/202302201923191535.JPG)

Photo 70 - L’anse de Bénodet : j’aurais sans doute pu deviner qu’il fallait prendre un peu plus à gauche…

Je navigue à vue, avec pour seul compas le grand phare de Bénodet. Blanc avec sa lanterne verte, il domine la ville et la baie depuis le sommet de sa colline, établi sur la rive gauche juste à l’embouchure de l’Odet. En vérité, je ne suis plus du tout à ma navigation : je devrais être sur l’alignement du grand phare par un plus petit, mais j’en suis bien loin. Emporté par la magie du lieu, je suis l’alignement du phare par un autre bâtiment blanc… Il ne faut pas croire qu’au pays de la coiffe bigoudène, blanc bonnet et bonnet blanc soient pareils…

Je ne m’en rends compte que lorsqu’apparaît à bâbord une latérale tribord. Un coup d’œil sur la carte confirme qu’il s’agit de la latérale « Les Verrès » que je ferais mieux de laisser à tribord si je ne veux pas finir la journée sur les rochers qui débordent la pointe Saint-Gilles… Le paradis serait-il pavé de mauvaises intentions ? 11H57.  Barre à gauche toute, voilà, n’en parlons plus. 

(https://img.pccreation.net/photos/202302201923215118.JPG)

Photo 71 - Un tricot vert, deux bas si rouges… T’es sûr que c’est un pull au vert ?


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Photo 72 - Entre la rouge et la verte, c’est quand même mieux… Les deux phares de Bénodet, l’Odet hérissée de mât, la plage sur la droite. Au loin, le pont de Cornouaille. À gauche, Combrit.

Puis vient la latérale « Le four » qui passe sur tribord. Encore trois ou quatre cents mètres, et je serai à Bénodet. Sur bâbord passe la pointe de Combrit qui abrite un feu. Tourelle banche coiffée de rouge, adossée à une maisonnette blanche délicatement posée entre forêt et chemin des douaniers, c’est tellement beau; un peu plus loin un manoir, et c’est l’Odet.

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Photo 73 - Le Four


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Photo 74 - Le phare de Combrit

L’Odet. Je croyais que c’était Victor Hugo qui avait dit d’elle qu’elle était la plus belle rivière de France. Mais après quelques recherches, il semble que ce soit seulement le syndicat d’initiatives du coin qui l’affirme. De nombreux bateaux sont au mouillage de chaque côté du chenal, attachés à une bouée devant et une autre derrière. Tous ensemble, ils forment un petit train qui souligne la douce courbure de la rivière. Sainte-Marine à bâbord, Bénodet à tribord. Si proches, si semblables et pourtant si différentes… Le petit train tourne doucement de l’autre côté : je suis le mouvement qui me conduit tranquillement à destination.

(https://img.pccreation.net/photos/202302210021557521.JPG)

Photo 75 - L'Odet, rive droite.

Le port de Bénodet se situe légèrement en amont de la ville. Par VHF, la capitainerie me propose de prendre une place sur le long ponton A, situé le long de la rivière à l’entrée du port. Il paraît vide malgré un Astra immense amarré à l’extrémité nord. Pare-bats mis à tribord, un traversier tourné dans le taquet, les pointes avant et arrière dans la main, je descends sur le quai, frappe le traversier sur un taquet du ponton. Le temps d’aller à l’avant,  le courant a déjà éloigné le bateau qui pivote autour du traversier. Il faut tirer bien fort sur l’amarre pour le ramener dans l’axe. Je m’y reprendrais à trois fois pour amarrer le bateau dans une configuration qu’on pourra qualifier de parallèle au ponton. Au moins dans l’esprit.

Il est 12h15. Le taud a tenu ! En même temps, je retrouve un embout de tournevis que j’avais posé au dessus du frigo là où je l’avais laissé… Je vous avais dit zen, ce fut zen… Je suis surpris. Pour ce premier week-end de vacances, Il n’y a pas grand monde, ni sur les pontons, ni dans les bateaux. Aux portes du paradis, c’est étrange d’y trouver si peu d’âmes.

Je rejoins la terre ferme au bout d’un long ponton. Un peu en hauteur, sur le flanc d’une petite colline, la capitainerie domine les installations. Je pars à droite vers le « centre-ville », empruntant la promenade qui serpente dans l’ombre bienvenue en ce dimanche midi de juillet sans nuage le long d’une banquette en gazon d’un vert profond qui plonge dans le port. J’adore ! j’adore ces ports où béton et macadam se font discrets, ces ports où les arbres ou bien quelques fleurs au bord de l’eau donnent, au moment d’en partir, l’envie d’y revenir.

(https://img.pccreation.net/photos/202302201923296958.JPG)

Photo 76 - Le bassin sud. C’est quand même plus joli que le parking des Minimes.

Du port, il faut à peine cinq minutes pour se retrouver assis à la terrasse d’un restaurant au bord de la rivière. Je n’ai pas mis longtemps à choisir. Ce sera une assiette de demoiselles…

(https://img.pccreation.net/photos/202302201923318832.JPG)

Photo 77 - Tout ça pour ça ? JL pourra me comprendre !

Ne manquez pas le prochain épisode : la journée n'est pas finie... :D



Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 21 Février 2023 07:41:34
C’est vrai  que la région est magnifique. Merci du partage et virement la suite de cette journée si paisible….


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 21 Février 2023 08:01:45
Merci pour la ballade Eric, encore une fois on se régale :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 21 Février 2023 10:19:57
Quel récit !!!!!! On est dedans. J’ai presque vu le magasin d’usine de Guy Cotten dans le fonds et le chantier Pogo sur les rives de l’Odet.
Les photos sont superbes


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Benoît 56 le 21 Février 2023 11:38:31
Merci pour ce partage passionnant Éric.👍👍👍


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 21 Février 2023 11:44:06
Cool Raoul, Relax Max, limite,  à L'aise Blaise  ;) :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 21 Février 2023 12:28:51
Qu'est-ce que l'on ne ferait pas pour des langoustines ... Tu me mets l'eau à la bouche !


Manque un p'tit verre de Quincy pour les accompagner  ;) aa


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: stephane le 21 Février 2023 13:23:46
Qu'est-ce que l'on ne ferait pas pour des langoustines ... Tu me mets l'eau à la bouche !


Manque un p'tit verre de Quincy pour les accompagner  ;) aa

Ou encore un reuilly ou un vouvray tranquille sec ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 21 Février 2023 15:03:05
Merci à tous.

Manque un p'tit verre de Quincy pour les accompagner  ;) aa

Ou encore un reuilly ou un vouvray tranquille sec ;)

Quel bonheur ce forum... quand Épicure rassemble Poseïdon et Dyonisos...

C'est marrant. Ce choix du vin est la première phrase de l'épisode 9... Alors en avant première, en exclu pour le fofo, pour ce parfum délicat, à un sauvignon j'ai préféré un chenin. Le choix du Vouvray, par exemple, me semble parfait ! :)



Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 21 Février 2023 21:52:19
Toujours aussi beau....
Bien entendu je parlais des photos mais également de la prose.  :) :) :)
On ne se lasse pas.


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: premoue le 21 Février 2023 22:01:22
Toujours aussi beau....
Bien entendu je parlais des photos mais également de la prose.  :) :) :)
On ne se lasse pas.

Pas mieux, Merci Eric.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 21 Février 2023 22:21:52
un récit de Goncourt  :P

L'Odet est une chouette rivière  ^-^ O0


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Bibi le 21 Février 2023 22:30:18
J’adore ce cr, merci pour le partage  :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 22 Février 2023 14:24:28
Merci merci…
Toujours aussi beau....
Bien entendu je parlais des photos mais également de la prose.  :) :) :)
On ne se lasse pas.

J’avais pris plus de photos avec l’iphone qu’avec feu l’ipad. du coup, j’en avais plus à montrer !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: lefailhal le 22 Février 2023 17:33:04
Formidable, encore merci !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 16 Mars 2023 19:26:13
Bon, j'ai pas de bonnes nouvelles....

La suite tarde ! Les mots sont prêts (ou presque), c'est pas ça qui pêche, c'est les photos. Je sais que vous êtes nombreux à aimer les belles photos, voire des vidéos avec des dauphins à défaut de sirènes.

Alors je travaille dur sur l'édition des photos... Je cherche à m'inspirer du travail des artistes de l'école du Sud, en particulier sur la richesse de leurs bleus. Je crois avoir percé leur secret, mais avec des paysages bretons, c'est compliqué. Mais voyez plutôt :

(https://img.pccreation.net/photos/202303161815519834.JPG)

Par contre, la pluie, j'arrive pas à l'effacer sur Photoshop. Perdez pas espoir, je vais trouver !

@Benoît : faudrait que tu arrêtes, le matin, de faire croire qu'il ne pleut pas en BZH sud. Ils vont voir que ce n'est pas vrai. Et puis si d'aventure, ils te croivent quand même, ils vont tous venir :'( <???>


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Benoît 56 le 17 Mars 2023 08:32:39
Toi tu vas aller à confesse et ensuite chez le neuneurollogue,  essayer de faire croire qu’il pleut sur la zone BZH, c’est grave tu sais, t’as un problème psychiatrique c’est pas possible d’inventer des bêtises pareilles… :P :P  ;D ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 17 Mars 2023 10:04:09
Bon je reconnais, j'ai trafiqué le bleu que j'ai atténué, et j'ai rajouté la pluie.

Mais c'est pour la bonne cause, pour pas qu'ils viennent trop nombreux... :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 20 Mars 2023 19:15:49
Avec plus de dix pages, ça va prendre plusieurs jours pour avoir l'épisode 9 en intégralité... La première partie, pour vous, en exclusivité internationale sur le fofo...

Episode 9 - Un jour au paradis : le jardin d'Éden

Oui, assurément, un chenin pour accompagner les demoiselles, c’était un bon choix…Un Savenières. Je n’ai pas noté le nom de l’artiste. Désolé.

Il est deux heures et demie. Nous sommes toujours dimanche. Après une courte balade digestive le long de l’Odet, me voici de retour au bateau, sans avoir oublié le petit détour par la capitainerie pour payer ma taxe. Bonne nouvelle, le paradis est gratuit (c’est toujours bon à savoir). Ce petit détour m’a quand même permis d’assister à un échange savoureux entre une vieille anglaise et la dame de la capitainerie. La première ne parlant pas vraiment français, la seconde pas vraiment anglais. Il faut que je vous raconte…

La vieille anglaise, habillée comme pour un dimanche (ça tombe bien, c’est dimanche), les cheveux blancs impeccablement coiffés et protégés par un chapeau en toile à mi-chemin entre le modèle Musto et celui du jardinier de la ville, le visage délicatement poudré sans toutefois parvenir à cacher totalement les quelques rides occasionnées par l’exposition prolongée au soleil et aux embruns, possiblement aux années aussi, commence par un :

« J’aieuu donnèée teank essaence ».
 La dame de la capitainerie, un poil perplexe, tente de reformuler ce qu’elle a compris en détachant chacune de ses syllabes :
«  À–qui–a–vez–vous–donnédel’essence ?
— Ooh neuoo! Moa donnéé essaence », en insistant cette fois-ci sur la dernière syllabe de donner.

Je dois vous avouer que c’est à cet instant précis que j’ai réalisé les affres du réchauffement climatique. Jusqu’à maintenant, ce qu’on nous a promis pour adapter nos comportements face à cette catastrophe annoncée, c’est la montée des eaux : je m’en fous, j’ai un bateau ; c’est une hausse des températures : je m’en fous, j’habite au noooord d’Avignon ; ce sont des famines : je m’en fous aussi, mon mètre quatre-vingt-huit étant un peu trop petit pour mon poids.  Mais pour toucher tout le monde, on devrait insister davantage sur l’impact du changement climatique sur nos neurones, un aspect que les militants écolos sous-estiment, assez bizarrement. Cette anglaise, par exemple, qui n’a jamais vraiment connu ni la chaleur ni le soleil en vient à vouloir donner de l’essence au moment précis où elle dépasse les deux euros le litre et le mercure les 32 degrés  en Bretagne… Dramatique, n’est-il pas ?

Notre petite-bretonne, qui, elle, est restée prudemment à l’ombre, passe de 2 à 9 sur l’échelle de la perplexité. Comme elle semble à court de mots, je m’invite dans la conversation. Mon anglais, so british pour mes amis américains et so american pour mes… relations british, libère la parole de l’anglaise qui se lâche alors dans le récit de ses aventures. Je vous la fais courte. Avec son mari, alors qu’ils remontaient le golfe de Gascogne à la voile, ils sont tombés en panne de vent en même temps qu’ils sont tombés en panne de carburant. Un cargo qui passait dans le coin n’a rien pu faire pour le vent. Pour l’essence, par contre, il les a dépannés en leur filant deux bidons de gasoil.

C’est un de ces bidons que notre vieille anglaise veut donner.

En concertation avec la dame de la capitainerie, je ne suis que traducteur dans l'histoire, je propose d’orienter le don vers la SNSM du coin, puisque moi, c’est du super que je consomme. La vieille anglaise semble ravie. Moi aussi, car en plus de ravir une vieille anglaise, j’ai le sentiment d’avoir fait une bonne action. C’est important une bonne action quand on veut entrer au paradis. Et déjà des petits angelots se chargent de faire flotter dans la capitainerie la douce lumière qui convient à la circonstance. Tout le monde semble joyeux, l’anglaise se met à parler français, la dame de la capitainerie anglais, ça rigole, jusqu’au moment où, la conversation se prolongeant sur des aspects logistiques, je comprends que le bidon qu’elle veut donner est vide…

Bref. Me voici de retour au bateau, et c’est l’heure de faire le plein, justement. Pour une fois, la manœuvre pour quitter le ponton est assez simple : il suffit d’attendre que le courant déhale le bateau. Ne rien faire donc, mais encore faut-il le faire bien. En particulier il faut réussir à embarquer avant que le bateau n’ait pris le large. Ne rigolez pas, je suis certain que le net regorge de ces vidéos désopilantes…

La pompe est un peu plus loin, au pied de la capitainerie. Son ponton est également sous l’influence d’un courant qui s’amuse à vouloir tenir le nable à distance du ponton. Et pour corser le tout, j’ai encore affaire à un automate qui n’autorise la distribution que d’environ trente-sept litres par opération. Je mettrai quatre-vingt-trois litres en trois fois, tenant d’une main le pistolet, tirant l’amarre de l’autre. On appelle ça la plaisance…

Quatre-vingt-trois litres pour environ trois heures de navigation depuis Lorient, c’est bien en dessous de ma référence de quarante-cinq litres à l’heure, mais c’est conforme aux indications du moteur. Je touche les dividendes d’une navigation éco-responsable (c’est bien dit, hein… je ne me lasse pas de relire cette phrase encore et encore).  Ne sont peut-être pas étrangers non plus à cette performance ni le respect des cinq nœuds à proximité des cailloux, ni la vitesse réduite adoptée dans les chenaux. Et qu’ils sont longs ces chenaux de Lorient et de Concarneau, et les cailloux nombreux !

