Épisode 10 - Un jour au paradis : le jardin d’EdenÀ Claude, qui doit sûrement s’y prélasser…Il est donc 15 heures 10 quand j’appareille enfin pour cette croisière sur l’Odet.
On dit souvent que les petits ruisseaux font les grandes rivières. Ils font aussi parfois les petites rivières. L’Odet, c’est en effet une multitude de petits ruisseaux qui descendent des Montagnes noires et qui se jettent dans de plus gros ruisseaux et qui, rassemblés à leur tour au niveau de Quimper, forment la petite rivière de l’Odet.
À partir de Quimper, la petite rivière change de statut. Son lit s’élargit très sensiblement et forme ce qu’on appelle la baie de Kerogan. En pénétrant dans son estuaire, la rivière devient fleuve, au même titre que le Danube, l’Amazone et le Nil. Pour ceux qui voudraient l’explorer sans permis fluvial, qu’ils se rassurent, l’Odet est maritime jusque Quimper (on prendra soin de naviguer à marée haute en amont de la baie de Kerogan). Peu après Quimper, le lit se resserre à nouveau, et la rivière s’entortille dans quelques virages serrés avant de dérouler jusque Bénodet où elle rejoint la mer océane.
Au final, c’est une rivière d’une quarantaine de kilomètres qui coule sur un sol granitique, traversant forêts et tourbières où vivent encore fées et enchanteurs. On y trouvera des korrigans, des druides aussi sans doute. Il ne faudra donc pas s’étonner : c’est une rivière magique et très certainement surnaturelle.
Alors assez de mots. C’est parti pour une navigation à 5 nœuds, 8 dans les zones de vitesse, pas davantage : il est interdit de déranger les anges qui se reposent.
Photo 80 - Sous le pont de Cornouaille coule l’Odet…On ne peut pas manquer le pont de Cornouaille qui enjambe la rivière dès la sortie du port. Il a fière allure, ce pont qui vient tout juste de fêter ses cinquante ans : 600 mètres de long, une portée de 200 mètres perchée trente mètres au-dessus de la rivière. Avec ses deux piles qui s’élancent vers le ciel et la discrète courbe que dessine avec grâce son tablier, il me rappelle les torii japonais, ces portiques à l’entrée des temples qui séparent le profane et le sacré.
Photo 81 - Une maison au bord de l'eau, un mouillage, un bateau, what else ?Ça y est, je viens d’entrer dans le sanctuaire. Sur ma gauche, la rivière s’ouvre sur l’anse de Combrit. Plus loin, apparaît un premier château. Une façade qui doit son charme à une tour centrale en demi-œuvre, et magnifiquement mise en valeur par cette grande pelouse qui descend en pente douce jusqu’à la berge. En contre-bas, un mur, et un portail qui donne sur l’eau comme une invitation à entrer. D'ailleurs un chapiteau blanc est dressé pour la fête. Alors, que Meaulnes ne cherche plus son domaine mystérieux, il est ici.
Photo 82 - Le manoir de Kerousien, comme une invitation à la fêtePuis la rivière se resserre. Sur la rive droite, un rideau d’arbres peine à masquer des champs moissonnés que l’odeur chaude de la paille a déjà trahis. Puis les berges se redressent. La pente douce des champs et des pelouses laisse progressivement la place à des coteaux abrupts. Les arbres s’y agrippent, denses. Ils finissent par former de chaque côté des murailles végétales, parfois sombres, souvent lumineuses, qui nous enveloppent progressivement dans un sentiment d'éternité. On pourrait, si on le voulait, toucher le feuillage des arbres qui prennent le frais au bord de la rivière. Mais à quoi bon, leur sève bienveillante nous a déjà pénétrés. Les berges, l'eau, tout est vert, même le temps qui passe doucement si toutefois il passe encore porte le parfum frais de la forêt.