 Il est donc 15 heures 10 quand j’appareille enfin pour cette croisière sur l’Odet. 

(https://img.pccreation.net/photos/202303201812223502.JPG)

Photo 78 - Carte du plan d'eau de Bénodet


(https://img.pccreation.net/photos/20230320181345631.JPG)

Photo 79 - Détail du port de Bénodet. En jaune la promenade qui mène au restaurant





Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 20 Mars 2023 22:33:10
On reste sur notre faim ... couteau et fourchette dans les mains mais assiette vide  wx


La suite !!!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 21 Mars 2023 01:31:49

Avec plus de dix pages, ça va prendre plusieurs jours pour avoir l'épisode 9 en intégralité... La première partie, pour vous, en exclusivité internationale sur le fofo...
...
 Tout le monde semble joyeux, l’anglaise se met à parler français, la dame de la capitainerie anglais, ça rigole, jusqu’au moment où, la conversation se prolongeant sur des aspects logistiques,
je comprends que le bidon qu’elle veut donner est vide…


La réponse ( courte ) et de circonstance n' aurait-elle pas été ...  TANK YOU  ! :P


 ;D ;D ;D ;D ;D



Faut dire aussi que TANK y'a du carburant ... les choses se passent mieux  :P


Et ce ne sont pas ces plaisanciers de la TURBALLE qui me démentiront ...  Cliquer  I C I  . . . pour en savoir plus  ! (https://voilesetvoiliers.ouest-france.fr/securite-en-mer/en-panne-de-moteur-un-voilier-et-deux-plaisanciers-secourus-a-quelques-metres-des-rochers-0fab6588-c700-11ed-97ad-1a193e48a1bd)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 21 Mars 2023 06:32:22
Chouette, ça va être une belle journée à vivre!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 21 Mars 2023 08:40:46
Trop court pour  mettre un commentaire  ;D  :D  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Jean luc 24 le 21 Mars 2023 09:32:38
J’ai pas tout  compris avec la dame anglaise mais bon … :D


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 21 Mars 2023 10:20:06
J’ai pas tout  compris avec la dame anglaise mais bon … :D

Elle est charitable et comme on dit chez les british her soul is full of hope

Blagounette à part ce récit est tout autant subtil et passionnant que les précédents.


Titre: Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 21 Mars 2023 10:34:26
her soul is full of hope

Indeed ! Nos amis anglais n'ont pas toujours les fesses propres, ont-ils ? :D :D :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 02 Mai 2023 11:51:55
Épisode 10 - Un jour au paradis : le jardin d’Eden


À Claude, qui doit sûrement s’y prélasser…



Il est donc 15 heures 10 quand j’appareille enfin pour cette croisière sur l’Odet.

On dit souvent que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Ils font aussi parfois les petites rivières. L’Odet, c’est en effet une multitude de petits ruisseaux qui descendent des Montagnes noires et qui se jettent dans de plus gros ruisseaux et qui, rassemblés à leur tour au niveau de Quimper, forment la petite rivière de l’Odet.

À partir de Quimper, la petite rivière change de statut. Son lit s’élargit très sensiblement et forme ce qu’on appelle la baie de Kerogan. En pénétrant dans son estuaire, la rivière devient fleuve, au même titre que le Danube, l’Amazone et le Nil. Pour ceux qui voudraient l’explorer sans permis fluvial, qu’ils se rassurent, l’Odet est maritime jusque Quimper (on prendra soin de naviguer à marée haute en amont de la baie de Kerogan). Peu après Quimper, le lit se resserre à nouveau, et la rivière s’entortille dans quelques virages serrés avant de dérouler jusque Bénodet où elle rejoint la mer océane.

Au final, c’est une rivière d’une quarantaine de kilomètres qui coule sur un sol granitique, traversant forêts et tourbières où vivent encore fées et enchanteurs. On y trouvera des korrigans, des druides aussi sans doute. Il ne faudra donc pas s’étonner : c’est une rivière magique et très certainement surnaturelle.

Alors assez de mots. C’est parti pour une navigation à 5 nœuds, 8 dans les zones de vitesse, pas davantage : il est interdit de déranger les anges qui se reposent.
 
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Photo 80 - Sous le pont de Cornouaille coule l’Odet…

On ne peut pas manquer le pont de Cornouaille qui enjambe la rivière dès la sortie du port. Il a fière allure, ce pont qui vient tout juste de fêter ses cinquante ans : 600 mètres de long, une portée de 200 mètres perchée trente mètres au-dessus de la rivière. Avec ses deux piles qui s’élancent vers le ciel et la discrète courbe que dessine avec grâce son tablier, il me rappelle les torii japonais, ces portiques à l’entrée des temples qui séparent le profane et le sacré.

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Photo 81 - Une maison au bord de l'eau, un mouillage, un bateau, what else ?

Ça y est, je viens d’entrer dans le sanctuaire. Sur ma gauche, la rivière s’ouvre sur l’anse de Combrit. Plus loin, apparaît un premier château. Une façade qui doit son charme à une tour centrale en demi-œuvre, et magnifiquement mise en valeur par cette grande pelouse qui descend en pente douce jusqu’à la berge. En contre-bas, un mur, et un portail qui donne sur l’eau comme une invitation à entrer. D'ailleurs un chapiteau blanc est dressé pour la fête. Alors, que Meaulnes ne cherche plus son domaine mystérieux, il est ici.

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Photo 82 - Le manoir de Kerousien, comme une invitation à la fête

Puis la rivière se resserre. Sur la rive droite, un rideau d’arbres peine à masquer des champs moissonnés que l’odeur chaude de la paille a déjà trahis.  Puis les berges se redressent. La pente douce des champs et des pelouses laisse progressivement la place à des coteaux abrupts. Les arbres s’y agrippent, denses. Ils finissent par former de chaque côté des murailles végétales, parfois sombres, souvent lumineuses, qui nous enveloppent progressivement dans un sentiment d'éternité. On pourrait, si on le voulait, toucher le feuillage des arbres qui prennent le frais au bord de la rivière. Mais à quoi bon, leur sève bienveillante nous a déjà pénétrés. Les berges, l'eau, tout est vert, même le temps qui passe doucement si toutefois il passe encore porte le parfum frais de la forêt.

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Photo 83 - Le parfum des moissons s'invite.

Avant d’être complètement engloutis dans ce temps immobile, on aperçoit une dernière maison sur la gauche. Une maison ? non, pas vraiment : c’est plutôt un magazine d’architecture ouvert à la page «Week-end en pays Bigouden», avec son corps-mort et ses annexes dressées sur la berge…
 
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Photo 84 - Architecture magazine, juillet 2022. Week-end en pays bigouden

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Photo 85 - l’Odet se resserre
 
Un peu plus loin à droite, un ponton, vide. Lui ne paye pas de mine. C’est d’ailleurs une grosse déception, il n’y a aucune maison visible à proximité. Son seul luxe, c'est cette passerelle qui sort de nulle part et dont l’extrémité se perd dans l’obscurité des branches, au point qu’on pourrait imaginer sans mal qu’elle puisse sortir d’un chêne noueux. Et si ce ponton avait un secret ? Si, par exemple, c’était celui d’un druide ? S’il lui avait donné le pouvoir de nous emmener loin, si, par exemple, avec lui nous pouvions traverser l’Atlantique, ou même remonter le temps ? Oui c’est ça ! C’est sûrement le ponton d’un de ces enchanteurs qui vivent dans ces bois. À moins… À moins que ce ne soit celui d’un de ces princes de la mer grâce à qui, gamin, j’ai rêvé de lointain et de beaux voiliers. Je passe doucement, encharmé… Prince ou enchanteur, quelle différence ? Merci, merci pour tout, Monsieur.
 
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Photo 86 - Le ponton privé d’Éric Tabarly. Sa maison se trouve juste au-dessus sur la colline.
 
Kalango glisse doucement. Autour de nous, l’horizon s’est complètement refermé, emportant la rivière avec lui. Les arbres sont partout. L’eau est verte.

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Photo 87 - Du vert, du vert, seul le ciel est bleu. Mais il pourrait tout aussi bien être vert.

En approchant de ce bout du monde, notre inquiétude grandit puis s’appaise quand elle distingue finalement deux perches sur chacune des rives, une rouge à bâbord, une verte à tribord. Une chose est sûre, on est dans le bon sens ; mais dans le bon sens pour aller où ensuite ? Il faut vraiment arriver au plus près des perches pour voir que c’est sur la droite, après un coude à plus de 120 degrés, qu’apparaît à nouveau l’horizon sur quelques centaines de mètres tout au plus. C’est le début du passage des Vire-court, une succession de trois virages serrés dans un cadre qui devient de plus en plus majestueux, de plus en plus paisible. C'est grandiose. C’est unique !
 
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Photo 88 - La rivière semble s’arrêter dans la forêt.

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Photo 89 - Peut-être des perches au fond

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 Photo 90 - … on est dans le bon sens

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 Photo 91 à 93 - C’est finalement à droite qu’il fallait tourner, mais l’horizon ne s’est pas débouché pour autant !

Kalango glisse doucement. Tout est vert, tout est calme. Il me semble même que le doux feulement des moteurs ait été complètement absorbé par le feuillage des arbres. Au loin, quelques cris d'enfants qui jouent dans l'eau ou qui s’essayent à l'aventure debout sur un paddle ajoutent de la joie au bonheur.

Je croise un couple en canoë. Je réduis franchement. Ce n’est pas qu’à cinq noeuds je génère un sillage cataclysmique, mais qui voudrait ici troubler la tranquillité de ces gens ? Nous allons nous croiser bord à bord à quelques mètres. Ce qui permettra d’échanger un bonjour fraternel entre inconnus. À cette occasion le monsieur me fait remarquer que c’est quand même bien plus facile avec un moteur… Je lui réponds… (non, JC ! je ne lui réponds pas que j’en ai deux)  je lui réponds qu’il a raison.  Et que ce qui est encore moins difficile, c’est, comme lui, de laisser ramer celle qui est devant. On se croise. J’entends dans mon sillage le début d’une discussion au sein du couple, je me tourne pour mieux entendre, mais le canoë est vite trop loin. Je vois monsieur donner finalement quelques coups de pagaie dans l’eau, je remets un poil de gaz…
 
La croisière reprend. Entre les arbres et moi, le silence défile doucement.

J’aurais aimé, si Tolstoï ne m’avait devancé, écrire quelque chose d’aussi vrai que ceci : « Comment ne l’ai-je pas remarqué jusqu’alors ? Et que je suis heureux de l’avoir découvert enfin ! Oui, tout est vanité, tout est mensonge en dehors de ce ciel sans limites. Il n’y a rien, absolument rien d’autre que cela... Peut-être même est-ce un leurre, peut-être même n’y a-t-il rien, à part le silence, le repos.»

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Photo 94 - Photographie du silence

Il y a quelques rochers sur les rives. Certains, les plus remarquables, portent une marque blanche. Il paraît que c'est pour faciliter la navigation lorsque la brume envahit les lieux. Difficile de croire que ça puisse exister. Benoît ne nous en a jamais parlé.

Je pourrais continuer à vous parler de ces rochers de l’Odet, certains consacrés par l’histoire, comme celui de la Pucelle ou celui de la Chaise du curé. Ils se font quasiment face, chacun portant sa légende.
Ou encore de ce château.

Mais putain ce calme ! Ce silence, cette quiétude.
 
Je ne parlerai donc que de la roche de la Pucelle . On raconte cette histoire sans vraiment savoir quand ce drame s'est vraiment passé, ni quels furent réellement ses protagonistes. C'est l'histoire d'un moine un peu lubrique semble-t-il qui croisa une jeune fille qui gardait ses vaches près d'un moulin tout proche du rocher. Elle s'appelait Soizic. Elle était si fraîche et si belle que le moine en oublia ses vœux et entreprit la jeune fille. Comme il n'était ni producteur de cinéma, ni joueur de foot, ni homme politique célèbre, Soizic se refusa au moine, et pour protéger son honneur, elle prit la fuite. Malgré sa robe de bure et vraisemblablement l'embonpoint de son ordre, le moine courut après la demoiselle qui s'arrêta net au bord du rocher qui tombait à pic dans l'Odet. Prise au piège, elle n'avait plus d'endroit où échapper au moine qui, tout essoufflé, arriva et croyant l'affaire presque conclue s'approcha; la jeune Soizic ne savait pas nager, elle préféra pourtant se jeter dans l'Odet plutôt que de connaître le loup. Le moine voulut la poursuivre dans les flots, il sauta, mais sa robe gorgée d'eau l'entraîna rapidement vers le fond. Il ne fut jamais, non, jamais retrouvé. Seule la bible qui l'accompagnait fut découverte un peu plus loin sur une rive, ouverte sur une page de l'évangile de Saint-Matthieu, sur laquelle on pouvait lire : « l'esprit est fort mais la chair est faible ». De Soizic, on n'entendit plus parler, probablement disparue elle aussi. Depuis, le rocher s'appelle rocher de la Pucelle en sa mémoire.

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Photo 95 - Le rocher de la Pucelle

Sur change.org, m’a-t-on dit, une pétition existerait pour rebaptiser ce rocher Rocher du #meetoo ; à la suite de quoi Matthieu aurait publié un erratum à son évangile : « l'esprit aussi  est faible ». Vous n’êtes pas obligé d’y croire !

Les fake news n'étant pas qu'un mal contemporain, vous vous doutez bien qu'il existe d'autres versions de cet événement tragique. Certains racontent qu'au moment de toucher l'eau, une main miraculeuse aurait transporté Soizic sur l'autre rive, laissant par contre le moine disparaître dans les flots. Difficile à croire. D'autres racontent que c'était au contraire la Soizic qui poursuivait le pauvre moine qui resta fidèle à ses vœux, préférant se jeter du haut du rocher. Plus plausible.

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Photo 96 - Au château des Loups, Kerambleiz en breton

Encore un château. Hasard ou pas, ce château construit à quelques pas du rocher de la Pucelle s'appelle le château des Loups. L’histoire ne dit pas si Soizic le connut.
 
L’horizon change subitement au détour du dernier virage. La forêt s’estompe; les parois abruptes s'aplatissent progressivement. Voilà que la baie de Kerogan apparaît au loin devant l'étrave. À nouveau les maisons poussent sur les rives, mais sans toute l’élégance des maisons que nous avons vues. Plus loin, on devine les faubourgs de Quimper. Et loin devant nous, la vedette de l’Odet avec son million de touristes amorce son demi-tour dans la baie.

Comment le paradis peut-il finir ainsi ?

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Photo 97 - À nouveau fleurissent des maisons sur les berges, marquant la fin d’un paradis

Lacs, rivières, mers, canaux… Le forum de manque pas de comptes rendus formidables de navigations ou de mouillages partout où il y a de l’eau. Je vous ai promis de la magie, je vous ai promis du surnaturel, voici l’extraordinaire : alors que le paradis semblait s’évanouir devant moi, Kalango tourne à droite et j’entre dans l’anse de Cadou. En entrant dans cette anse, c’est dans une autre dimension qu’on entre. Car désormais, c’est sur un ruisseau que le voyage se poursuit. Oui, vous avez bien lu, un ruisseau. Oui, un de ceux qui font les petites rivières comme les grandes rivières…

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Photo 98 - L’entrée d’un secret bien gardé, l’anse de Cadou

Lacs, rivières, mers, canaux et désormais ruisseau… Un ruisseau ! avez-vous déjà navigué sur un ruisseau ? Le véritable nom de ce cours d’eau est le ruisseau de l’anse de Cadou. L’anse, on le verra, est un peu plus loin.

Un ruisseau, vraiment, c’est un truc de dingue. Aurais-je imaginé naviguer un jour sur un ruisseau, deux fois deux cents chevaux derrière moi ? Tout ça, c’est parti d’un petit message sur la shoutbox : le matin même, Pierre  m’a soufflé l’idée (je crois bien que c’est lui, sinon que le coupable se dénonce pour la postérité !) : « à voir absolument, j’y suis resté une nuit au mouillage lors d’un stage de voile ».

L ‘accès n’est pas très large, et je n’en mène pas davantage, à peine trente mètres, pas d’indication de la profondeur, et le courant y est un peu plus joueur qu’ailleurs. Il joue entre des cailloux qui, de chaque côté du ruisseau, en défendent l’entrée. Je sens que Kalango entre dans le jeu, il dandine légèrement en traversant les remous. Puis l’entrée franchie, la rivière se resserre un peu, dissimulant la suite derrière une légère courbe à droite, et toujours ces arbres. Faut-il être assez stupide pour suivre les conseils d’un inconnu ? Mais c’est la magie du forum… Car me voici désormais seul au monde, seul avec le silence, seul au milieu des arbres, et j’avance lentement, un œil sur le sondeur, l’autre chouffant les cailloux qui débordent les berges. Ça tourne sur la droite, le ruisseau s’élargit, l’anse apparaît…

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Photo 99 - Qu’y aura-t-il derrière ce virage ?

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Photo 100 - Déjà la forêt se referme derrière nous.

Nous sommes trois seuls au monde. Un catamaran est au mouillage au soleil, un Pacific Craft lève l’ancre dans l’ombre. Le spectacle est inouï, mais je dois d’abord faire attention à ce haut fond qui s’avance à droite avant de me pincer. Mais non, je suis bien sur un bateau, sur un ruisseau, au milieu d’une clairière. Sur la gauche, le vert tendre des hautes herbes s’enfonce dans l’eau; derrière, le ruisseau continue sa course vers sa source, toujours moins large à mesure qu'il s’enfonce dans cette terre de légendes. Moi, déjà en mode contemplatif depuis longtemps, je marque une pause. Moteurs au point mort, l’esprit vagabonde. Je n’ai pas de plan établi; je resterais bien ici, dans cette anse baignée d’ombre et de lumière, bien au chaud dans cette fraîcheur végétale bienvenue. Mais réfléchissant trop, je doute que la seule nourriture céleste suffise à ma condition de mortel, car je me souviens que je n’ai plus de Prince et plus grand chose d’autre à manger non plus. Alors je me résous à faire demi-tour, lentement, contre mon gré : l’appel du pain et du vin est décidément trop fort. Note pour plus tard : toujours garder un Prince pour la soif.

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Photo 101 - Le ruisseau s’ouvre sur l’anse de Cadou, dans laquelle relâche un catamaran.

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Photo 102 - Le ruisseau continue, sans moi.

Un petit secret découvert depuis... en poursuivant l'aventure sur le ruisseau d'un petit kilomètre, on arrive, rive droite, sur un ponton qui découvre sur un fond de vase. Là, une de ces pelouses en pente douce vous conduira au château de Penfrat, magnifique domaine du XIXème siècle, aujourd'hui reconverti avec élégance en maison d'hôtes. Il faudra bien sûr naviguer doucement, avec la marée, bien au milieu, gaffe en main, embases relevées, l'œil sur le sondeur bien calibré. Et en récompense de tous ces efforts, une escale merveilleuse, exclusive, inoubliable.
 
Il est 16 heures 10, déjà une heure d’émerveillement; je repousse doucement la manette des gaz, j’évite les cailloux croisés tout à l’heure. Je navigue à nouveau sur l’Odet.


C’est amusant, tribord est passé à bâbord. En fait, c'est le monde entier qui n’est plus comme avant. Je vis une sorte de bienveillance envers moi-même, c’est même une bienveillance et une paix universelle : ici tout est beau, tout me plaît. Tout est suffisant, rien n’est de trop. Preuve de cette métamorphose du monde : je dépasse le canoë croisé tout à l’heure. Monsieur rame; madame bronze, et répond par un sourire à mon salut de la main…

Seule rupture de cette neutralité avec moi-même, cette cabane en bois qui me fait penser à un de ces lacs canadiens et qui me donne cette envie un peu déplacée d’échanger mes deux hélices contre une seule plus grande et montée devant, ma coque contre deux flotteurs, et de pousser la manette des gaz à fond jusqu'à sentir les flotteurs escalader leur vague d’étrave pour échapper difficilement à l’eau, de tirer alors subtilement le manche pour accélérer tout en restant au plus près hors de l’eau, et de tirer finalement franchement sur le manche pour s'arracher définitivement à la pesanteur et laisser les flotteurs caresser la cime des arbres dans un large virage à gauche dans ce ciel léger.

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Photo 103 - Comme un air de ma cabane au Canada

Mais Kalango glisse doucement sur l'eau, au milieu des arbres, troublant à peine la quiétude de l'instant, enroulant les virages dans l'autre sens. Il semble désormais chez lui. Le film se rembobine doucement sur lui-même, enfermant entre ses spires tous les secrets qui y seront bien gardés.

Au Japon, on vous rappelle qu’il est essentiel de sortir du temple par le même torii qu’à l’entrée, sous peine d’errer dans l’au-delà à jamais. Faut-il y croire ? Je ne sais pas. Peut-être l’erreur fatale du Hollandais-volant. Alors, je passe finalement entre les mêmes piles qu’à l’aller. Je crois d’ailleurs qu’on n’a pas le choix.

Il est 17 heures 10, je laisse Bénodet à bâbord, Sainte-Marine à tribord. Avant de prendre un cap à l'est pour la suite de l'aventure, je jette un dernier regard sur ce paradis qui m’a accueilli pendant deux heures.
Deux heures, une vie…

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Photo 104 - L’océan recommence ici

Alors je m'éloigne sur l'océan, sans plus me retourner sur ce qui désormais n’est plus qu’un pont qui traverse une rivière. Qui pourrait deviner qu’il dissimule un autre monde ?


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Clubman le 02 Mai 2023 13:38:29
Excellent , magnifique , grandiose etc etc etc


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 02 Mai 2023 15:45:33
Que veux tu que l'on t'écrive comme commentaire après avoir lu cela?  ;) Je pense que tu viens de pourrir la quiétude de cet endroit magique et qu'à cause de toi la prochaine fois il y aura 200 bateaux au mouillage.  :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 02 Mai 2023 17:09:10
Je confirme que la remontée de l'Odet ( en profitant du flot et de la hauteur d'eau pour préserver l'embase ) est assez magique !

C'est au moins aussi plaisant que de remonter la rivière d' Auray jusqu'à St Goustan  :P

Perso, j'avais pu "pousser" jusque QUIMPER qui est une ville pour laquelle j'ai une certaine affection !

Comme Eric, j'apprécie le côté bucolique des nav's en rivière, lorsque l'on se sent "invité par la nature" ...
... avec l'attention de ne pas la déranger et de se faire aussi discret que possible, ...
... puisque l'on a le privilège d'y être accueilli, à la condition de savoir la respecter ...  O0

Dans les découvertes de rivière à faire, il y a aussi la Ria d' Etel ... ( là encore, en tenant compte de la hauteur d'eau ... ) .


Eric, Merci pour ce partage !  ^-^

Lorsque j'y étais passé ( c'était quelques années avant le cruel moins de Juin 1998 ... :-X ) , il y avait le youyou de Pen Duick qui attendait au mouillage le retour du plan Fife  :P ^-^ O0  


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 02 Mai 2023 17:12:29
Bonjour Eric,
Merci pour ce témoignage verdoyant et sorti du temps.
Il existe bel et bien des endroits magiques.  :) :) :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: toby64 le 02 Mai 2023 18:07:12
C'est beau, presque autant que le remonté de l'Adour ! :) :)

Je constate que tu nous montre plus en plus de voilier !

Serait ce le début d'un changement ? :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: xabmay le 02 Mai 2023 20:20:08
Sublime, écrit de manière remarquable, chaque épisode est plus palpitant et passionnant que le précédent. Hâte d’être au prochain épisode !!
Merci infiniment Eric.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: stephane le 02 Mai 2023 20:26:41
Un vrai paradis que tu nous montre là Eric :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: premoue le 02 Mai 2023 20:53:27
Belle sensibilité et superbe plume 👏👏👏


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 02 Mai 2023 22:50:26
Magnifique Eric, tu me fais rêver.

Sur certaines des tes images nous pourrions croire que tu est sur la petite Saône ou dans un bras de Vouglans.

Je suis fan de telles navigations

Merci du partage  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 03 Mai 2023 05:48:12
Ha putain!!!!! 8) 8) 8) 8)
C'est beau, c'est calme, merci Eric de nous faire découvrir ( pour moi en tout cas) cet endroit magnifique .
Et merci pour le récit.

Quel plaisir de lire ces posts.



Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Rastaquouère le 03 Mai 2023 07:34:40
Paysages magnifiques et quelle plume !

Merci


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 03 Mai 2023 08:43:15
Quel talent épistolaire au service d’une balade magique. Merci.






tu es sur tu veux pas raconter notre prochaine balade O0


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Pier Ildut le 03 Mai 2023 10:32:31
Merci Eric pour ce récit qui ravive de très beaux souvenirs.

Oui c'est bien cette atmosphère que j'ai ressentie sur l'Odet, hors du monde, hors du temps.

Vraiment ballot cette histoire de réserve de Prince épuisée... Tu aurais pu dormir à l'anse Cadou et surtout t'y réveiller : Mâââgique.
Pour la prochaine balade, je te suggère un autre fleuve : le Belon. Là c'est sûr, si tu remontes assez loin, tu trouveras quelques nourritures... :P

Car je crois que nous sommes tous d'accord, avec une pareille prose tu DOIS récidiver.




Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 03 Mai 2023 10:58:28
Merci Eric pour ce récit qui ravive de très beaux souvenirs.
……

Car je crois que nous sommes tous d'accord, avec une pareille prose tu DOIS récidiver.




Je plussoie.
Et quitte à découvrir le Belon, garder une journée et prendre également l’Aven jusque Pont Aven. C’est un pur bonheur. Nous y avons tremper l’hélice du leader 545  à la fin du siècle dernier quand notre base était à Doelan, magnifique et charmant petit port.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Benoît 56 le 03 Mai 2023 13:16:50
La plume est aiguisée, elle tisse, légère et précise, un magnifique et passionnant récit.
Merci Éric.


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 05 Mai 2023 12:02:58
Paysages magnifiques et quelle plume !

Merci

La plume est aiguisée, elle tisse, légère et précise, un magnifique et passionnant récit.
Merci Éric.

Excellent , magnifique , grandiose etc etc etc

Quel talent épistolaire au service d’une balade magique. Merci.

Sublime, écrit de manière remarquable, chaque épisode est plus palpitant et passionnant que le précédent. Hâte d’être au prochain épisode !!
Merci infiniment Eric.

Un vrai paradis que tu nous montre là Eric :)

Magnifique Eric, tu me fais rêver.
(...)
Merci du partage  ;)

Ha putain!!!!! 8) 8) 8) 8)
C'est beau, c'est calme, merci Eric de nous faire découvrir ( pour moi en tout cas) cet endroit magnifique .
Et merci pour le récit.

Quel plaisir de lire ces posts.


Bonjour Eric,
Merci pour ce témoignage verdoyant et sorti du temps.
Il existe bel et bien des endroits magiques.  :) :) :)


Belle sensibilité et superbe plume 👏👏👏


Merci pour ces gentils compliments. Je suis ravi que ça vous plaise.  :-[


Que veux tu que l'on t'écrive comme commentaire après avoir lu cela?  ;) Je pense que tu viens de pourrir la quiétude de cet endroit magique et qu'à cause de toi la prochaine fois il y aura 200 bateaux au mouillage.  :D

Je ne sais pas ce qu'il faut penser de ta question, JC, sinon que je n'aurais pas dû te chambrer en de nombreuses occasions :D
Pour le reste, si ça peut donner envie à quelques uns de visiter l'endroit, j'aurai atteint mon but. Mais rassure-toi, d'une part, on est entre nous, et d'autre part, j'ai mis plus de texte que d'images pour décourager les moins téméraires de savoir précisément où se situe le paradis. De loin, ça ressemble à truc crypté !



Sur certaines des tes images nous pourrions croire que tu est sur la petite Saône ou dans un bras de Vouglans.

Je suis fan de telles navigations



Oui, sauf que là c'est du cidre qui coule, et non un de ces vins raffinés qui plaisent aux gens du sud...