Photo 83 - Le parfum des moissons s'invite.Avant d’être complètement engloutis dans ce temps immobile, on aperçoit une dernière maison sur la gauche. Une maison ? non, pas vraiment : c’est plutôt un magazine d’architecture ouvert à la page «Week-end en pays Bigouden», avec son corps-mort et ses annexes dressées sur la berge…
Photo 84 - Architecture magazine, juillet 2022. Week-end en pays bigoudenPhoto 85 - l’Odet se resserre Un peu plus loin à droite, un ponton, vide. Lui ne paye pas de mine. C’est d’ailleurs une grosse déception, il n’y a aucune maison visible à proximité. Son seul luxe, c'est cette passerelle qui sort de nulle part et dont l’extrémité se perd dans l’obscurité des branches, au point qu’on pourrait imaginer sans mal qu’elle puisse sortir d’un chêne noueux. Et si ce ponton avait un secret ? Si, par exemple, c’était celui d’un druide ? S’il lui avait donné le pouvoir de nous emmener loin, si, par exemple, avec lui nous pouvions traverser l’Atlantique, ou même remonter le temps ? Oui c’est ça ! C’est sûrement le ponton d’un de ces enchanteurs qui vivent dans ces bois. À moins… À moins que ce ne soit celui d’un de ces princes de la mer grâce à qui, gamin, j’ai rêvé de lointain et de beaux voiliers. Je passe doucement, encharmé… Prince ou enchanteur, quelle différence ? Merci, merci pour tout, Monsieur.
Photo 86 - Le ponton privé d’Éric Tabarly. Sa maison se trouve juste au-dessus sur la colline. Kalango glisse doucement. Autour de nous, l’horizon s’est complètement refermé, emportant la rivière avec lui. Les arbres sont partout. L’eau est verte.
Photo 87 - Du vert, du vert, seul le ciel est bleu. Mais il pourrait tout aussi bien être vert.En approchant de ce bout du monde, notre inquiétude grandit puis s’appaise quand elle distingue finalement deux perches sur chacune des rives, une rouge à bâbord, une verte à tribord. Une chose est sûre, on est dans le bon sens ; mais dans le bon sens pour aller où ensuite ? Il faut vraiment arriver au plus près des perches pour voir que c’est sur la droite, après un coude à plus de 120 degrés, qu’apparaît à nouveau l’horizon sur quelques centaines de mètres tout au plus. C’est le début du passage des Vire-court, une succession de trois virages serrés dans un cadre qui devient de plus en plus majestueux, de plus en plus paisible. C'est grandiose. C’est unique !
Photo 88 - La rivière semble s’arrêter dans la forêt.Photo 89 - Peut-être des perches au fond Photo 90 - … on est dans le bon sens Photo 91 à 93 - C’est finalement à droite qu’il fallait tourner, mais l’horizon ne s’est pas débouché pour autant !Kalango glisse doucement. Tout est vert, tout est calme. Il me semble même que le doux feulement des moteurs ait été complètement absorbé par le feuillage des arbres. Au loin, quelques cris d'enfants qui jouent dans l'eau ou qui s’essayent à l'aventure debout sur un paddle ajoutent de la joie au bonheur.
Je croise un couple en canoë. Je réduis franchement. Ce n’est pas qu’à cinq noeuds je génère un sillage cataclysmique, mais qui voudrait ici troubler la tranquillité de ces gens ? Nous allons nous croiser bord à bord à quelques mètres. Ce qui permettra d’échanger un bonjour fraternel entre inconnus. À cette occasion le monsieur me fait remarquer que c’est quand même bien plus facile avec un moteur… Je lui réponds… (non, JC ! je ne lui réponds pas que j’en ai deux) je lui réponds qu’il a raison. Et que ce qui est encore moins difficile, c’est, comme lui, de laisser ramer celle qui est devant. On se croise. J’entends dans mon sillage le début d’une discussion au sein du couple, je me tourne pour mieux entendre, mais le canoë est vite trop loin. Je vois monsieur donner finalement quelques coups de pagaie dans l’eau, je remets un poil de gaz…
La croisière reprend. Entre les arbres et moi, le silence défile doucement.
J’aurais aimé, si Tolstoï ne m’avait devancé, écrire quelque chose d’aussi vrai que ceci : «
Comment ne l’ai-je pas remarqué jusqu’alors ? Et que je suis heureux de l’avoir découvert enfin ! Oui, tout est vanité, tout est mensonge en dehors de ce ciel sans limites. Il n’y a rien, absolument rien d’autre que cela... Peut-être même est-ce un leurre, peut-être même n’y a-t-il rien, à part le silence, le repos.»
Photo 94 - Photographie du silenceIl y a quelques rochers sur les rives. Certains, les plus remarquables, portent une marque blanche. Il paraît que c'est pour faciliter la navigation lorsque la brume envahit les lieux. Difficile de croire que ça puisse exister. Benoît ne nous en a jamais parlé.
Je pourrais continuer à vous parler de ces rochers de l’Odet, certains consacrés par l’histoire, comme celui de la Pucelle ou celui de la Chaise du curé. Ils se font quasiment face, chacun portant sa légende.
Ou encore de ce château.
Mais putain ce calme ! Ce silence, cette quiétude.
Je ne parlerai donc que de la roche de la Pucelle . On raconte cette histoire sans vraiment savoir quand ce drame s'est vraiment passé, ni quels furent réellement ses protagonistes. C'est l'histoire d'un moine un peu lubrique semble-t-il qui croisa une jeune fille qui gardait ses vaches près d'un moulin tout proche du rocher. Elle s'appelait Soizic. Elle était si fraîche et si belle que le moine en oublia ses vœux et entreprit la jeune fille. Comme il n'était ni producteur de cinéma, ni joueur de foot, ni homme politique célèbre, Soizic se refusa au moine, et pour protéger son honneur, elle prit la fuite. Malgré sa robe de bure et vraisemblablement l'embonpoint de son ordre, le moine courut après la demoiselle qui s'arrêta net au bord du rocher qui tombait à pic dans l'Odet. Prise au piège, elle n'avait plus d'endroit où échapper au moine qui, tout essoufflé, arriva et croyant l'affaire presque conclue s'approcha; la jeune Soizic ne savait pas nager, elle préféra pourtant se jeter dans l'Odet plutôt que de connaître le loup. Le moine voulut la poursuivre dans les flots, il sauta, mais sa robe gorgée d'eau l'entraîna rapidement vers le fond. Il ne fut jamais, non, jamais retrouvé. Seule la bible qui l'accompagnait fut découverte un peu plus loin sur une rive, ouverte sur une page de l'évangile de Saint-Matthieu, sur laquelle on pouvait lire : «
l'esprit est fort mais la chair est faible ». De Soizic, on n'entendit plus parler, probablement disparue elle aussi. Depuis, le rocher s'appelle rocher de la Pucelle en sa mémoire.
Photo 95 - Le rocher de la PucelleSur change.org, m’a-t-on dit, une pétition existerait pour rebaptiser ce rocher Rocher du #meetoo ; à la suite de quoi Matthieu aurait publié un erratum à son évangile : «
l'esprit aussi est faible ». Vous n’êtes pas obligé d’y croire !
Les fake news n'étant pas qu'un mal contemporain, vous vous doutez bien qu'il existe d'autres versions de cet événement tragique. Certains racontent qu'au moment de toucher l'eau, une main miraculeuse aurait transporté Soizic sur l'autre rive, laissant par contre le moine disparaître dans les flots. Difficile à croire. D'autres racontent que c'était au contraire la Soizic qui poursuivait le pauvre moine qui resta fidèle à ses vœux, préférant se jeter du haut du rocher. Plus plausible.
Photo 96 - Au château des Loups, Kerambleiz en bretonEncore un château. Hasard ou pas, ce château construit à quelques pas du rocher de la Pucelle s'appelle le château des Loups. L’histoire ne dit pas si Soizic le connut.