Je confirme que la remontée de l'Odet ( en profitant du flot et de la hauteur d'eau pour préserver l'embase ) est assez magique !

C'est au moins aussi plaisant que de remonter la rivière d' Auray jusqu'à St Goustan  :P

Perso, j'avais pu "pousser" jusque QUIMPER qui est une ville pour laquelle j'ai une certaine affection !

Comme Eric, j'apprécie le côté bucolique des nav's en rivière, lorsque l'on se sent "invité par la nature" ...
... avec l'attention de ne pas la déranger et de se faire aussi discret que possible, ...
... puisque l'on a le privilège d'y être accueilli, à la condition de savoir la respecter ...  O0

Dans les découvertes de rivière à faire, il y a aussi la Ria d' Etel ... ( là encore, en tenant compte de la hauteur d'eau ... ) .


Eric, Merci pour ce partage !  ^-^

Lorsque j'y étais passé ( c'était quelques années avant le cruel moins de Juin 1998 ... :-X ) , il y avait le youyou de Pen Duick qui attendait au mouillage le retour du plan Fife  :P ^-^ O0  


J'étais sûr que ce ponton te rappellerait des souvenirs...

Je n'ai découvert la disparition de Tabarly que plusieurs mois après la tragédie... Juin 98, j'habitais au Brésil. Le Brésil avait alors d'autres rêves et illusions pour occuper les journaux. Et à l'époque le téléphone portable était vraiment cela, un téléphone, portable; et internet c'était encore le ti ti ti ti chrhchrrch ta et 9600 bauds.


tu es sur tu veux pas raconter notre prochaine balade O0


L'expérience est bien tentante... Mais j'ai peur de finir encalminé dans un de tes yachts comme d'autres avant moi, dès lors que je serai ton nègre :D


Merci Eric pour ce récit qui ravive de très beaux souvenirs.

Oui c'est bien cette atmosphère que j'ai ressentie sur l'Odet, hors du monde, hors du temps.

Vraiment ballot cette histoire de réserve de Prince épuisée... Tu aurais pu dormir à l'anse Cadou et surtout t'y réveiller : Mâââgique.
Pour la prochaine balade, je te suggère un autre fleuve : le Belon. Là c'est sûr, si tu remontes assez loin, tu trouveras quelques nourritures... :P

Car je crois que nous sommes tous d'accord, avec une pareille prose tu DOIS récidiver.


Je suis content si mon post a pu te rappeler les bonnes vibrations du lieu. Je n'avais pas pris le temps de te remercier de m'avoir soufflé ce détour effectivement époustouflant ! Tu as toute ma gratitude pour les sept prochaines générations !

Heureusement que la Bretagne n'est pas la grande Bretagne : petite, elle recèle déjà de tant de trésors ! C'est clair qu'en 5 jours, on doit faire des choix, et quand bien même on a décidé d'aller quelque part, on n'est pas certain de pouvoir y aller !  Toute cette zone entre Lorient et Concarneau, bien que ou parce qu'infestée de korrigans, mériterait une escale.L'Aven, dont j'ai adoré l'ambiance de passage en touriste à Pont-Aven il y a quelques années, et puis tous ces petits ports de carte-postale à l'entrée des rias.  Groix, bien sûr dont on dit tant de bien. Plus loin, il y a aussi la baie derrière Tudy, les Glénan, l'Étel également comme le souligne Michel. Belle-île aurait mérité mieux que cet arrêt façon pit-stop au Palais et le passage par la voie des stands dans le port de Sauzon; . Et puis Sein, qui me fera toujours rêver... et puis tout le reste ! Sans oublier que la Rochelle n'est tout de même pas la porte à côté...

Mais je récidiverai  :)


C'est beau, presque autant que le remonté de l'Adour ! :) :)

Je constate que tu nous montre plus en plus de voilier !

Serait ce le début d'un changement ? :)

Merci, je ne connais de l'Adour que ce ruisseau plein de galets entre Tarbes et Aureilhan... et même pas de l'eau de Lourdes ! et je n'imagine pas y tremper mes embases !

Quant aux voiliers, oui, le nord du golfe de Gascogne semble être le paradis des voileux. Donc pas étonnant d'en voir sur les photos.

Quant au changement... oui, bien sûr... Mais je viens de prendre quelques trimestres de plus, et bien qu'ayant beaucoup beaucoup travaillé avant mes vingt ans, je ne bénéficie pas du dispositif carrières longues qui semble réservé à ceux qui n'ont pas beaucoup beaucoup travaillé avant leur vingt ans. On verra donc quand j'aurai 67 ans !

Bientôt la suite ! ... mais pas tout de suite non plus !
En avant première, il y aura peut-être une vidéo !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: white hunter le 06 Mai 2023 10:47:24
Quelle plume, Bordel !!!!!


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Vadem le 06 Mai 2023 12:46:33
Tu as  raison Eric : c'est le paradis !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 06 Mai 2023 15:47:22
Merci Eric pour cette balade bucolique, truffée de gourmandises. C'est un régal de te lire. Quel talent !


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 07 Mai 2023 11:04:02
Quelle plume, Bordel !!!!!

Merci Eric pour cette balade bucolique, truffée de gourmandises. C'est un régal de te lire. Quel talent !

 Merci, merci ! :-[

Tu as  raison Eric : c'est le paradis !

JC a raison, il ne faut pas le dire trop fort.... Mais la zone de navigation est topissime en effet !



Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Christophe79 le 08 Mai 2023 22:14:46
Je me délecte de tes mots.
J'avais pourtant repris deux fois de la glace, mais j'avais encore une petite faim pour ta prose. Continue...


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 09 Mai 2023 16:39:57
Je me délecte de tes mots.
J'avais pourtant repris deux fois de la glace, mais j'avais encore une petite faim pour ta prose. Continue...

Merci Christophe ! Entre St-Denis et St-Martin, quel est le meilleur patron des glaciers ?


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Christophe79 le 09 Mai 2023 22:34:30
Entre les deux mon cœur balance...

La quantité des choix pour St Martin et l'environnement plus "cool" pour Saint-Denis. Mais pour le goût, je suis trop gourmand des glaces pour choisir.
C'est un peu comme pour tes écrits, je me délecte à l'avance et une fois lu, je n'ai envie, c'est d'en reprendre un peu.  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 29 Juin 2023 15:23:16
Tu publies ailleurs ou on a raté un épisode?  :P Tu es rentré par la mer, la route, tu as laissé le bateau là-bas?  ;D


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: capt.reg le 29 Juin 2023 15:53:33
Tu publies ailleurs ou on a raté un épisode?  :P Tu es rentré par la mer, la route, tu as laissé le bateau là-bas?  ;D

Il a pas dit qu'il attendait ses 67 ans pour... ? Ah non, c'est pas pour rentrer c'est pour la glace de St Martin... ou de Concarneau ?  wx
Pffff....  Il faut que je relise, je me suis perdu.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 29 Juin 2023 18:14:02
Ah oui, c'est vrai... Ca va bientôt faire un an cette histoire !


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 29 Juin 2023 20:02:25
Tu publies ailleurs ou on a raté un épisode?  :P Tu es rentré par la mer, la route, tu as laissé le bateau là-bas?  ;D


Gallimard m’a demandé de ne plus poster… nan je déc…nne :D


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: premoue le 30 Juin 2023 08:53:09
Tu publies ailleurs ou on a raté un épisode?  :P Tu es rentré par la mer, la route, tu as laissé le bateau là-bas?  ;D

🤣🤣🤣toujours cette veille bienveillante et encourageante, Jean Christophe, j’adore 😂😘😘


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 30 Juin 2023 10:28:53
Ah oui, c'est vrai... Ca va bientôt faire un an cette histoire !


 ;D ;D


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 30 Juin 2023 11:32:01
Tu publies ailleurs ou on a raté un épisode?  :P Tu es rentré par la mer, la route, tu as laissé le bateau là-bas?  ;D


Non,
J'ai vu son bateau aux Minimes.
Je sais même dans quel bassin et à quel ponton.  aa aa aa aa aa


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 02 Juillet 2023 00:48:29
Pour faire patienter JC, une petite parenthèse culturelle qui apprendra j'en suis certain beaucoup de choses, même au Bretons du fofo.
Mais vous n'êtes pas obligés de me croire  :D :D :D :D

Vous me permettrez donc un petit aparté pour nos amis sudistes, en tout cas pour ceux d’entre-eux à qui l’on a raconté que ces vastes steppes bretonnes situées bien au nord d’Avignon seraient encore une terra incognita et qui l’ont cru. Eh bien non ! ce n’est pas vrai.  C’est un territoire bien documenté par les meilleures géographes et ethnologues. 

Cette terre, elle a quelque chose de magique. Oui, magique. Certains décrivent souvent l’existence de ces créatures malicieuses, parfois maléfiques, dont j’ai déjà évoqué l’existence en passant au large de Groix. Elles sont heureusement peu nombreuses le jour et partagent volontiers leur espace-vie avec d’autres créatures un peu moins étranges, que la science fait descendre plus ou moins directement d’hominoïdes aujourd’hui disparus (les fameux Kenavopithecus) dont on sait seulement qu’ils jetaient des cailloux dans l’eau avant d’en dresser à terre quand il n’y eut plus de place en mer. Sans que la science ne parvienne à l’expliquer, leurs lointains descendants disent volontiers kenavo quand on les croise. Encore aujourd’hui, on ne comprend pas vraiment la signification de ces paroles, les autochtones guère plus d’ailleurs. Certains ethnologues affirment qu’ils baragouinent plutôt qu’ils ne parlent (merci à Jean-Luc pour ce savoureux rappel étymologique). D’autres sont persuadés qu’il sagit de formules secrètes jadis murmurées par les druides à l’occasion de célébrations religieuses. Visiblement leur charme opère toujours aujourd’hui.

Mais les racines de cette magie tient avant tout de la géographie, et pour bien la comprendre, il faut remonter à une époque bien plus ancienne, bien bien avant que le sud et son concept marketing n’aient émergés. Le temps venait à peine d’apparaître (en fait l’histoire de Chronos est un peu compliquée. Œdipe à côté, même avec l’aide de Freud, c’est de la gnognotte; mais me direz-vous tout est relatif) les Titans règnaient sur la Terre.

Ils s’affrontaient régulièrement, comme des gamins dans une cour de récré (ils n’avaient rien d’autre à faire, ils n’avaient ni Netflix ni le fofo). Leur force n’ayant d’égal que leur colère, quand ça clachait entre eux, c’était la Terre entière qui était défigurée. Et c’est un jour de dispute violente entre Océanos, Thétys et Crios que la Bretagne – on parlait alors d’Armorique  – apparut sous la forme d’une haute montagne. Une très haute montagne qui dominait le monde, et qu’Océanos voulut bordée de mers, que Crios voulut près de lui à l’ouest et que Thétis voulut féconde en regroupant près des côtes tous les bars et tous les homards qui existaient alors. Et pendant longtemps les Titans s’accomodèrent de ce payasage magnifique qu’ils avaient créé, et encore aujourd'hui la Bretagne est à l'Ouest, est entourée de mers où pullulent bars et homards.

Puis les dieux de l’Olympe chassèrent les Titans (encore une histoire d’Œdipe qui tue le père, faut reconnaître que les mecs ils n’étaient pas névrosés pour le coup) et délaissèrent l’Armorique pour la Crète. Peu à peu, sous l’action du vent et les assauts répétés des vagues et de l’âge, la montagne s’est assagie. L’Himalaya qu’elle était a alors pris le nom de Massif armoricain, l’Éverest celui des Monts d’Arrée avec un sommet qui culmine désormais modestement à 384 mètres au-dessus du niveau de la mer, 387 à marée basse et 381 mètres à marée haute. Cette repiration de la Bretagne toute entière, calquée sur le passage de la Lune, témoigne de l’intérêt que lui portent encore les Titans pourtant disparus. Et c’est justement sur le contrefort sud de ce massif, qu’on appelle précisément les Montagnes noires, dans un lieu qui remonte donc à la nuit des temps, à la fois témoin et fruit du combat des Titans, que l’Odet prend sa source. Vous ne serez donc plus surpris de savoir que les dieux qui ont suivi ait pu invariablement y cacher le paradis.

 :D


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: capt.reg le 02 Juillet 2023 09:12:29
....................  ils n’avaient ni Netflix ni le fofo).......
................
 :D


Noooon ! ni l'un ni l'autre ?... 
Tu vas bientôt nous raconter que les smartphones n'existaient pas non plus ?
Allo quoi !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 02 Juillet 2023 09:36:57
Merci Eric pour cette jolie parenthèse ethno-géographique !  ^-^ O0


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 02 Juillet 2023 19:33:58


 Vous ne serez donc plus surpris de savoir que les dieux qui ont suivi ait pu invariablement y cacher le paradis.

 

Je comprends mieux maintenant …. ;) :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 02 Juillet 2023 21:09:49
Bonjour Eric,
Effectivement on comprend mieux pourquoi c'est un paradis caché.
Mais attention, à force de trop le divulguer, il pourrait devenir un enfer.  :D :D :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: toby64 le 02 Juillet 2023 21:18:18
Moi j'attends qu'ils defloutent les cartes au nord de l'Adour ! :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 03 Juillet 2023 06:39:03
Merci Eric pour la parenthèse  :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 03 Juillet 2023 09:13:54
Tetris je connais bien  ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 01 Novembre 2023 16:29:19
5000e message… ça se fête !

Pour l’occasion, un inédit de la série « Jusque l’infini et au-delà !». :)
D’accord, je suis un peu en retard. D’accord, il n’y a pas de résumé des épisodes précédents. D’accord il n’y a pas beaucoup de photos, mais bon… une navigation à lire alors que la tempête s’approche de cette pointe bretonne qui fut si douce, si belle, et dont le souvenir berce encore mes rêves.


Episode 11 —  Un jour au paradis : la lune avait rendez-vous avec...

Avec l'océan, je retrouve les grands espaces et le bleu. Le bleu du ciel, le bleu de la mer, entre lesquels, par petites touches, on perçoit encore l’odeur chaude de la terre. Le parfum des arbres, si généreux tout à l'heure, laisse rapidement la place à cette délicieuse senteur iodée qui vient du large et qui nous aspire.

Ce soir, j'ai prévu de dormir à Port Haliguen.

Le plan est simple : je vais suivre la côte, en ligne droite, à cinq ou six nautiques de distance, jusque Quiberon.
Je ne vais pas vous le cacher. La navigation promet d'être pénible. Il fait chaud, très chaud en cette fin d'après-midi bretonne et ce n’est clairement pas un temps à rester dehors. Même le vent, d’habitude si joueur, a renoncé à l'idée de soulever les vagues. La mer est à peine ridée. C’est déjà trop.
Seule la visibilité est parfaite : suffisante pour pouvoir prendre ces nombreuses voiles blanches pour de lointains phares éphémères, et suffisamment réduite pour dissimuler, derrière un léger voile, les terres lointaines, prêtant à cette navigation côtière l'illusion d'une grande traversée.

Après la sortie de l'anse de Bénodet, en suivant cette fois-ci le bon alignement au 165 sur trois nautiques, ce sera tout droit au cap 121 cette fois-ci sur un peu plus de quarante-sept nautiques, jusqu'à rejoindre le premier alignement du passage de la Teignousse. Nous passerons donc au nord de l'île aux Moutons et de l'archipel des Glénan en laissant la Jaune de Glénan sur tribord. Groix sera très largement débordée par le sud, pour éviter les mauvaises rencontres avec les korrigans, et toujours tout droit, nous passerons au nord du plateau des Birvideaux.
Au bout de cette ligne droite, car même les lignes droites de plus de 45 nautiques ont une fin, entre la presqu'île et Belle-Île, ce sera un virage à gauche pour emprunter le fameux passage de la Teignousse, bien connu des futurs hauturiers, pour traverser cette chaussée mal pavée qui, de Quiberon à Hoëdic, a dû être le témoin de l’écrasement de quelques crabes. Le phare de la Teignousse passé, un nouveau virage à gauche, sur une route au 300, dans le secteur blanc du phare de Port Haliguen. Et ce sera fini pour aujourd'hui.
Au total, cinquante-huit nautiques. À vingt-deux nœuds environ, cela fait cent vingt litres d'essence et un peu moins de trois heures de navigation en tenant compte des arrêts fraîcheurs et de la vitesse réduite à proximité des cailloux.
Je n'ai toujours pas de cartographie de la zone sur mon traceur. Groix comme Belle-Île ou Quiberon sont de vulgaires polygones grossièrement dessinés, jaunes délavés sur un bleu artificiel. Pour mon plus grand bonheur, je n'ai pas d'autre choix que de me fier à mon compas, à ma montre et à mes yeux. J'ai bien sûr les cartes papier, et sur mon iPad les cartes raster du SHOM, sans oublier TZ qui enregistrera patiemment ma navigation, comme un galérien, en fond de cale.

17 heures 19. Je passe à proximité de la latérale Basse Rousse qui marque la fin du chenal de Bénodet, et j'accélère jusque vingt-et-un nœuds. Je me permets de quitter légèrement l'alignement des phares de Bénodet en direction de la tourelle Men Dehou que je devine au loin. À cette allure, mon prochain point tournant est dans huit minutes. Je regarde ma montre. Il est 17 heures 19. J'attends, un œil sur le compas, l'autre sur la montre qu'il soit 17 heures 27 pour prendre ce cap 121. Ça y est, il est 27, le phare de Langoz est à peu près trente degrés en arrière du travers, je tourne à gauche sur le cap 121 en direction de la Teignousse, au loin, en laissant Men Dehou sur... la droite et au sud, comme c’est écrit dessus. Prochain point : la Jaune de Glénan dans une demi-heure. C’est parti pour plus de deux heures de ligne droite !

C'est étrange comme, dans l’immensité de l'océan, j'ai perdu cette sensation de solitude qui m'accompagnait sur l'Odet. Est-ce parce que sur l’Odet, au contraire de l’océan, entre l’horizon et moi il n’y avait personne ? Ou bien est-ce à cause de l’appel, sur le 16, de ce voilier en panne de vent qui demande un remorquage pour pouvoir attraper son train, comme on demanderait l'heure à un passant dans la rue ?

Devant moi, c’est l'île aux Moutons qui approche : d'abord ce petit trait brun caractéristique des côtes qui se tiennent encore à distance. Et puis soudain, paf ! l'île émerge et on distingue un phare, une cheminée, une falaise, une plage. L'île se prolonge au sud-est par deux îlots rocheux, et derrière, à gauche comme à droite, ce sont les Glénan, avec leur multitude de voiles blanches venues profiter des eaux turquoises.
Je sens bien que Kalango aimerait aussi s'y baigner, moi aussi d’ailleurs. Mais non. La route est droite et elle est devant nous. Cap 121. Tout en restant concentré sur le compas, mes pensées vagabondent. Je repense aux deux heures passées sur les eaux paisibles de l'Odet. Et paf ! ressortent alors de ma mémoire, comme l’île aux Moutons de la brume il y a quelques instants, quelques vers anciens travestis pour l’occasion :

Sous le pont de Cornouaille
Coule l’Odet…

Barre au 121, je répète ces quelques mots, qui sonnent plutôt bien, me semble-t-il :

Sous le pont de Cornouaille
Coule l’Odet...

pendant que Kalango plane sur cette eau de plus en plus lisse. Vingt-deux nœuds, parfois vingt-trois. Il est 17 heures 56. J'arrive sur le plateau de la Basse Jaune. Penfrat est encore accrochée à mon sillage quand devant moi apparaît la nonchalance de l'aileron d'un dauphin solitaire. Je réduis, le dauphin m'accompagne, s'éloigne, revient, et finit par disparaître. C'est vraiment surprenant cette relation avec un dauphin. Il vient jouer avec vous. Il vous donne l'impression de vouloir vous emmener avec lui là où il va, de vouloir partager son histoire, sa vie. Je me surprends à l'appeler en faisant quelques clics avec la langue. Souvenirs de Flipper le dauphin, peut-être, ou réflexe inné provenant d'un temps où les hominoïdes étaient encore proches des delphinidæ ? J'attends. Il faudra que je retravaille mes clics, car il ne reviendra pas.

Je reprends alors ma navigation. Cap 121. Vingt-deux nœuds.

Cette rencontre, ce bonheur fugace s'ajoute aux émotions de la journée et lui donne un relief tout particulier.
Je passe la cardinale Jaune Glénan. Il est 18 heures deux, soit l'heure de passage prévue... compte tenu de la rencontre avec le dauphin. Toujours cap au 121, prochain point, travers sud de Pen Men à l'extrémité de Groix. Treize nautiques, un peu moins de quarante minutes.

Penfrat disparaît finalement derrière moi. Je regarde mon compas, trouvant là un bout de nuage, là une voile distante pour y accrocher ma route. Et en même temps,  je scrute méthodiquement la surface de l'eau à la recherche un indice qui me permettrait de retrouver mon compagnon de route. 121 degrés... Se tenir à 121 degrés.  Je me suis déjà fait avoir en quittant Port-Joinville avant-hier : ne pas laisser l'euphorie de cette rencontre rare m'écarter de la route tracée. 121 degrés, ni plus, ni moins. Mettre la ligne de foi du compas juste à gauche du trait du 120.

Ça peut sembler absurde de vouloir suivre aussi précisément un cap quand suivre un cap moyen suffit au voyage. Je ne veux pas  céder à quelque forme de complaisance; cette ligne droite, je la veux, je la conçois comme une oeuvre d’art éphémère; une œuvre connue de moi seul, comme une performance d’artiste en manque d’inspiration qui s’engagerait pour dénoncer un monde qui aurait perdu le nord depuis longtemps.

Je tiens le troisième vers.

Sous le pont de Cornouaille
Coule l’Odet
Et nos amours

Ce n’est pas très original puisque c’est le vers original. Ça sonne pas mal. Mais ça ne va pas. Je naviguais sans ma mousse sur l'Odet; elle ne comprendrait pas cette licence poétique... Alors je convoque Prévert pour établir la liste des remplaçants possibles. Bateau, moteur, poupe, carène, pare-bat, amarres, coque, cœur, bonheur, voyages, cap (121), sillage, souvenirs, bouts, nav, cartes, âme, paradis, ange, paix, insouciance, sagesse, ataraxie, ...

Et nos étraves...

Bof ! à part pour Xavier ou Michel, nos étraves qui coulent sous un pont, ce n'est quand même pas bien réjouissant. Allez ! 121 degrés. On verra plus tard...

Et déjà au loin, j'aperçois Groix. Une ligne sombre qui s'étire exagérément vers le ciel. L’île rejouerait-elle la fable de la grenouille et du bœuf ?  Je regarde s'il existe une chaussée des bœufs dans le coin qui pourrait expliquer cette  étrange dilatation. Mais non. Sur la côte nord de l'île, il y a une basse des Bretons qui répond à la basse du Grognon juste à côté, mais de bœuf, de buoc’h ou d’ejon, point. C’est sans doute encore un vilain tour de ces korrigans groisillons.  Car je sais de quoi ces korrigans sont capables, je me souviens trop bien de leur attaque perfide à l'aller sur mon taud : alors je redouble de vigilance. Je scrute consciencieusement l'horizon. Et je fais bien, car soudain, je les vois. Quatre korrigans sur l'avant du tribord. Quatre qui attirent sournoisement le bateau. Je les imagine déjà aspirant Kalango (et moi aussi) dans leur petite gueule béante. La situation semble méchapper, ils se rapporchent, je vois déjà, comme dans le dicton, ma croix. Ils sont à quelques mètres et... et c'est avec un grand soulagement que je constate ma méprise. Ce que j'ai pris pour des korrigans, ce sont en réalité des dauphins qui nagent paisiblement. Je m'arrête près d’eux, et à tour de rôle, ils viennent saluer mon étrave; sous le soleil, leur ventre scintille façon boule à facettes, puis ils disparaissent. Ne subsistent alors de cette rencontre que ces ronds dans l'eau qui se perdent à leur tour à la surface.

C’est alors que je m'apprête à remettre les gaz,  qu’apparaît sur tribord, juste à côté de moi, un étrange aileron qui sort de l'eau.

Immobile, il s'incline et se redresse lentement, comme s'il voulait me saluer façon bientôt feu reine d'Angleterre. Intrigué et méfiant tout de même, je regarde de plus près. Stupeur : juste sous la surface brille un énorme disque argenté et sombre, vertical, tout applati, surmonté de cette nageoire qui godille. Sur le bord du disque, un œil rond me fixe. Difficile de donner une taille à cette créature étrange, mais je dirais un bon gros mètre de circonférence. Le temps de me précipiter sur l'iPhone que je viens de reposer, le poisson-lune disparaît à son tour dans les profondeurs. Téléphone en main, j'attendrai qu'il réapparaisse, en vain : il ne reste dans l’eau que de petites méduses qui auraient dû être à son menu du soir. Je devrai me contenter de l'image de cette rencontre, inédite, à jamais dans ma mémoire.

Faut-il que je m’en souvienne

Grâce au poisson-lune, je tiens ce quatrième vers. Mais toujours pas le troisième. Alors je continue au cap 121, les yeux pleins de paillettes.

Quelle journée !

18 heures 40. J'arrive travers Pen Men. Je distingue assez bien, désormais, la côte sud de Groix. Si à l'aller la côte septentrionnale m'avait semblé sombre et lugubre, au contraire, en cette fin d’après-midi, la côte méridionnale de l'île accroche la lumière qui, aujourd’hui, a décidé de ne pas laisser sa part à l’ombre. Et c'est un délice pour les yeux que cette côte, défendue par une petite falaise sombre surmontée de collines qui captent cette lumière. Seule faille de ce système défensif, la baie de Port-Saint-Nicolas qui offre un modeste abri au milieu des cailloux, et qui apparaît comme un trait sombre. Très belle côte, de loin !
Je navigue à vingt-trois nœuds en songeant à cette merveilleuse journée. À cette allure, je ne me rends pas compte qu’il fait très chaud, si ce n’est que le vent a définitivement préféré se mettre à l’ombre. Il laisse ainsi une mer d’huile sur laquelle les quelques nuages se reflètent parfaitement. C’est beau, oui, mais cela ne présage rien de bon pour la suite : « un calme sans haleine s’établit sur les flots qu’un dieu vient endormir ». C’est ainsi qu’Homère décrit l’arrivée d’Ulysse à proximité de l’île des Sirènes, et ce sentiment de naviguer depuis une éternité à proximité de Groix me gagne et m’inquiète. Si j’aperçois la pointe des Chats qui marque l’extrémité orientale de l’île, je suis à peine sur le travers de la pointe Saint-Nicolas; entre ces deux points s’avance la pointe de l’Enfer... Un coup d’oeil à ma montre indique pourtant que je progresse normalement. Et cette pointe de l’Enfer, franchement, quelle mauvaise coïncidence pour qui vient du paradis. Vingt-trois nœuds, cap 121, le sillage blanc s’étire derrière moi, imperturbable. Mais qui sait ce que l’avenir me réserve ? Cette île est maléfique...

J’aperçois loin devant moi sur bâbord la silhouette d’un canot de pêcheurs. Leur marche est erratique. Ils semblent bondir de poste en poste. Je suis trop loin d’eux pour savoir si c’est une stratégie payante, et d’ailleurs bien incapable de juger du bien fondé d’une sratégie de pêche.
Un fragment de ce qui fut un nuage s’est gentiment calé au bout du 121. Je le suis, aveuglément, ce qui me libère et me permet de regarder la mer. Elle est bleue, elle est lisse, et à part ce canot-bondisseur sur bâbord, la mer est déserte.
Les déserts sont des endroits visiblement faits pour dessiner. « S’il-te-plaît, dessine-moi un dauphin !».  Ah non, c’est vrai, je n’ai plus de petits Princes depuis longtemps. « S’il-te-plaît, dessine-moi un bateau » ont dit ces dauphins qui viennent à ma rencontre sur bâbord. Encore des dauphins ! me direz-vous. Je ne me lasserai pas de vous dire combien c’est beau, combien c’est reposant. Le spectacle semble irréel, voire surnaturel. Et pourtant, je suis bien là, les dauphins qui accompagnent mon étrave sont bien réels : je suis le spectateur ébahi d’un tableau dans lequel je crois avoir été invité par hasard.