L’horizon change subitement au détour du dernier virage. La forêt s’estompe; les parois abruptes s'aplatissent progressivement. Voilà que la baie de Kerogan apparaît au loin devant l'étrave. À nouveau les maisons poussent sur les rives, mais sans toute l’élégance des maisons que nous avons vues. Plus loin, on devine les faubourgs de Quimper. Et loin devant nous, la vedette de l’Odet avec son million de touristes amorce son demi-tour dans la baie.
Comment le paradis peut-il finir ainsi ?
Photo 97 - À nouveau fleurissent des maisons sur les berges, marquant la fin d’un paradisLacs, rivières, mers, canaux… Le forum de manque pas de comptes rendus formidables de navigations ou de mouillages partout où il y a de l’eau. Je vous ai promis de la magie, je vous ai promis du surnaturel, voici l’extraordinaire : alors que le paradis semblait s’évanouir devant moi, Kalango tourne à droite et j’entre dans l’anse de Cadou. En entrant dans cette anse, c’est dans une autre dimension qu’on entre. Car désormais, c’est sur un ruisseau que le voyage se poursuit. Oui, vous avez bien lu, un ruisseau. Oui, un de ceux qui font les petites rivières comme les grandes rivières…
Photo 98 - L’entrée d’un secret bien gardé, l’anse de CadouLacs, rivières, mers, canaux et désormais ruisseau… Un ruisseau ! avez-vous déjà navigué sur un ruisseau ? Le véritable nom de ce cours d’eau est le ruisseau de l’anse de Cadou. L’anse, on le verra, est un peu plus loin.
Un ruisseau, vraiment, c’est un truc de dingue. Aurais-je imaginé naviguer un jour sur un ruisseau, deux fois deux cents chevaux derrière moi ? Tout ça, c’est parti d’un petit message sur la shoutbox : le matin même, Pierre m’a soufflé l’idée (je crois bien que c’est lui, sinon que le coupable se dénonce pour la postérité !) : « à voir absolument, j’y suis resté une nuit au mouillage lors d’un stage de voile ».
L ‘accès n’est pas très large, et je n’en mène pas davantage, à peine trente mètres, pas d’indication de la profondeur, et le courant y est un peu plus joueur qu’ailleurs. Il joue entre des cailloux qui, de chaque côté du ruisseau, en défendent l’entrée. Je sens que Kalango entre dans le jeu, il dandine légèrement en traversant les remous. Puis l’entrée franchie, la rivière se resserre un peu, dissimulant la suite derrière une légère courbe à droite, et toujours ces arbres. Faut-il être assez stupide pour suivre les conseils d’un inconnu ? Mais c’est la magie du forum… Car me voici désormais seul au monde, seul avec le silence, seul au milieu des arbres, et j’avance lentement, un œil sur le sondeur, l’autre chouffant les cailloux qui débordent les berges. Ça tourne sur la droite, le ruisseau s’élargit, l’anse apparaît…
Photo 99 - Qu’y aura-t-il derrière ce virage ?Photo 100 - Déjà la forêt se referme derrière nous.Nous sommes trois seuls au monde. Un catamaran est au mouillage au soleil, un Pacific Craft lève l’ancre dans l’ombre. Le spectacle est inouï, mais je dois d’abord faire attention à ce haut fond qui s’avance à droite avant de me pincer. Mais non, je suis bien sur un bateau, sur un ruisseau, au milieu d’une clairière. Sur la gauche, le vert tendre des hautes herbes s’enfonce dans l’eau; derrière, le ruisseau continue sa course vers sa source, toujours moins large à mesure qu'il s’enfonce dans cette terre de légendes. Moi, déjà en mode contemplatif depuis longtemps, je marque une pause. Moteurs au point mort, l’esprit vagabonde. Je n’ai pas de plan établi; je resterais bien ici, dans cette anse baignée d’ombre et de lumière, bien au chaud dans cette fraîcheur végétale bienvenue. Mais réfléchissant trop, je doute que la seule nourriture céleste suffise à ma condition de mortel, car je me souviens que je n’ai plus de Prince et plus grand chose d’autre à manger non plus. Alors je me résous à faire demi-tour, lentement, contre mon gré : l’appel du pain et du vin est décidément trop fort. Note pour plus tard : toujours garder un Prince pour la soif.