C’est toujours le même défilé devant l’étrave, la même chorégraphie, parfaite, la même nage ondulée qui m’accompagne, hypnotique... Puis soudain, une touche de grâce au milieu de toute cette magie. Ils sont deux. Deux en formation serrée. Ils s’éloignent sans jamais vraiment quitter la transparence des eaux, puis dans un large virage, ils reviennent vers moi et passent sous l’étrave. Ils passent collés-serrés. Mais ils ne sont pas deux, ils sont trois. Cette tache très claire juste au-dessus de sa mère, en retrait de l’aileron, c’est un delphineau simplement collé à sa mère et protégé par l’autre dauphin. À sa façon de nager, sans aucun mouvement, juste aspiré par le déplacement de sa mère, il doit être très jeune, vraisemblablement pas plus d’un mois. Alors, forcément, l’idée d’être peut-être le premier bateau qu’on lui présente, c’est une nouvelle pépite de bonheur dans cette journée extraordinaire... Il ne le sait pas encore, et ne le saura peut-être jamais, il s’appelle désormais, lui aussi, Kalango, ou plus exactement Kalanguinho, petit Kalango en Brésilien (qui est aussi, évidemment, le surnom de l’annexe).

Quelle journée fantastique !

Mais je dois déjà reprendre ma marche au 121, reprendre ma routine qui me fait passer successivement du compas au nuage, puis des paramètres moteurs à la veille de chacun des secteurs de l’horizon entrecoupés par un coup d’œil furtif au petit nuage : je trace cette belle et longue ligne droite sur l’océan, qui mériterait pourtant de virevolter pour traduire la légèreté qui m’habite.

D’ailleurs la pointe des Chats finit par disparaître à son tour. Je suis d’abord soulagé puis tout étonné d’avoir passé Groix sans encombre. Qu’ai-je fais de plus ou qu’ai-je fait de moins qu’à l’aller ? Comment expliquer avoir échappé aux malices  des korrigans ?

Certains – et je les en remercie – feront remarquer qu’il est normal que les choses aillent mieux après une journée entière passée les doigts dans la résine à remettre Kalango en ordre. D’autres – ceux qui ne sont jamais venus dans cette contrée où a vécu le grand Merlin – penseront  que ces histoires de korrigans ne servent qu’à effrayer les jeunes enfants. Mais si comme moi de longues études du latin vous ont initié aux secrets du monde, vous aurez compris – je ne l’ai compris que bien après ce voyage – qu’il ne peut sagir que de l’intervention de quelque divinité antique, opposant à la malice de ces korrigans barbares la magie blanche des dauphins, tout comme jadis les dauphins sauvèrent Télémaque de la noyade, ou comme ils transportèrent Appolon ériger son temple à Delphe, ou comme ils protégèrent Ulysse.

Ce second passage au large de Groix aura eu le mérite  de m’inspirer le cinquième vers.

Faut-il que je m’en souvienne
Le soleil soufflait toujours après la tempête

Mais il me manque toujours le troisième ! Et j’y réfléchis,  toujours en maintenant ce cap 121. Je passe finalement les Birvideaux à 19 heures 16. Comme Groix, cette tourelle qui m’avait parue sombre à l’aller n’est pas si austère que cela baignée dans la lumière d’un début de soir d’été. Sur bâbord, on distingue la côte sauvage de la presqu’île de Quiberon. Si jolie depuis la terre, je trouve que, depuis le large, elle pert un peu de son charme. Sans doute parce que j’en suis loin, sans doute parce qu’on voit surtout cette grande langue de lande qui part de Penthièvre, et que la partie rocheuse disparaît dans l’alignement. Pour la première fois depuis le départ de Bénodet, l’horizon est bouché aussi du côté tribord. La Pointe des Poulains marque le début de Belle-Île  Pas grand monde sur l’eau.Tous à l’apéro ?

À suivre…


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 01 Novembre 2023 16:48:52
Magnifique Eric, tu nous régales !!!  ;) 8)

On se nourrit de ta poésie, enfin presque car en attendant la suite on reste sur sa faim  :'(


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Jean luc 24 le 01 Novembre 2023 17:09:18
Merci pour le récit Éric comme dit jean  luc  un régal ,félicitations pour ton 5000 millième


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 01 Novembre 2023 18:08:39
Magnifique, et comme a dit Apolinaire  ;)

Un raton laveur

« on peut être poète dans tous les domaines: il suffit qu’on soit aventureux et que l’on aille à la découverte »

Et ce 3ème vers alors! Un autre raton laveur Faut il que tu t’en souviennes  :)

Vivement la suite tu nous régales


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 01 Novembre 2023 18:57:38
A quand le . . .  "goncourt de VCF"  ???? :'( :'( :'( :'(


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 02 Novembre 2023 11:35:37
Magnifique Eric, tu nous régales !!!  ;) 8)

On se nourrit de ta poésie, enfin presque car en attendant la suite on reste sur sa faim  :'(

Merci, bien content que ça vous plaise.

Magnifique, et comme a dit Apolinaire  ;)

Un raton laveur

« on peut être poète dans tous les domaines: il suffit qu’on soit aventureux et que l’on aille à la découverte »

Et ce 3ème vers alors! Un autre raton laveur Faut il que tu t’en souviennes  :)

Vivement la suite tu nous régales

Merci Joël.

Il faut remettre l'épisode dans son contexte de canicule... Il faisait très chaud en juillet 2022, les feux de forêt allaient apparaître en BZH, les prés n'étaient déjà plus verts... donc pas de raton laveur... Merci quand même pour l'aide :D

A quand le . . .  "goncourt de VCF"  ???? :'( :'( :'( :'(

Je suis d'accord. Trop de photos sur le fofo :D :P, surtout celles des gens du sud, photoshopées avec un méchant filtre bleu ;D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 02 Novembre 2023 12:39:44
Merci Eric pour ce magnifique récit, le seul regret c'est qu'il soit impossible à lire le matin au réveil; d'où l'heure tardive de ma réponse.  ;)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: xabmay le 02 Novembre 2023 13:03:04
A quand le . . .  "goncourt de VCF"  ???? :'( :'( :'( :'(

On a un sacré favori… même si le passage sur l’étrave au fond de l’eau est moyen  ;D

Merci Éric, tu nous régales ! On s’y croirait. J’adore l’anecdote sur le voilier en panne de vent qui a peur de louper son train ! C’est tellement souvent le cas…



Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: lefailhal le 03 Novembre 2023 11:17:26
Encore un superbe récit, merci.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 04 Novembre 2023 16:04:17
Bonjour Eric,
Comme d'habitude, quel magnifique récit à l'image de la beauté des lieux.  :) :)
Les rencontres avec les dauphins restent des moments magiques à savourer sans modération.
Merci pour le partage.  :) :) :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Christophe79 le 04 Novembre 2023 18:52:04
Whaouuuu ! J'adore ton écriture.    aa

Qu'un éditeur passe par là et j'ai bien peur qu'il nous confisque la primeur de ces vers... même s'il en manque un !  :D


5000e message… ça se fête !
...
À suivre…
N'attends pas le 10 000ème pour nous faire une suite.  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 08 Novembre 2023 13:31:33
Merci encore pour vos commentaires. Après vous avoir lus, j’ai quand même tendu une oreille attentive aux résultats du Goncourt, mais non, ce n’est pas moi.

J’ai aussi lu la critique de JC qui voit dans mon style un vulgaire plagiat de celui de Michel. Voici donc un résumé en photos, le lecteur pressé pouvant se contenter de la lecture des légendes, quoiqu’il puisse également ne lire que les images.



(https://img.pccreation.net/photos/202311080903468264.JPG)

Photo 105 - L’île aux Moutons. Derrière, l’archipel des Glénan

Même si la photo écrase les perspectives, on notera cette longue houle et une mer du vent courte et désagréable. Une escale à prévoir la prochaine fois.




(https://img.pccreation.net/photos/202311080903476591.JPG)

Photo 106 - Ce qui ressemblait à des korrigans

Une méprise risible, sauf quand on a déjà croisé des korrigans et qu’on sait que leurs oreilles sont de la taille d’un aileron de dauphin. Le truc infaillible pour ne pas se tromper : le korrigan a deux oreilles, le dauphin n’a qu’une dorsale. S'en souvenir.




(https://img.pccreation.net/photos/202311080903475998.JPG)

Photo 107 - Qui voix Groix voix sa croix

Ses falaises sombres, d’abord enfouies puis remontées des profondeurs de la Terre, se détachent de l’horizon. À gauche, la pointe de Pen-Men, avec quelque part son sémaphore et son phare… Pas tibulaire, mais presque !




(https://img.pccreation.net/photos/202311080903487076.JPG)

Photo 108 - Cap 121

Ne pas se laisser impressionner par cette mer déchaînée; et Groix qui n’en finit pas de nous surveiller. Devant, Belle-Île n’est pourtant pas loin, et l’on pourrait la deviner si les rêves de grand large n’étaient pas si forts.




(https://img.pccreation.net/photos/202311080903493842.JPG)

Photo 109 - Miroir, ô mon miroir ! dis-moi qui est le plus beau nuage ?

Réponse A — les Cirrocumulus
Réponse B — les Altocumulus
Réponse C — les Cirrus floccus altocumulogenitus




(https://img.pccreation.net/photos/202311080903502469.JPG)

Photo 110 - Quiberon, de la Beg-er-Lan à la pointe de Goulvar

À bâbord, c’est enfin Quiberon, et ses crêperies du port dont on imagine les effluves sucrées et beurrées. La pointe de Bug-er-Lan et ses rochers sont visibles à gauche, juste avant la digue du port. Derrière, la grande plage, parenthèse de sables clairs que les rochers de la pointe Beg-er-Vil referment rapidement . Les derniers bâtiments à droite, c’est le centre de thalasso. Après, c’est la mer, c’est les rochers, le début du passage de la Teignouse…




(https://img.pccreation.net/photos/202311080903501830.JPG)

Photo 111 - À tribord, plus sauvage, Belle-Île

Il n’y pas grand monde sur le bassin. De grandes falaises entrecoupées par de petites rias discrètes. On a du mal à distinguer Sauzon (à droite), près du voilier. Le Palais, lui, est complètement masqué par la pointe de Taillefer au milieu de la photo.




(https://img.pccreation.net/photos/202311080903518868.JPG)

Photo 112 - Le passage de la Teignouse

Mais qu’ont-ils fait de tous ces cailloux qui figurent sur la carte 9999 ? On serait tenté de passer tout droit. Certains le font. Les crabes sont prévenus !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 08 Novembre 2023 15:46:38
Rien à voir avec la taille du texte mais plutôt de sa qualité qui mérite d'être à 100% de ses capacités  ^:(


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 08 Novembre 2023 16:28:15
Rien à voir avec la taille du texte mais plutôt de sa qualité qui mérite d'être à 100% de ses capacités  ^:(

C'est bien pour ça que je t'ai mis des images :P :P :D :D :D. Si je pouvais, je t'apporterais le café en plus :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 08 Novembre 2023 17:27:54
Bonjour Eric,
Tout ce bleu, ça me donne le blues .... :D :D :D
N'empêche on est dans un autre monde sur cette immensité liquide, bien calme.  :D :D :D


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 08 Novembre 2023 23:07:13
Bonjour Eric,
Tout ce bleu, ça me donne le blues .... :D :D :D
N'empêche on est dans un autre monde sur cette immensité liquide, bien calme.  :D :D :D

Tout à fait d’accord. Ça fait du bien rien que d’y repenser


Titre: Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 08 Novembre 2023 23:38:03
Tout à fait d’accord. Ça fait du bien rien que d’y repenser

+1

et l'on pense déjà aux navigations de la saison 2024   ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Lalou le 08 Novembre 2023 23:52:04
Super super Eric,
Les moutons j’y ai posé mon étrave de SR une fois mais je me rappelle un abord par l’Est bien encaillouté, navigation à la carte au compas sans gps ni sondeur.
J’y ai vu plus de Sternes que nulle part ailleurs.
Je rêve de pouvoir faire Quiberon Groix les Glenan avec une mer aussi déchaînée que celle là.
Merci
Martial


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 09 Novembre 2023 00:31:37
Je rêve de pouvoir faire Quiberon Groix les Glenan avec une mer aussi déchaînée que celle là.
Merci
Martial

Je ne le souhaite à personne  :D.
Mais tu as désormais la monture taillée pour l’aventure !


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 09 Novembre 2023 08:03:49
Merci Eric, la qualité des photos est "presque" au niveau des textes... tu nous régales :)


Titre: Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Doudou39330 le 09 Novembre 2023 22:10:57
C'est bien pour ça que je t'ai mis des images :P :P :D :D :D. Si je pouvais, je t'apporterais le café en plus :)

Moi j’veux bien le café en plus… ;D ;D ;)

Top avec les images…


Titre: Re : Re : Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 13 Novembre 2023 12:11:58
+1

et l'on pense déjà aux navigations de la saison 2024   ;)

+1

Le programme de nav fluviale est bouclé. Selon les conditions météo et ressources en eau, ce sera:
Avril : L’Ille et Rance jusqu’à Dinan - durée 2 semaines
Juin : La Vilaine jusqu’à Foleux - durée 10 jours
Début Juillet réunion annuelle de l’association bretonne de la plaisance fluviale à Rohan ( partie Ouest du canal de Nantes à Brest) - durée 12 jours
Septembre: à définir


Mais avant le réconfort il faut produire l’effort ( isolation,vaigrages,panneaux de roof, pare brise, peinture pont et carénage.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: white hunter le 13 Novembre 2023 14:06:07
Beau programme !

Citation
Mais avant le réconfort il faut produire l’effort ( isolation,vaigrages,panneaux de roof, pare brise, peinture pont et carénage.

Mais que fait le gouvernement, bordel ???

Quand je serai président, tous ces trucs chiants seront pris en charge par la solidarité nationale. J'ai moi même à bâcher mon 4.80 m et à le mettre sur cales.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 16 Décembre 2023 01:56:39
Épisode 12 – Bara'Gwin – G69


J’arrive au bout de cette grande ligne droite que je dessine soigneusement à la main depuis maintenant près de 45 nautiques.

Les traces de la civilisation finissent par apparaître à l’approche de Quiberon que je laisse deux nautiques sur bâbord. Avec un peu de concentration, on arrive à distinguer au loin la jetée de Port Maria. Au-dessus, les petites maisons aux toits d’ardoise et le clocher qui les surplombe évoquent le souvenir d’un passé glorieux de remier port sardinier français. Un peu plus loin, c’est le sable de la Grande plage qui brille sous le soleil. C’est un petit coup de pinceau, horizontal et argenté, qui sépare la façade blanche des immeubles du bleu de la mer. Puis la forêt reprend peu à peu ses droits jusqu’au célèbre centre de thalasso qui marque la fin, sinon l’aboutissement, de la civilisation. Ensuite, et ce n’est pas plus mal, la côte continue et s’échappe dans la forêt, et alors qu’elle semble finalement s’interrompre un peu plus loin, elle ressuscite dans un bosquet avant de s’évanouir définitivement, cette fois, entre le bleu de la mer et le bleu du ciel.  C’est la pointe du Conguel, une presqu’île au bout de la presqu’île, comme une mise en abîme, seule source de vertige dans ce paysage  que les vents d’hiver ont laissés sans colline ni falaise, et qui se prolonge sur les cailloux encore cachés de la chaussée de la Teignouse.

(https://img.pccreation.net/photos/202312152243301532.JPG)
 
Photo 113 - Quiberon, le port de pêche, la Grand plage


De l’autre côté, sur tribord, dans cette lumière de fin d’après-midi, Belle-île cache dans ses falaises ses trésors que sont le Palais et Sauzon. Même à cinq nautiques, même à contre-jour, elle n’en est pas moins belle. Elle flotte sur l’océan, majestueuse. Au loin comme ça, elle est un peu comme cette rose en bouton qui garde encore en elle son parfum, mais qui n’en est pas moins déjà une rose. Alors tant pis si ce soir nous n’emportons que le souvenir de son parfum délicat; celui, floral et chaud, de ses prés verts, celui, vif et iodé, de ses rochers bruns, tous deux unis dans le mouvement incessant des vagues. Car ce soir, nous tournerons à gauche, nous emprunterons le passage de la Teignouse pour relâcher une nuit à port Haliguen.


(https://img.pccreation.net/photos/202312152241503614.JPG)
 
Photo 114 - Belle île,


Le passage de la Teignouse d’abord. Comme pour beaucoup d’entre nous, il me rappelle le hauturier. Car en empruntant ce passage, on entre de plain pied dans la carte 9999 du SHOM, celle qui ne sert qu’à passer le hauturier.

On critique, souvent à raison, le permis hauturier. En effet, on nous demande de savoir tracer des triangles quand dans la vraie vie des droites suffisent, n’est-ce pas ? L’espoir de son utilité pourrait provenir du compas en laiton qu’on nous demande d’acquérir à l’occasion, en se disant, c’est vrai, en naviguant loin, les droites deviennent des grands cercles. Mais on se rend vite compte que ces compas ne servent qu’à faire des trous dans la carte. Mais pas sûr que ça convienne à nos trouyauteurs du fofo.

Et bien moi je dis qu’on a tort de critiquer ce hauturier.

Parce qu’on quand on y pense, le hauturier, c’est pour partir à la découverte d’autres horizons. Drndele en Croatie, Ak. ar Bogazi en Grèce,  ou plus loin en Chine Zhi Zhou Shan Dao… On le voit, il est nécessaire, sinon indenspensable, de développer sa capacité d’apprentissage des langues étrangères. Et c’est justement l’objectif de la carte 9999, permettre de se repérer rapidement au milieu de toponymes à consonance barbare.

On commence doucement avec la Teignouse qui n’est pas loin de sonner franchouillard, mais ça se corse , si je puis dire, rapidement avec Hoarn-Marnh, Iniz en Toull Bras qu’il ne faut surtout pas confondre avec Iniz en Toull Bihan, etc. Pout tout vous dire, j’avais fait l’impasse sur la révision du triangle. Je m’étais concentré sur ces noms barbares. Et ce fut la clé du succès. J’avais à peine lu l’énoncé de la question qui commençait par vous partez d’un point situé à 1 nautique au sud de Men Er Beleg que je savais déjà que j’arriverais à proximité d’En Dourel Du 28 minutes plus tard. C’était plié.


(https://img.pccreation.net/photos/202312152319096995.JPG)
 
Photo 115 - Extrait de carte du passage de la Teignouse


Mais revenons à la la question existentielle du moment. Ce n’est plus de trouver ce troisième vers qui m’agace à vouloir ne pas venir. C’est de savoir à quelle heure s’arrête cette ligne droite entamée à 17 h 27. Oui, je sais, il suffirait de regarder où se trouve le waypoint sur le traceur (quel waypoint ?), ou au pire de regarder où se trouvent les bonnes cardinales. Mais chez moi, à ce moment précis, c’est l’hémisphère bâbord qui prend la main pour une petite séance de calcul mental. Il rassemble les données : 47 nautiques, courant suffisamment faible avec ce coefficient de marée pour être négligé (0,3 noeud, de face de surcroît), dérive due au vent nul quasi nulle : l’âge du capitaine n’intervenant pas, ça devrait être facile. Et pourtant ! ce qu’on ne vous apprend pas au hauturier, c’est qu’au large on peut croiser des dauphins qui nécessiteront des arrêts que, bien sûr, submergé par l’émotion que l’hémisphère tribord ne contrôlera pas, on n’aura pas chronométrés. Bon OK, du côté temps, c’est pas génial, voyons si du côté de la vitesse... Pas mal, entre 22 et 24 noeuds… On va quand même pas chipoter...

Sauf que....  À 24 noeuds, on fait 60/24, c’est à dire 5 x 12 / 2 x 12, soit 1 nautique en 2 minutes 30… 48 nautiques en deux heures, 47 nautiques, c’est donc 1 h 57 et des bananes; à 22 noeuds c’est 11 minutes de plus ! Les arrêts. Combien déjà ? Deux ? Trois ? combien de temps ? Bref, je sais quand il faut tourner au mieux à un quart d’heure prêt : à proximité des cailloux, je dois reconnaître que ça fait un peu marin du dimanche. Et non, être dimanche aujourd’hui n’est pas une excuse…

Heureusement pour mon ego, j’ai noté l’heure au passage des Birvideaux : 19h16. Des Birvideaux à l’axe de la Teignouse 9 nautiques et demi plus loin, c’est 23 ou 24 minutes à 24 nœuds. À 23 nœuds, ça doit être 23 minutes et 22 à 22 nœuds... euh, non, ça marche pas comme ça !  Allez, hop ! c’est décidé. Virage à 19 heures 38. Sans doute un poil trop tôt, mais en tournant un peu avant sur un cap intermédiaire, je vais me rapprocher de la cardinale sud Goué Vas sud, que je ne vois pas encore, et de l’axe du passage.  Il y a bien une bouée pas très loin, mais je ne suis pas sûr de son identité. Effectivement, après quelques instants, j’identifie rapidement Goué Vas sud? Derrière elle, j’aperçois la latérale bâbord Goué Vas Est. Dans le soleil, elle n’est pas très rouge, mais je discerne assez bien son voyant cylindrique, et comme c’est la seule dans le coin… Ensemble, ces deux bouées délimitent le bord ouest du passage. Une petite baïonnette à droite, je me recale sur le passage et me dirige à 20 noeuds vers cette bouée latérale.

J’ai désormais un peu de temps pour regarder autour de moi. Et c’est la surprise : autour de moi, pas un seul de ces cailloux pourtant bien présents sur mes cartes. Nous sommes une heure avant la marée basse, il y a seulement 1,8 mètre d’eau au-dessus du zéro, sans doute même un peu moins, l’anticyclone écrasant l’eau sur le fond. J’ai l’impression d’être sur un lac paisible. Pas un seul remou ni de brisant visibles qui trahiraient ces roches disparues, rien qu’une eau plate et bleue. Qui a volé les cailloux ?


(https://img.pccreation.net/photos/202312152245179267.JPG)
 
Photo 116 - Le passage de la Teignouse, sans cailloux


(https://img.pccreation.net/photos/202312152245186640.JPG)

Photo 117 - Le passage de la Teignouse, sans cailloux


Devant moi, sur son rocher, le phare de la Teignouse se détache doucement. C’est une cabane blanche flanquée d’une tour blanche couronnée d’un bandeau sans doute rouge. Il n’a certes pas la majesté de Cordouan, mais sur son trône, le phare règne ici avec autorité sur l’entrée de la baie de Quiberon. Quand je serai plus près, je verrai que la cabane est en réalité une grosse tour blanche, basse, surmontée d’une tour de plus petit diamètre qui porte la lanterne. Un cabanon apparaît quelques pas plus à l’est.


(https://img.pccreation.net/photos/202312152245198639.JPG)
 
Photo 118 - Le phare de la Teignouse, en entrant par le sud du passage


(https://img.pccreation.net/photos/202312152250481913.JPG)

Photo 119 - Le phare de la Teignouse, avant de virer vers St Gildas

J’avance en direction du phare. 19h42, la latérale tribord Goué Vas Est est sur mon travers, la bâbord encore devant moi.  Il faut tourner. Cap 067. Je cherche le clocher de St Gildas à l’horizon. De l’autre côté de la baie, St Gildas baigne dans un halo doré. Je ne vois pas grand chose en fait. Ah si, peut être, là-bas, un truc un peu plus haut dans la brume.  Oui, c’est au bout du bon cap. Pas totalement convaincu, mais ce n’est pas grave. On fera comme si, puisque ça me fait passer entre les deux latérales que pour le coup je vois très bien. J’aurais dû prendre les jumelles. Ah, finalement, non, en y regardant bien, je me dirige en fait tout droit vers la prochaine latérale tribord. Je me recentre en visant, toujours au 067, le milieu des balises Basse Nouvelle et NE Teignouse.

En plus des jumelles, j’aurais dû prendre aussi la carto du coin. Je jette un coup d’oeil sur mon traceur. Visiblement,  il s’est libéré de toute contrainte géographique. Il réinvente la Bretagne, se lance dans une grosse impro aux sonorités heureusement plus jazzies que rock. Il affiche un gros bloc jaune pâle sur mon tribord, là où, par dessus le franc bord, je ne vois que du bleu. Pris quand même d’un léger doute, je consulte la carte papier qui, elle, s’habille de blanc et de bleu, s’autorisant tout de même une très légère touche de fantaisie en piquant quelques étoiles dans le bleu. Entre l’élégance classique de la grande dame qu’est le SHOM d’un côté, et l’esprit avant-gardiste de la jeune Navionics de l’autre, je trace ma route au milieu, les yeux grand ouverts sur ce qui est encore un miroir à peine dépoli.


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Photo 120 - Un traceur dans la Houate

Il est 19 h 48, je passe entre les dernières latérales du passage, j’attends un peu avant de prendre vers le nord, puis vers l’ouest, pour enrouler à distance le phare toujours sur bâbord. Je passe à proximité de la cardinale sud du banc de Quiberon. Petite séance photo, oups… ne pas aller trop vers le nord en lâchant la barre… rester au sud du banc. Petit virage, et enfin cap en direction de Port Haliguen qui se trouve désormais face à moi à contre-jour. Le phare de la Teignouse passe sur bâbord, tout comme les deux îles jumelles d’Iniz en Toull Bras et Iniz en Toull Bihan que vous savez qu’il ne faut pas confondre… Thierry ne le sait peut être pas, mais ces deux îles ont été baptisées en son honneur...


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Photo 121 - Le phare de la Teignouse, vue du nord


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Photo 122 -La Sud du banc de Quiberon, par le tribord


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Photo 123 - Les île Iniz en Toull bihan et en Toull bras


C’est étrange. Il y a quelques minutes encore, je naviguais sous ce soleil qui m’a accompagné tout l’après-midi. Et puis j’ai tourné vers l’ouest. Le ciel qui était bleu jusque-là a pris cette teinte plus chaude et le soleil que je croyais encore haut dans le ciel était déjà bas sur l’horizon. Comment ai-je pu perdre la notion du temps alors que depuis 15 h 15, je décompte les minutes ? 15, 27, 03, 19, 45, 16, … Comme un funambule sur mon cap, Tous ces instants sont devenus des points sur un instrument de navigation. Le temps, lui, s’est arrêté.

Sur ma gauche, c’est désormais le bout de la presqu’île, ses maisons, ses arbres, ses rochers. Une plage. Devant, la masse sombre de la digue de Port Haliguen laisse dépasser le mât des voiliers qui y ont trouvé refuge dans cette tempête de ciel bleu. C’est l’heure de sortir les pare-bats que j’avais rangés à Bénodet il y a déjà si longtemps et de préparer les amarres.


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Photo 124 - Port Haliguen


Je me fais doubler par un White Shark. Je suis un peu surpris de constater que ces bateaux naviguent : j’avais compris qu’ils avaient un problème grave de réservoir les en empêchant. Comme quoi il faut toujours se méfier de ce qu’on lit sur les forums, même sur le meilleur d’entre eux.


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Photo 125 - On ne nous dit pas tout



Un petit coup de bigo sur le 9 pour m’annoncer, et quelques minutes plus tard, j’entre dans un port bien calme où j’attends, dans le bassin à l’entrée, la personne de la capitainerie qui doit me rejoindre. Immobile, je sens alors la chaleur sub-caniculaire envahir le bateau. L’accueil est très sympathique, le paiement se fait par carte sur l’eau. Il est juste perturbé par le sillage d’un abruti qui n’a pas encore compris le fonctionnement de sa manette de gaz, au grand désespoir de l’employé du port initialement debout dans sa barque mais brutalement assis par la force des choses.

Je passerai la nuit au ponton G, place 69. C’est un peu plus loin dans le nouveau bassin, au milieu de voiliers. G69. Je ne sais pas pourquoi, mais, à cet instant, je pense à ces marins de la Grèce antique qui débarquaient dans le port du Pirée où les attendaient les pallaques qui leur étaient réservées. Mais non, le G69 n’est pas une place garnie…

Il est 20 heures 21 quand je pose le pied sur le catway, amarres en main. Je peux enfin couper les moteurs et prendre le temps d’ajuster l’amarrage. Je confirme, pas de pallaque. La seule rencontre est celle d’un vieux-beau debout sur le voilier d’à côté, qui me tient la jambe en m’expliquant qu’il a beaucoup fait de moteur dans sa jeunesse, notamment pour plonger en Mer Rouge, et que depuis qu’il est à la retraite, il passe son temps sur son voilier. Moi, j’ai faim. Il est déjà tard, et je n’ai qu’une envie, c’est de passer du G69 au Bara'Gwin. Alors ces histoires de vieux…

Le Bara'Gwin n’a rien à voir non plus avec les pallaques de l’île de Lesbos. C’est un établissement recommandé par le seul chef trois étoiles de la région. Le bara gwin, comme nous l’avait rappelé Jean-Luc, ce sont les mots fondamentaux de la langue bretonne, le « panem et circenses » breton en quelque sorte. On ne s’étonnera pas que le vin remplaçe le cirque, les Bretons ayant eu une fâcheuse tendance à jeter les cailloux dans l’eau plutôt que de les tailler pour construire des Colisées. Je ne serais pas tout à fait complet si je ne faisais pas le lien avec le verbe bien français ‘baragouiner’. Il signifiait à l’origine autour de Montparnasse ‘tiens, y a un Breton qui veut dîner’  et qui , de glissement sémantique en glissement sémantique, à fini par vouloir dire ce qu’il veut dire aujourd’hui. On peut raisonnablement en conclure qu’à l’époque le vin était bien meilleur marché que le pain.