Photo 101 - Le ruisseau s’ouvre sur l’anse de Cadou, dans laquelle relâche un catamaran.Photo 102 - Le ruisseau continue, sans moi.Un petit secret découvert depuis... en poursuivant l'aventure sur le ruisseau d'un petit kilomètre, on arrive, rive droite, sur un ponton qui découvre sur un fond de vase. Là, une de ces pelouses en pente douce vous conduira au château de Penfrat, magnifique domaine du XIXème siècle, aujourd'hui reconverti avec élégance en maison d'hôtes. Il faudra bien sûr naviguer doucement, avec la marée, bien au milieu, gaffe en main, embases relevées, l'œil sur le sondeur bien calibré. Et en récompense de tous ces efforts, une escale merveilleuse, exclusive, inoubliable.
Il est 16 heures 10, déjà une heure d’émerveillement; je repousse doucement la manette des gaz, j’évite les cailloux croisés tout à l’heure. Je navigue à nouveau sur l’Odet.
C’est amusant, tribord est passé à bâbord. En fait, c'est le monde entier qui n’est plus comme avant. Je vis une sorte de bienveillance envers moi-même, c’est même une bienveillance et une paix universelle : ici tout est beau, tout me plaît. Tout est suffisant, rien n’est de trop. Preuve de cette métamorphose du monde : je dépasse le canoë croisé tout à l’heure. Monsieur rame; madame bronze, et répond par un sourire à mon salut de la main…
Seule rupture de cette neutralité avec moi-même, cette cabane en bois qui me fait penser à un de ces lacs canadiens et qui me donne cette envie un peu déplacée d’échanger mes deux hélices contre une seule plus grande et montée devant, ma coque contre deux flotteurs, et de pousser la manette des gaz à fond jusqu'à sentir les flotteurs escalader leur vague d’étrave pour échapper difficilement à l’eau, de tirer alors subtilement le manche pour accélérer tout en restant au plus près hors de l’eau, et de tirer finalement franchement sur le manche pour s'arracher définitivement à la pesanteur et laisser les flotteurs caresser la cime des arbres dans un large virage à gauche dans ce ciel léger.
Photo 103 - Comme un air de ma cabane au CanadaMais Kalango glisse doucement sur l'eau, au milieu des arbres, troublant à peine la quiétude de l'instant, enroulant les virages dans l'autre sens. Il semble désormais chez lui. Le film se rembobine doucement sur lui-même, enfermant entre ses spires tous les secrets qui y seront bien gardés.
Au Japon, on vous rappelle qu’il est essentiel de sortir du temple par le même torii qu’à l’entrée, sous peine d’errer dans l’au-delà à jamais. Faut-il y croire ? Je ne sais pas. Peut-être l’erreur fatale du Hollandais-volant. Alors, je passe finalement entre les mêmes piles qu’à l’aller. Je crois d’ailleurs qu’on n’a pas le choix.
Il est 17 heures 10, je laisse Bénodet à bâbord, Sainte-Marine à tribord. Avant de prendre un cap à l'est pour la suite de l'aventure, je jette un dernier regard sur ce paradis qui m’a accueilli pendant deux heures.
Deux heures, une vie…
Photo 104 - L’océan recommence iciAlors je m'éloigne sur l'océan, sans plus me retourner sur ce qui désormais n’est plus qu’un pont qui traverse une rivière. Qui pourrait deviner qu’il dissimule un autre monde ?