Allez, donc c’est parti pour du pain et du vin : me voilà remontant le ponton de cette marina toute neuve. Le port sort en effet d’une période de travaux qui l’a doté d’un nouveau bassin, de sanitaires tout neufs, d’une capitainerie qui tient plus de l’office de tourisme et d’une zone d’activité nautique qui n’a pas encore fait le plein : elle est dotée d’un potentiel évident.

Je trouve le Bara’Gwin assez facilement, aidé en cela par un GPS qui m’indique les bâtiments là où ils sont et seulement là où ils sont. Ça change la vie ! Je m’installe en terrasse, devant le bassin d’honneur où est amarrée une vieille goélette, une voile cachoutée mal ferlée sur le beaupré.

Je commande non pas du vin mais une bière bien fraîche, et profite de l’instant pour apprécier ces 5 heures de navigation. 70 nautiques en tout, 135 litres consommés, (ce qui fait donc une quinzaine de litres pour ces deux heures passées sur l’Odet). L’Odet ! oui… l’anse de Cado (encore merci Pierre !), les demoiselles, les dauphins, ce poisson-lune, la Teignouse. Et cette mer d’huile du début jusque la fin, ce soleil et ce vent léger. Oh cette douce solitude au milieu de tout ce vert d’abord, et de tout ce bleu ensuite... Une journée magnifique, hors du temps, dont j’ai gardé chaque instant en moi. Une journée magnifique qui, pourtant, avait mal débuté, souvenez-vous, lorsque je trempais ma déception dans le noir d’un café à l’hôtel des Grands voyageurs face aux remparts de Concarneau. Alors, oui, quelle journée je viens de vivre !

Je bois donc une gorgée à la santé de Poséïdon et à ses Néréides, j’en bois une seconde à celle d’Éole, une, bien sûr, pour les dauphins et particulièrement pour Kalanguinho… qui sait ce qu’il est devenu depuis ? Une pour Pierre qui m’a offert ce Cado, une à ce poisson-lune. Ouh là ! Il me faut déjà commander un second demi… C’est que j’ai pas encore bu, moi !

Sur ma tablette, je contemple enfin cette ligne droite dessinée à main levée sur l’océan... L’œuvre est à la hauteur de la journée, parfaite dans ses imperfections. On distingue sans ambiguïté le lieu des rencontres avec les dauphins. Mais la tablette, implacable, confirme également que j’ai tourné un poil trop tôt – 0,3 nautique.


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Photo 126 - Cap sur l’étrave !


Au Bara’Gwin, le service est agréable et la carte sympathique. On m’apporte les couverts, le deuxième demi. Je bois donc une gorgée de remerciement à la santé de Jean-Luc. Le tataki de thon arrive. Allez Jean-Luc, tu auras le droit à une seconde gorgée, le tataki est à tomber !


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Photo 127 - Le programme de navigation de la soirée


Progressivement, le ciel prend cette couleur à mi-chemin entre le bleu et l’orange. La nuit tombe doucement sur mes pensées qui vagabondent encore entre Bénodet et Quiberon… Un petit sabayon de fruits délicieux, puis un café, et le soleil est passé sous l’horizon. À l’est, il illumine encore le ciel désormais d’un bleu profond. La lune est déjà haute, toute ronde. Elle brille sur la mer qui remonte. À l’ouest, les lumières du port commencent à briller plus fort que celle du ciel qui sombre dans l’orange. Les mâts des voiliers se détachent comme autant d’ombres, paisibles barreaux d’une cage dans laquelle j’aimerais garder cette magnifique journée.  Il est temps de rentrer.


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Photo 128– Port Haliguen, un poisson-lune se reflète dans le ciel



Douche, rideau, dodo. Je laisse le hublot de pont grand ouvert au-dessus du lit pour rêver plus grand. Allongé sur ma couchette, les souvenirs se pressent. Comme un enfant, je ne veux pas qu’aujourd’hui s’achève et pourtant je finis par m’endormir. Heureux.

Sous le pont de Cornouaille
Coule l’Odet
Et mon bonheur.
Faut-il que je m’en souvienne
Le soleil soufflait toujours après la tempête.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: ski wake le 16 Décembre 2023 02:43:27

Je me fais doubler par un White Shark. Je suis un peu surpris de constater que ces bateaux naviguent :
j’avais compris qu’ils avaient un problème grave de réservoir les en empêchant.
Comme quoi il faut toujours se méfier de ce qu’on lit sur les forums, même sur le meilleur d’entre eux.


Eric, c'est pourtant simple ....

il y a deux types de propriétaires de White Shark :

1 - ceux qui n'ont pas ENCORE changé leur réservoir ...

et ,

2 - ceux qui ont DEJA changé leur réservoir ...  :P


En ce qui me concerne, je fais partie de la  .. 3eme catégorie .... Ceux qui SONT EN TRAIN de changer de réservoir   :P :D :D :D :D




Eric, blague à Part ,  ;) ...

Merci pour ce récit toujours aussi plaisant à lire   :P


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Sharky le 17 Décembre 2023 15:58:54
Merci Eric (bien noté pour le tataki  ;))


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Jean luc 24 le 17 Décembre 2023 18:15:28
Superbe Éric comme d'habitude j’aime bien la dernière photo  :)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: jibe le 18 Décembre 2023 12:48:39
J'ai bien fait d'attendre d'être sur un Pc pour lire ce superbe récit. Comme d'habitude quoi... Merci Eric  ;)


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: MERRY FISHER 755 le 18 Décembre 2023 13:14:18
Bonjour Eric,
Quel récit magique, il se prête bien à cette Bretagne de légendes.  :) :)

Quand au chrono, je ne peux m'empêcher de penser au film "à la poursuite d'octobre rouge".
Le commandant du sous marin Américain avait été plus précis que toi quand il a fallu négocier le passage des chevaux de Thor.   ;D ;D ;D ;D
Bon c'est vrai pas de dauphins pour se laisser distraire.   :D :D

Plus sérieux, bravo pour ces précisons de navigation.
On ne pense pas assez au chrono (réflexe de pilote d'avion, je suppose) car les distances défilent beaucoup plus rapidement  :) :) :)



Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Cap56Sud le 18 Décembre 2023 13:42:56
Beau récit et belles images de la navigation dans un coin que je connais bien, ce qui m'a facilité les choses pour le hauturier  ;).
Mais pour quelqu'un qui a navigué à Bréhat, la Chaussée de la Teignouse est une aimable plaisanterie quand je me rappelle le champ de mines qu'est la sortie de la baie de Paimpol vers Bréhat. Et avec des courants un peu plus forts...
(https://img.pccreation.net/photos/202312181131497197.JPG)
Cela me rappelle une anecdote d'un retour de sortie de pêche avec un copain en baie de Paimpol. Sur la câle un plaisancier de la Sarthe, si j'en crois l'immatriculation de sa voiture, me demande "Comment aller à Bréhat ?" avant de mettre son pneumatique à l'eau. Il était avec sa petite famille et tout le monde en short alors qu'avec le copain on rentrait en cirés ! <???>
Je lui ai expliqué la route à suivre et les dangers à éviter mais j'étais un peu inquiet  :-\.


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: California le 20 Décembre 2023 09:46:48
Heureux qui comme Eric à fait un beau voyage ;)


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: RIK-HA-RIK le 20 Décembre 2023 10:48:29
Comme d’habitude la plume est dotée d’un pinceau, et on voit tout autant qu’on lit, avec gourmandise, et, déjà impatient de découvrir la suite.
Et si j’aime tout j’avoue adorer cet épilogue



Épisode 12 – Bara'Gwin – G69
…..

(https://img.pccreation.net/photos/20231215230743483.JPG)
 
Photo 128Port Haliguen, un poisson-lune se reflète dans le ciel



……..


…..





 Comme un enfant, je ne veux pas qu’aujourd’hui s’achève et pourtant je finis par m’endormir. Heureux.



Vienne la nuit, sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure






Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: white hunter le 20 Décembre 2023 13:06:27
Heureux qui comme Eric à fait un beau voyage ;)

Le faire, oui ... Mais l'écrire comme ça est grand.
Et le poisson lune qui se reflète dans le ciel, je n'oublie pas.


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 21 Décembre 2023 01:46:04
Merci pour vos commentaires sympathiques...


Vienne la nuit, sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure



Oui Joël, un certain Guillaume me plagierait, que veux-tu !

J'ai bien fait d'attendre d'être sur un Pc pour lire ce superbe récit. Comme d'habitude quoi... Merci Eric  ;)

Tu as surtout bien fait d'attendre lundi pour lire. Pas sûr que dimanche, la lecture d'une navigation à destination d'un havre breton sur une mer paisible t'eût fait oublier l'amère défaite du week-end ;) ;) ;)

Le faire, oui ... Mais l'écrire comme ça est grand.
Et le poisson lune qui se reflète dans le ciel, je n'oublie pas.

Vous aurez remarqué que ça va plus vite à faire qu'à écrire... et il me reste une journée et trois étapes :'( :-\


Beau récit et belles images de la navigation dans un coin que je connais bien, ce qui m'a facilité les choses pour le hauturier  ;).
Mais pour quelqu'un qui a navigué à Bréhat, la Chaussée de la Teignouse est une aimable plaisanterie quand je me rappelle le champ de mines qu'est la sortie de la baie de Paimpol vers Bréhat. Et avec des courants un peu plus forts...


Qui a volé les cailloux (j'ai ma petite idée  :)) ? J'ai vraiment été surpris par leur absence, même si tu as raison de relativiser, c'est pas un champ de mines. En plus, il faisait beau, il n'y avait pas de courant, la visibilité était parfaite, et il faisait jour. Le passage est large est superbement balisé. De nuit, avec une mauvaise visibilité et des vagues, faire le tour d'Hoëdic n'est sans doute pas une mauvaise option.


Quel récit magique, il se prête bien à cette Bretagne de légendes.  :) :)

Sur l'eau, sur la terre ferme, c'est si joli. En plus il faisait un temps magnifique !

On ne pense pas assez au chrono (réflexe de pilote d'avion, je suppose) car les distances défilent beaucoup plus rapidement  :) :) :)


Effectivement, à 180 nœuds, c'est pas que ça dure moins longtemps, c'est qu'on va plus loin ! et si on se trompe, on se trompe plus. Après, une fois perdu, il suffit de descendre suffisamment bas pour lire les panneaux routiers :D ce qui est impossible en bateau.

A une époque je m'entraînais aux épreuves de rallye, qui consistent à retrouver les lieux de photos sur un parcours. J'étais nul pour les photos qui étaient toujours floues, mal cadrées, avec une lumière pourrie (comment ça je suis de mauvaise foi). Par contre pour la navigation, j'étais pas mauvais. Les segments faisaient en gros 5 minutes, les temps de passage se faisaient à la seconde près : mon coéquipier pouvait se permettre de louper une ou deux photos :D. Après, y a pas de secret, une carte Michelin, un trait toutes les 30 secondes sur la route, et un toutes les 10 secondes avant le point tournant. Un maintien de la vitesse sol (je m'étais fait des abaques pour les corrections); et la tenue de cap, le plus court chemin entre deux points restant à peu près la ligne droite.

Je relisais il y a quelques jours un post créé suite à une polémique née sur ton post sur le hauturier, notamment l'utilité du journal de bord. Du coup, j'ai repris mon journal. En calculant la vitesse moyenne entre le début de la ligne droite et les Birvideaux, en tenant compte des 3 arrêts de 3 minutes, j'ai recalculé l'heure du point tournant sur la Teignouse. J'aurais ajouté la petite minute qui m'a manqué. Comme quoi...


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: lefailhal le 21 Décembre 2023 17:45:49
Quel récit, merci !


Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 23 Décembre 2023 19:40:50
Quel récit, merci !

Merci :D


Titre: Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Pier Ildut le 24 Décembre 2023 13:42:30
Merci Eric pour ce nouvel épisode que comme les copains, j'ai savouré.
Connaissant un peu ce secteur, j'ai pu m'y transporter le temps du récit.


Et alors celle-là .....

(https://img.pccreation.net/photos/20231215230743483.JPG)
 Photo 128– Port Haliguen, un poisson-lune se reflète dans le ciel


La toile est magnifique.... ou plutôt la légende ... ou plutôt l'ensemble.
C'est la démonstration que l'on peut être un amateur de sciences (*) avec toute la rigueur qu'elles imposent tout en conservant une âme de poète : tu es démasqué ;D



En escale à Port Haliguen à la mi-septembre, nous voulions tenter le Bara Ha Gwin.
Malheureusement totalement booké (festival musique) mais ce n'est que partie remise.


* Soyons honnêtes, on n'arrive pas toujours à te suivre dans tes développements technico-physiquo-chimico-scientifiques :'(.  On le fait parfois à la confiance...  :) :P






Titre: Re : Re : Vers l’infini et au-delà !
Posté par: Kalango le 26 Décembre 2023 01:56:01
Merci Eric pour ce nouvel épisode que comme les copains, j'ai savouré.
Connaissant un peu ce secteur, j'ai pu m'y transporter le temps du récit.


Et alors celle-là .....

(https://img.pccreation.net/photos/20231215230743483.JPG)
 Photo 128– Port Haliguen, un poisson-lune se reflète dans le ciel


La toile est magnifique.... ou plutôt la légende ... ou plutôt l'ensemble.
C'est la démonstration que l'on peut être un amateur de sciences (*) avec toute la rigueur qu'elles imposent tout en conservant une âme de poète : tu es démasqué ;D



En escale à Port Haliguen à la mi-septembre, nous voulions tenter le Bara Ha Gwin.
Malheureusement totalement booké (festival musique) mais ce n'est que partie remise.


* Soyons honnêtes, on n'arrive pas toujours à te suivre dans tes développements technico-physiquo-chimico-scientifiques :'(.  On le fait parfois à la confiance...  :) :P



Au pied du sapin, c'est encore un joli cado : merci :)